Epiménide de Cnossos ou de Phaestos, en Crête en tout cas.
Photo ?
Pas vraiment souriant, n'est-ce pas ? Si on ajoutait "creten" à mon nom, je n'apprécierais pas l'épithète non plus.
Philosophe et chaman (drôle de mélange, du moins chez nous); aurait vécu vers 556 ou 595 avant notre ère, ce qui fait longtemps tout de même. Berger issu d'une famille de bergers, il va chercher une brebis égarée et comme il est rompu de fatigue, il tombe endormi dans une grotte pendant 57 ans (vous avez bien lu : cinquante sept), après quoi il se réveille doté du don de divination car c'était une grotte à mystères.
Deux choses m'ont intéressé à son propos :
Son paradoxe
On lui attribue un paradoxe célèbre: quand quelqu'un dit, je mens, si c'est vrai, c'est faux et si c'est faux, c'est vrai. Dur dur hein ?
En grec ça donne "κρετες αει ψευσται" (les Crétois - dont Epiménide - mentent toujours).
Et en outre il a fait bien des merveilles bien moins intéressantes.
Il meurt à cent cinquante-sept ans (forcément, quand on dort 57 ans, il était en forme pour la suite).
Euboulide de Milet (c'est dans les parages) s'est cassé la tête sur cette proposition.
Philatos de Cos s'est esquinté à essayer de trouver la faille du raisonnement et en est mort par manque de sommeil ; je me demande comment il y est arrivé.
Le paradoxe a traversé les siècles jusqu'à Bertrand Russell qui a enfin débrouillé l'écheveau du raisonnement, 2500 ans après Epiménide. Je vous laisse le débrouiller à sa suite, c'est dans les "Principia mathematica" écrit avec Whitehead (ch. 2 par. 8 La philosophie de l'atomisme logique); bonne chance !
Il y a moins compliqué quand même.
Bertrand Russell tel qu'en lui-même le photogramme le change
Enfin même Paul de Tarse a cité Epiménide dans son épitre à Tite, ch 1, v 12 (je n'ai pas de photo de Paul de Tarse) : "Un de leurs compatriotes, un prophète à eux, a dit: " Crétois toujours menteurs, méchantes bêtes, ventres paresseux. "
Sa petite histoire a une longue postérité; elle est raconté par Diogène Laërce dans les termes suivants :
"Épiménide, un jour que son père l'avait envoyé aux champs pour rechercher une brebis, s'endormit dans une grotte, et y resta en sommeil durant cinquante-sept années. Et, s'étant réveillé après ce temps, il se remit à la recherche de la brebis, croyant avoir dormi juste un peu. Une fois qu'il fut rentré dans sa maison, il y trouva des gens qui lui demandèrent qui il était, jusqu'à ce qu'il eut retrouvé son frère cadet, devenu entre-temps un vieillard, dont il apprit toute la vérité. Une fois reconnu, se répandit chez les Grecs l'opinion qu'il était très cher aux dieux."
Cette histoire me fait bien plaisir car depuis l'enfance je recherchais l'origine de ce genre d'histoire.
La première est celle d'un jeune moine qui après avoir discuté de l'éternité et du temps avec un aîné, va faire une petite promenade dans le parc attenant à l'abbaye; à son retour, il ne reconnaît rien ni personne. Ses questions rappellent aux plus âgés des moines, l'histoire qu'un vieux moine leur avait racontée dans leur jeune âge où il était question d'un jeune moine qui, après avoir plusieurs centaines d'années auparavant discuté avec un aîné du temps et de l'éternité, était allé se promener dans le parc attenant à l 'abbaye...
La seconde est celle d'Urashima Tarô que vous résument les trois images suivantes, et la troisième celle de Rip Van Winckle de qui on raconte une histoire comparable. Vous en avez certainement entendu d'autres.
Deux choses donc:
- le paradoxe d'Epiménide ("Epiménide dit : tous les crétois sont menteurs, or Epiménide est crétois...").
- le temps et l'éternité.
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