"Mais
que dirai-je d'aucuns, vraiment mieux dignes d'être appelés traditeurs, que
traducteurs ? vu qu'ils trahissent ceux qu'ils entreprennent exposer, les
frustrant de leur gloire, et par même moyen séduisent les lecteurs ignorants..." (Joachim du Bellay, Défense et illustration de la langue françoise, ch VI - 1549)
Traditeur était dit celui et celle qui abandonnaient livres saints et reliques pour éviter la répression, en particulier en Afrique du nord (car Allah...).
"Trader" : faut-il encore traduire ? En latin, "tradere" signifie transmettre, faire passer, et donc on appelle "tradition" ce qu'on fait passer, ce qu'on transmet, ce qu'on livre, et rien de plus, mais ceci nous éloigne beaucoup de la noble profession de "trader".
Dans les années '60 les éditions Marabout ont publié un livre intitulé "Trader Horn" consacré à l'histoire de Alfred Aloysius "trader" Horn (1961-1931), qui reprend l'histoire du film de 1931, tiré du livre éponyme écrit par Horn lui-même; Horn était - horresco referens* - trafiquant d'ivoire (Oh! On pourrait faire un procès à ses descendants, ce serait bien dans l'air du temps) mais il a aussi essayé de libérer des esclaves (Ah!), a rencontré Ceci Rhodes, le fondateur de la Rhodésie (Oh!) et enfin aurait aussi libéré une princesse emprisonnée (comme dirait l'autre, "Je vous avais bien dit qu'il vous arriverait des ennuis").
Horn, c'est le vieux, l'autre c'est son agent littéraire |
L'expression "traduttore, traditore" n'a donc pas son origine en Italie mais en "françois" (vx pour français, mais enfin, 1549 ce n'est pas précisément hier), plus précisément chez Joachim du Bellay. En français une traduction elliptique et assonnante de l'expression est impossible : le français est analytique et non synthétique; "traducteur, traître" sonne lamentablement mais que pensez-vous de "traduire c'est trahir" ? Moins moche, non ?
Et assez juste, du moins quand il s'agit de poésie; pour les romans, il vaut parfois mieux trahir l'auteur pour arriver à le faire passer soit dans une autre culture, soit en d'autres temps.
Si vous voulez en savoir vraiment beaucoup sur l'origine supposée et compliquée de l'expression, jetez un coup d'oeil sur le lien suivant.
http://art-de-la-traduction.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/01/05/traduttore-traditeur-les-mysteres-d-039-une-formule-rabachee.html
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Au cas où vous aimeriez les expressions lapidaires, que pensez-vous de l'expression suivante : "Comediante, tragediante" : de qui est-elle et dans quelles circonstances a-t-elle été prononcée ?
* "horresco referens": "cette seule pensée m'épouvante" (encore une trahison-traduction !)
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