samedi 31 mai 2014

Dame bêtise

"La bêtise est une ennemie du bien plus dangereuse que la méchanceté. On peut protester contre le mal, le mettre à nu, l'empêcher par la force. Nous sommes impuissants contre la bêtise. Je pense que nous devrions tous nous préparer par une discipline du corps et de l'esprit pour le jour où nous seront mis à l'épreuve. Nous devons recommencer à comprendre."


Dietrich Bonhoeffer (la citation est de lui) rejoint ainsi Erasme et Flaubert avant lui, et  Jerphagnon qui le suit, et tant d'autres... à une petite différence près : les nazis l'ont pendu à 39 ans dans le camp de Flossenburg, en 1945 pour avoir trempé dans le projet d'attentat contre Hitler, tandis que les autres ont fait rire ou ont dit leur agacement.
Ce qui donne un tout autre poids à sa parole. Il est vrai qu'il écrivait en des temps fort troublés.

esgourdes et portugaises (je vous laisse chercher dans le dico)

Ecouter !



La différence entre un humain et un chien, c'est que le dernier remue beaucoup la queue et le premier beaucoup sa langue ; c'est d'ailleurs la raison pour laquelle un chien se fait peu d'ennemis.

basileus, ex cathedra, cape & Co

βασιλευς - basileus = roi => adjectif féminin: basilica = royale : ellipse de "salle royale".
Le mot a trois significations:
  1. Dans l'Antiquité c'était un bâtiment couvert, de forme rectangulaire, que les romains utilisaient pour diverses fonctions allant de la banque au commerce en passant par la justice et la promenade.
  2. Chez les chrétiens, héritiers de l'empire romain, le même genre de bâtiment a servi de lieu de culte.
  3. Actuellement on appelle basilique certains lieux de culte qui ont reçu du pape le droit de porter ce nom en raison de circonstances particulières (pélerinage, miracle, relique) ou à titre honorifique.

Cathèdre : mot formé de kata + êdre
  • κατα kata (qui désigne un mouvement vers le bas).
    • ex: catastrophe.
  • εδρα, hedra qui signifie siège, base et par extension face d'un solide
    • ex: polyèdre
Une cathèdre est un siège à dossier , réservé à l'évêque ou l'abbé (le supérieur d'une abbaye) dans son lieu d'autorité ; un abbé n'a le droit de s'asseoir que sur la cathèdre de son abbaye.
C'est aussi un siège massif de style gothique. Par la suite il a désigné le siège d'un enseignant de haut niveau.

D'où l'expression : [proclamation ou enseignement "ex cathedra"]
* d'un emploi rarissime dans son sens originel ("proclamation solennelle par le pape en sa qualité de vicaire infaillible du Christ") A ma connaissance ce n'est arrivé qu'une seule fois.
* employée ad nauseam pour qualifier un enseignement donné à sens unique (de l'enseignant-e vers les enseigné-e-s) et donc ennuyeux, et aussi un enseignement mal qualifié de "dogmatique", lorsqu'on veut dire péremptoire et sans réplique, autrement dit : sans la moindre participation des auditeurs.



Capa signifie cape, tunique, chape. Celle de Saint-Martin de Tours était conservée (elle l'est peut-être encore) dans la chapelle palatine (= du palais) de Aachen, appelée en français Aix qui pour cette raison a vu le mot "chapelle" adjoint à son nom; d'où Aix-la-Chapelle. Sur ce modèle ou cette idée, ont été bâtie nombre de chapelles (sans Aix) pour les édifices qui n'ont pas les droits paroissiaux. Car - on l'ignore presque toujours - Aix-la-Chapelle était la capitale impériale de Charlemagne.

Au fait pourquoi cette cape était-elle si importante ?
D'après la légende (pour rappel: legenda signifie "ce qui doit être raconté"), par une glaciale soirée d'hiver*, St Martin de Tours a partagé sa cape de soldat en deux avec un pauvre qu'il a trouvé grelottant sur son chemin car un soldat était censé payer la moitié du prix de son équipement et donc de sa cape, l'autre étant fournie par l'employeur ; c'est pourquoi il n'a donné que la moitié qu'il possédait. Quelle belle histoire édifiante !
En principe il ne devrait donc y avoir qu'une demi cape à Aix-la-Chapelle. A vérifier.

Quand on connaît l'importance des reliques à l'époque, et celle de St Martin dans toute l'Europe de l'époque (et jusqu'à Buenos Aires dont il est le patron aujourd'hui encore), on comprend que l'endroit où était conservé cette relique était capital pour la ville et pour l'empereur. 

Allez, une dernière pour la route



* on faisait déjà "people" dans les légendes.

vendredi 30 mai 2014

Culte

Sur une question de Thomas à propos de la dénomination de St Michel (et Gudule)



Voilà la hiérarchie des édifices du culte:

Cathédrale : c'est l'église principale d'un diocèse où se trouve le siège de l'évêque du lieu, symbole de son autorité et de sa mission apostolique. 


Basilique : la basilique est un titre conféré par le pape à certains édifices religieux. La basilique est un des rares édifices religieux qui se distingue par son architecture et non par son ordre canonique.

Église :l'église est un terme générique pour un édifice consacré au culte de la religion chrétienne. Elle peut être abbatiale, collégiale, conventuelle, paroissiale, avec un presbytère et un cimetière.

  • Succursale (c'est le cas de Zavelenborre) : seconde église créée, sur la même paroisse, afin de suppléer à l'insuffisance de l'église paroissiale. L'attribution de ce statut débouchait généralement sur l'érection nouvelle paroisse.
  • Collégiale : église qui, sans être le siège de l'autorité épiscopale, possède cependant un chapitre de chanoines (collège de clercs). Ce qu'on appelle un chapitre est aussi appelé collège. Ceux qui ont le droit d'y prendre la parole ont "voix au chapitre".
  • Paroissiale (la plus commune) : église principale d'une paroisse, elle est desservie par le curé d'une communauté.
  • Abbatiale: église principale d'une abbaye, elle est desservie par l'abbé d'une communauté.
  • Priorale (inconnue au régiment, ndlr) : église principale d'un prieuré, elle est desservie par le prieur d'une communauté.

Chapelle

La chapelle, plus petite, est une église n'ayant pas le rang de paroisse.
Elle est :
  • castrale si elle appartient à un château (castrum = château).
  • nosocomiale si elle appartient à un hôpital (et oui ! il n'y a pas que les infections).
  • commémorative si elle célèbre la particularité d'un lieu.
Ce terme, à l'intérieur de l'église, désigne également des chapelles absidiales possédant un autel.

(c'est la partie en demi-cercle qui termine la nef)

On peut encore ajouter l'oratoire, qui est un simple lieu de prière privé, non consacré.

Bref, pour faire simple: St Michel est à la fois cathédrale et collégiale, encore que je me demande s'il existe encore un collège de quoi que ce soit.

Vote obligatoire

C'est vieux mais c'est toujours pas con ! et puis vous n'êtes pas obligés de lire, ni d'être d'accord.

Abstention, piège à cons

Pour le vote obligatoire

Publié le 21 mars 2010 à 18:52 dans Politique
Beaucoup ont voté avec leurs pieds.
L’abstention, si élevée encore pour ce second tour des Régionales, m’inspire, pour être clair, un très profond mépris. A peu près aussi fort que le mépris dont font preuve les abstentionnistes à l’égard de la démocratie. Soyons bien clair, je ne parle pas ici du vote blanc. Nous avons nous même voté blanc, au second tour des présidentielles de 2002 et nous nous rappelons quand même avec une certaine volupté méchante ce papa bobo paniqué avec son bébé sur le ventre qui hurlait au scandale parce qu’il ne pouvait pas voter “contre le fascisme-et-l’exclusion”. Il avait juste, depuis huit ou dix ans qu’il habitait dans le quartier, négligé de s’inscrire sur les listes électorales, devant se croire tellement supérieur avec son tofu, son bouddhisme et son vélo, à tous ces beaufs endimanchés qui allaient se rendre aux urnes le dimanche matin avant ou après le PMU.
Le vote blanc suppose en effet, une démarche civique, celle de s’être inscrit sur les listes électorales, d’abord, et ensuite de bouger ses petites fesses et de se rendre dans le bureau dont on dépend. On rappellera donc aux Français inconséquents de ces jours ci à quoi ressemble un bureau de vote.
Dans un bureau de vote des bénévoles, par pur civisme, vont assurer une permanence ennuyeuse entre 7 heures du matin et 23 heures. Ils vont fastidieusement expliquer qu’il faut prendre un bulletin de chaque liste, se rendre dans l’isoloir, jeter les bulletins non utilisés dans la corbeille, éviter de mettre sa carte d’électeur dans l’urne à la place de la petite enveloppe bleue et surtout ne pas oublier de signer la liste d’émargement. Ils vont aussi demander à une personne sur trois si elle serait libre pour le dépouillement et neuf fois sur dix essuyer un refus.
Il faut aussi que ces gens-là, ceux qui ont perdu l’habitude par paresse intellectuelle et torpeur républicaine de se rendre dans un bureau de votre sachent qu’en France, contrairement à l’Irak, l’Afghanistan et d’autres joyeux pays, on ne prend que très rarement une balle dans le ventre ou un coup de machette dans le crâne quand on en ressort. Parce que, pour l’instant, nous sommes encore dans une démocratie relativement apaisée, et que ce n’est pas grâce à eux qui se croient tellement plus malins en restant à regarder la télé chez eux.
L’image poétique de l’abstentionniste allant à la pêche est en effet une fable médiatique : l’abstentionniste ne va pas à la pêche puisqu’il est essentiellement urbain. Non l’abstentionniste joue à des jeux électroniques, traine sa flemme sur facebook et télécharge illégalement des films et de la musique. Et le lendemain, il ira répondre tout fier au micro trottoir de TF1 ou du Parisien que ouais, en fait, c’est un acte réfléchi, son abstention, qu’elle a une signification profonde, que la politique, tout ça, c’est tous des voleurs qui ne comprennent rien aux vrais problèmes des gens. En fait, ils vont dire ce qu’on attende qu’ils disent : ils non-pensent ou on leur dit de non-penser comme les zyva dans les cités parlent comme ils ont entendu que lez zyva parlaient à la télé. Dans le genre aliénation, l’abstentionniste ne vaut guère mieux qu’un gamin acculturé d’une cité passée au double karcher de la misère social et du pédagogisme.
On pourrait d’ailleurs lui répondre, à l’abstentionniste, que rien ne l’empêche de la changer la politique, qu’on a tous le droit d’adhérer à un parti, voire de créer le sien et de militer, et qu’en ce domaine comme dans tant d’autres, la critique est aisée mais l’art est difficile.
L’abstentionnisme, finalement, que ce soit celui de l’auto exclusion des cités ou celui des classes moyennes au consumérisme frustré et frustrant, est bien le poujadisme gris de notre époque post moderne.
On croit toujours que l’on a affaire à des Grecs anciens, non, on a affaire à des veaux, comme le disait de Gaulle. Finalement, la loi électorale, aujourd’hui, fait la même erreur que le système éducatif depuis Jospin. Elle met l’électeur au centre du système comme l’autre y met l’élève. Eh bien non, l’électeur n’est pas le centre du système, le centre du système c’est la république, notre république.
Et de même qu’un enfant de ces temps qui sont les nôtres ne va pas construire son savoir tout seul, qu’il va lui falloir des contraintes fortes pour le forcer à rester assis plusieurs heures d’affilée pour apprendre à lire, à compter et à écrire, l’adulte infantilisé de nos démocraties de marché qui n’est plus usager mais client, qui n’est plus citoyen mais consommateur, qui a l’amnésie galopante des pantins du présent perpétuel de l’ère publicitaire, il faut le forcer à voter. Comme dans Le Contrat Social de Rousseau où il est question de cette phrase qui finalement ne m’a jamais scandalisé : “On le forcera à être libre.”
Vous pouvez hurler, c’est le prix de la démocratie comme l’école laïque et obligatoire fut le prix de l’émancipation et de l’alphabétisation de toute une population. Et puis, dans le genre atteinte à la liberté individuelle, j’ai comme l’impression que le vote obligatoire dans un pays où l’on fiche, où l’on télésurveille, où l’on radarise les axes routiers, où l’on ne peut plus fumer dans les lieux publics, ça reste tout de même assez léger. D’autant plus que si l’on voulait revenir sur les précédentes obligations et reconquérir ces libertés perdues, jusqu’à preuve du contraire, le meilleur moyen, c’est encore le vote. A moins que vous ne préfériez la guerre civile.
Le vote obligatoire, c’est très bien, la preuve, c’est ce qui a sauvé la Belgique jusqu’à présent. Sans le vote obligatoire et la légitimité qui en découle pour les partis au pouvoir, la Belgique aurait explosé depuis longtemps. Cet art du compromis, cette technique de l’arrangement dans un pays toujours au bord de la scission demeure possible parce que les électeurs, bon gré mal gré sont impliqués. Quand vous ne votez pas en Belgique, c’est une amende, c’est aussi l’interdiction d’exercer certaines professions ou de vous présenter à des concours administratifs. C’est d’une grande sagesse : un prof qui ne vote pas ne mérite pas d’être prof. Je ne vois pas ce qu’il pourrait transmettre s’il ne transmet pas pour commencer un civisme élémentaire. Les territoires perdus de la République, selon l’expression consacrée pour désigner certains quartiers, le sont aussi parce qu’on n’y vote plus du tout. On ne les force plus à rien à vrai dire, ni à apprendre, ni à faire un service militaire, ni même à voter.
Le vote obligatoire, c’est l’ultime chance de les ramener dans le jeu, de leur montrer qu’ils peuvent changer la donne autrement que dans l’émeute et la révolte où ils perdent toujours à la fin et de leur faire comprendre que c’est sans doute ce que certains, par ailleurs redoutent le plus : qu’ils votent et que les choses changent radicalement mais sans violence.
Ce que nous appelons, votre serviteur et quelques autres, la révolution par les urnes.

http://www.causeur.fr/abstention-piege-a-cons-6005.html

une victoire à la Pyrrhus

à propos d'une question de Cécile, soulevée par l'article de La Croix sur la Belgique après le 25 mai.

ça c'est la tête "présumée" (comme on dit dans le poste) du personnage.

Le cadre global: les affrontements entre la jeune république romaine et ses voisins, en particulier ici la Grèce, car l'Epire est une région de Grèce comme le montre la carte ci-dessous.

Pyrrhus,1er  roi d'Epire,a été amené à combattre les Romains de 280 à 275 av. JC; deux batailles lui ont coôté une grosse partie de son armée : en 280 celle d'Héraclée* et en 279 celle d'Ausculum.
Au point que Plutarque, citant Denys  d'Halicarnasse, lui a prêté ce mot : "Encore une victoire comme celle-là, et nous serons complètement défaits."

Pour votre gouverne, sachez que les Romains ont fini par l'emporter, et pour longtemps... sauf par la culture où ils n'arrivaient pas à la cheville des Grecs. Voilà ce qui arrivent aux gestionnaires (dits aujourd'hui "managers"). Ceci dit, les Romains ont reconnu très vite la supériorité des Grecs sur ce plan, au point d'adopter le grec dans les relations entre gens de condition.
Ce que ne font guère nos modernes "managers" dont l'inculture est connue, de même que celle de nombre de politiciens.




* Héraclée se nomme actuellement Policoro (chercher un des deux x), elle est située dans la région appelée la Basilicate (autrefois c'était la Lucanie). C'est la région située entre le talon et la pointe de la botte italienne. Ville principale: Potenza.


** Ausculum (chercher l'autre x) se trouve, pour autant que je puisse en juger, dans la région des Pouilles, au nord de la Basilicate, du côté de Fogia. Ville principale : Bari.

Et pour votre gouverne, sachez que l'Italie compte vingt (et oui : 10+10) régions assez autonomes qui se nomment:
  1. Abruzzes (L'Aquila),
  2. Vallée d'Aoste (Aoste),
  3. Basilicate (Potenza),
  4. Campanie (Napoli),
  5. Calabria (Catanzaro),
  6. Emilie-Romagne (Bologna),
  7. Frioul (Trieste),
  8. Latium (Roma),
  9. Ligurie (Genova),
  10. Lombardie (Milano),
  11. Marches (Ancona),
  12. Molise (Campobasso),
  13. Ombrie (Perugia),
  14. Piemont (Torino),
  15. Pouilles (Bari),
  16. Sardaigne (Cagliari),
  17. Sicile (Palermo),
  18. Toscane (Firenze),
  19. Trentin - Haut Adige (Trente),
  20. Vénétie (Venezia).
Et chaque régions compte à son tour, me suis-je laissé raconter par des Italiens, nombre de provinces. Et oui, l'Italie est un grand pays.







dimanche 18 mai 2014

d'Adolphe Bérard

J'en connais à qui le texte fera plaisir

Je serai là !

d'Adophe Bérard
Jean-Pierre, très épris de sa belle
Qu'est au pays
Reçoit une terrible nouvelle
Et lui écrit :
Mina, que viens-je donc d'apprendre ?
Tu te maries !
Pourtant, tu juras de m'attendre
Tu me trahis ! *
Eh bien, rappelle-toi, Mina
Le jour où l'on vous unira :

Je serai là
Mina ma belle
Dans l'église où tu te marieras.
Tu me verras
Mina cruelle
Et de remords tu souffriras.
Je veux te voir en robe blanche
Ta frayeur sera ma revanche.
Je te le répète, Mina
Je serai là
Je serai là !

Mina fait part de la menace
A ses parents :
- Veillez, je vous en prie, de grâce
Soyez prudents.
- Crains rien, chérie, lui dit son père
Je veillerai.
D'ailleurs, voici le commissaire
Qui vient exprès. *
Tenez, dit le père à l'agent
Lisez l'écrit de ce ch'napan :

Je serai là
Mina ma belle
Dans l'église où tu te marieras.
Tu me verras
Mina cruelle
Et de remords tu souffriras.
Dans c'cas, dit l'homme de police
S'il venait pour troubler l'office
N'ayez pas peur, belle Mina
Je serai là
Je serai là !

Mina, sous sa blanche dentelle
Entre en tremblant.
Personne, sauf dans une chapelle
Un enterrement.
Soudain, l'agent calme et docile
A Mina dit :
Il s'est tué hier, l'imbécile.
Le mort, c'est lui.
Alors Mina, poussant des cris
Répète : Il l'avait bien dit

Je serai là
Mina ma belle
Dans l'église où tu te marieras.
Tu me verras
Mina cruelle
Et de remords tu souffriras.
Devant ses cris, chacun s'affole
On emporte Mina la folle
Qui depuis répète cela :
Je serai là
Je serai là !

(à option: "tsoin, tsoin")

Si quelqu'un trouve l'adresse d'une interprétation (Les quatre barbus, Gilbert Bécaud...) je lui en serait presque éternellement reconnaissant.

Tout ça commence avec le Saint-Esprit



Une remarque de Cécile me pousse à approfondir mes recherches. La voici : "...le pidgin english est l'anglais parlé dans beaucoup de pays africain, effectivement à peine ou pas compréhensible pour nous.."

Fruit des recherches.
"Pidgin" est un mot nouveau apparu vers 1850 à la frontière de l'anglais et du chinois (l'époque de la guerre de l'opium, des concessions, du sac du Palais d'été...).

Deux origines:

  • la première: la prononciation du mot "Pidgeon" par les chinois;
  • la seconde: les pigeons étant les ancêtres de  l'internet, du fax, du téléphone, bref des communications à distance, très utilisées dans le monde des affaires, le mot aurait été le synonyme de "business" (les affaires).

On en donne bien des définitions: d'abord anglais + langue d'Extrême-Orient, puis anglais + langue africaine (très parlé en Afrique), et puis n'importe quelle langue mêlée à l'anglais.
Les différents pidgins sont un cas particulier de créole tandis que les créoles sont nées par hybridation de l'anglais ou du français avec de nombreuses autres langues.

Ceci dit, les voyages semblent former la jeunesse, même chez les pigeons.


samedi 17 mai 2014

المغرب

المغرب
(à lire de droite à gauche) 

Par rapport au golfe de Syrte (sur la carte, c'est Surt qu'il faut chercher), il y a deux mondes arabes



Al-Maghrib - Le couchant (En francais courant : le Maghreb)
Isolé du reste du monde arabe, à l'ouest du golfe de Syrte.
Compliquons :

  • le petit maghreb: Algérie + Tunisie + Maroc, soit le monde arabo-berbère
  • le grand maghreb: les mêmes et en outre la Maritanie, la Lybie, le Sahara occidental, la région de Kidal au Mali et celles de Agadez au Niger.



Par opposition à
مشرق

(même commentaire)
Mashreq - le levant (c'est moins courant).
Et on y trouve tous les autres pays arabes purs.
Le vrai mashreq associe Iraq, Syrie, Liban, Jordanie et Palestine.
Des fois, on y ajoute Egypte et Soudan mais c'est discuté et aussi Koweit, discuté aussi.
شبه الجزيرة العربية

ça se prononce: šibh al-jazīra al-ʻarabīya
Mais il y a aussi la Péninsule arabique
qui rassemble l’Arabie saoudite, le Yémen, l’Oman, le Qatar (avec Al-Jazeera*), les Émirats arabes unis et le Koweït (et oui, le Koweit : une fois le mashreq, une fois la péninsule arabique, allez vous y retrouver).
Les émirats arabes unis ("unis" c'est une façon de parler) sont sept (comme les nains) qui s'appellent Abou Dhabi, Ajman, Sharjah, Dubaï, Fujaïrah, Ras el Khaïmah et Oumm al Qaïwaïn (j'en connais deux, et vous ?). 

Qu'ont toutes ces gens en commun ? Simple, ce petit monde parle arabe et suit Mohammad (Mahomet comme on disait ici avant la télévision).

Tout ça mis ensemble donne le monde arabe.



* Al-Jazeera signifie "l'île" ; fondée en 1996, elle ne plaît à personne, pays arabes compris. Bon signe ?

jeudi 15 mai 2014

Après le tabac, l'alcool, et puis quoi encore ?

C'est long mais pas ennuyeux ni stupide et même assez marrant

Dix secondes sans boire?

Quand une enquête de l’OMS sur l’alcool joue sur la trouille

Publié le 14 mai 2014 à 15:00 dans Société
Mots-clés : alcool, Crise, mortalité, OMS, alcool oms mortalite


L’alcool tue une personne toutes les dix secondes d’après l’OMS. Je vais donc compter maintenant dix secondes après chaque verre terminé. Et puis, si je suis toujours vivant, je m’en resservirai un autre. Pour fêter ça. C’est vrai, une information comme ça, terrifiante, assénée avec des mines graves et des musiques dramatisantes à tous les JT, ça me donne tout de suite envie de boire un gorgeon. Pour soigner mon angoisse. Sans compter les habituels alcoologues et experts patentés aux mines longues comme un jour sans vin qui vous expliquent que jamais on n’a vu un tel carnage, que c’est le pire des fléaux, que même les drogues douces ou dures, à côté ce sont des petites joueuses.

Bon, il fallait juste oublier, mais c’est le propre des chaînes d’infos continues que d’aplanir sans hiérarchiser, que les résultats de cette enquête de l’OMS étaient donnés juste avant que les présentateurs, l’air très détendu, annoncent que le réchauffement climatique avait rendu irréversible la fonte de certains glaciers de l’Arctique et que le niveau des océans allaient augmenter de plusieurs mètres dans les décennies à venir, provoquant le déplacement forcé de plusieurs centaines de millions de personnes. À cause de l’eau, donc.

Alors, il faudrait savoir, c’est l’alcool ou l’eau, le plus dangereux ? Puisqu’il y a des climatosceptiques, vous savez ces gens qui refusent d’admettre l’évidence et qui continueront à vous dire, quand ils nageront en rond place de l’Etoile en attendant les secours, que c’est une invention gauchiste pour entraver le développement harmonieux de la production capitaliste, moi, je vais devenir alcoolosceptique. Il n’y a pas de raison. Je ne veux pas croire les chiffres de l’OMS, ou plutôt je me méfie profondément de ce genre de communication terroriste. Le mort toutes les dix secondes à cause de l’alcool, c’est un peu comme les 1500 chômeurs de plus par jour depuis l’élection de François Hollande ou les cent millions de morts du communisme. Ce sont des chiffres un peu trop ronds (c’est le cas de le dire) pour être honnêtes.

Sinon, me suis-je demandé avec ce mauvais esprit qui vient avec l’ivresse alors que je me reversais un verre, est ce que l’OMS, elle a les chiffres sur les conséquences sanitaires du chômage de masse? Sur les conséquences sanitaires du sous-développement? Sur les conséquences sanitaires du harcèlement au travail et du management par la terreur? Sur les conséquences sanitaires de la précarité au travail? Ou de la pollution par les particules fines? Ou des logements dégueulasses? Ou de la junk food? Ou des hôpitaux fermés en Grèce et ailleurs?  Je suis certain qu’elle les a et qu’elle ne les cache même pas. Qu’ils sont à la disposition du public. Seulement je suis certain aussi qu’ils sont beaucoup moins intéressants en termes médiatiques, beaucoup moins spectaculaires. Qu’il est beaucoup plus simple de confondre, en ces matières-là comme en d’autres, l’insécurité par exemple, la cause et la conséquence.

Reprenons : l’alcool tue une personne toutes les dix secondes. C’était donc probablement quelqu’un qui buvait trop. Assez étrangement, on n’a pas posé la question afin de savoir pourquoi cette personne buvait trop. Moi je n’ai aucune excuse, je bois pour mon plaisir et en plus comme je bois si possible biodynamique, parce que je suis un bobo, je limite la casse. Mais celui qui s’arsouille au comptoir du coin avec des alcools forts ou seul dans la cuisine en finissant la bouteille de kirsch pour les desserts, il n’y aurait pas une légère corrélation entre ses lunettes en peau de saucisson et son absence d’ «employabilité» comme on dit chez les économistes ?

On apprend aussi dans cette enquête que beaucoup de ceux qui meurent toutes ces fameuses dix secondes ont tendance à être pauvres, basanés et de l’hémisphère sud.  Ce ne serait pas, par hasard, parce qu’ils vivent dans des contrées où les maladies infectieuses sont fréquentes et mal soignées car ça coûte trop cher, sachant qu’une maladie infectieuse, ça vous transforme le moindre verre de gnôle en tempête sur un fétu de paille.  On pourrait aussi parler des jeunes qui boivent tellement et de manière tellement suicidaire avec le binge drinking mais si on en parle alors il faut se demander la raison d’une telle conduite et ne pas chercher à s’en tirer avec des généralités sur la jeunesse et son goût de la transgression. Mais se demander si la picole, parmi tant d’autres addictions jeunes, n’aurait pas pour origine un désespoir plus ou moins clairement formulé d’appartenir à la deuxième génération de suite qui vit moins bien que la précédente pour se loger, travailler, se soigner…

Allez, les dix secondes sont largement dépassées. Patron, rhabillez les orphelins, c’est pour moi…
Jérôme Leroy est rédacteur en chef culture de CAUSEUR

Todd, Van Reybrouck - élections européennes 2014

Rappel : "Contre les élections" - "Tegen verkiezingen" de David Van Reybrouck.
Sans - apparemment - se connaître, Todd et lui ont eu la même impression, celle que la "démocratie" doit être remis sur le métier. C'est peut-être la même crise qu'affrontent la Belgique et l'Europe, celle d'un pouvoir de type "cause toujours" et d'une certaine façon de faire de la politique.

Au fait

  • démo-cratie signifie peuple-pouvoir (δεμος + κρατος).
  • politique signifie gestion du bien de la cité (cité : πολις)
  • république, c'est la chose publique (res-publica). 

... bien que - ô sacrilège - il m'arrive de me demander si cela intéresse quelqu'un, parmi les dirigeants comme parmi les dirigés ; comme le disait Coluche: "Au fond tout le monde s'en fout." Sauf Emmanuel Todd et David Van Reybouck). L'individualisme est-il soluble dans la démocratie ?

Elections européennes 2014

Un avis qui vaut la lecture, même si les belges n'ont pas le choix

Élections européennes du 25 mai 2014Todd : « Non, je n'irai pas voter ! »

Dans un entretien exclusif avec Herodote.net, l'historien Emmanuel Todd analyse l'évolution de l'Union européenne et dit son intention de ne pas aller voter le 25 mai, pour la première fois de sa vie. Un choix raisonné et, de son point de vue, civique...

Par ses travaux sur les structures familiales, Emmanuel Todd est l'un des principaux historiens de sa génération. C'est aussi un témoin engagé de son époque qui peut se flatter de n'avoir jamais été pris en défaut dans ses nombreux essais. Volontiers provocateur, il s'est attiré quelques inimitiés par ses interventions dans la presse et à la télévision mais rares sont les contradicteurs qui s'estiment assez armés pour lui faire front.

Herodote.net : À vous lire, on peut se demander si vous avez le don de prophétie. En 1976, à 25 ans, votre coup d'essai fut un coup de maître car vous avez annoncé dans La Chute finale l'effondrement à moyen terme du système soviétique sans connaître pour autant l'URSS.

Emmanuel Todd : Je vais vous l'avouer, il n'y a rien de miraculeux là-dedans ! Je fais simplement un peu plus attention que d'autres aux chiffres qui traînent partout. Par exemple, mon intuition sur La Chute finale est venue de ce que la mortalité infantile en URSS était en train de fortement remonter. C'est un phénomène exceptionnel et j'y ai vu l'effritement du système. J'en ai conclu que le pouvoir soviétique était condamné à brève échéance.

Plus récemment, en pleine guerre froide irano-américaine, j'ai pronostiqué avec mon ami Youssef Courbage l'entrée dans la modernité de l'Iran et de plusieurs pays arabes (Le Rendez-vous des civilisations, 2007). Ce n'était pas difficile, il suffisait de regarder le nombre d'enfants par femme et le pourcentage d'étudiantes à l'université. En adoptant une rationalité familiale proche des standards occidentaux, ces peuples étaient prêts à se convertir aussi à une nouvelle rationalité démocratique et politique.

En ce qui nous concerne, c'est différent. En écrivant L'invention de l'Europe, en 1990, j'ai pris conscience de l'extrême diversité anthropologique de notre continent et j'y ai vu l'illusion de réduire l'Europe à une construction étatique. Gardons-nous de sacrifier notre diversité car elle est la clé de notre dynamisme.

Pour cette raison, bien que partisan de l'Union européenne, j'ai voté Non au traité de Maastricht qui lançait la monnaie unique et, en 1995, quand mon livre a été réédité, je me suis hasardé à écrire dans la préface : « Soit la monnaie unique ne se fait pas, et L'Invention de l'Europe apparaîtra comme une contribution à la compréhension de certaines impossibilités historiques.
Soit la monnaie unique est réalisée, et ce livre permettra de comprendre dans vingt ans pourquoi une unification étatique imposée en l'absence de conscience collective a produit une jungle plutôt qu'une société.  »

Herodote.net : Nous y voilà ! Vous avez donc aussi voté Non au référendum sur le Traité constitutionnel en 2005 ?

Emmanuel Todd : Eh bien, pas du tout ! Quand la monnaie unique est arrivée, j'ai voulu faire preuve d'optimisme en bon citoyen européen et j'ai voté Oui au référendum. Mais la réalité nous a tous rattrapés...

Cela dit, j'ai été scandalisé par le viol du suffrage universel qu'a représenté le passage en force du traité constitutionnel sous le nom de Traité de Lisbonne. J'y vois un tournant historique avec le basculement dans une forme de post-démocratie. L'oligarchie s'assoit sur le suffrage universel... comme en Afghanistan où l'on affecte de prendre au sérieux des scrutins dont on sait pertinemment qu'ils sont massivement truqués. Nos parlementaires sont certes mieux élus mais ils n'ont pas plus de respect pour leurs électeurs et n'ont rien à faire de leur avis. Quand la révolte des Bonnets rouges a éclaté en Bretagne, les élus locaux n'ont rien vu venir et ils ont choisi de détourner les yeux ou de condamner les manifestants. Les discours sur la « fracture sociale » ou le « monde de la finance » ne servent que le temps d'une campagne. Rien à voir par exemple avec les débuts de la IIIe République en France.

Ce fossé entre les élus et les électeurs est bien plus grand encore au Parlement européen en raison du scrutin de liste à la proportionnelle, qui fait qu'on ne choisit pas une personne mais une étiquette, et plus encore parce que ce Parlement ne sert à rien !

Herodote.net : Le Parlement européen ne sert à rien ? Vous exagérez ?

Emmanuel Todd : Pas du tout. Voyez donc. Qu'il s'agisse de la crise financière ou des enjeux géopolitiques en Ukraine ou en Afrique, c'est au Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement, à la Banque Centrale Européenne et à la Commission européenne que se prennent toutes les décisions. Et c'est la Commission européenne qui détient le droit d'initiative alors que, dans toute véritable démocratie, il revient au Parlement.

Nous avons affaire à un « Parlement Potemkine », un vernis démocratique pour un système qui ne l'est pas. En toute confidence, les députés eux-mêmes ne se font pas beaucoup d'illusions. En réunion autour d'un verre avec d'anciens députés, ceux-ci ne m'ont parlé que de la maison qu'ils avaient pu acheter grâce à leurs indemnités !

Je constate que la Nation demeure le seul lieu au sein duquel nous pouvons faire valoir nos opinions par le vote. Et c'est le seul lieu où nos votes peuvent encore peser sur les choix de société.

Participer aux élections européennes n'a pas plus de sens pour moi que de voter aux États-Unis... quoique, si l'on me permettait d'échanger mon droit de vote au Parlement de Strasbourg contre un droit de vote aux présidentielles américaines, je choisirai ce dernier car, par son pouvoir de décision, le président américain a plus d'influence sur ma vie que les députés européens !

En conséquence, j'ai choisi de ne pas aller voter le dimanche 25 mai. Je ne veux pas apporter ma caution à une institution non démocratique et proprement illégitime.

Herodote.net : Comment ? Mais s'abstenir, ce n'est pas un comportement civique ! Et ce n'est pas comme ça que vous ferez bouger les choses ! Au moins, vous pourriez choisir de voter avec un bulletin blanc.

Emmanuel Todd : Voter blanc, c'est signifier que l'on croit en ce système et qu'il suffirait de changer le personnel pour l'améliorer et le démocratiser. Mais c'est une illusion. Même Le Monde, porte-parole des européistes, l'admet : tout ce qu'on peut attendre des élections, c'est de passer d'une orientation de centre droit à une orientation de centre gauche ! Que l'on vote ou non, cela ne changera rien au fonctionnement des institutions européennes, de la BCE comme de la Commission. Celles-ci continueront de tourner au-dessus nos têtes en ignorant le Parlement, ses députés et ses électeurs, de quelque parti qu'ils soient.

Ces institutions n'empêchent d'ailleurs pas les nations et les égoïsmes nationaux de s'exprimer. Quand le britannique BAE et le franco-allemand EADS ont voulu se rapprocher pour créer un géant européen de l'aéronautique, Angela Merkel y a mis son veto pour préserver les emplois allemands... En géopolitique, c'est encore plus net : chaque gouvernement agit selon ses intérêts en habillant ceux-ci d'une vague résolution européenne. La France agit seule en Afrique tandis que l'Allemagne mène la danse en Russie. Ce n'est pas un hasard si quatre des sept observateurs européens retenus en otage en Ukraine étaient Allemands.

S'abstenir, c'est signifier que l'on n'est pas dupe de la mascarade. C'est dénoncer l'européisme béat des partis classiques. C'est aussi dénoncer le Front National en mettant en évidence son appartenance au système. L'abstention massive aux élections européennes, si elle se vérifie, aura une conséquence pour le moins positive : elle témoignera de ce que la nation demeure le seul échelon démocratique au sein duquel peuvent s'affirmer les solidarités.

http://www.herodote.net/Todd_Non_je_n_irai_pas_voter_-article-1466.php


Certainement un des hommes les plus lucides que j'aie lus. A ma connaissance, il ne s'est pas encore trompé (mais "Que sais-je?")

mercredi 14 mai 2014

"Traduttore traditore"

Traducteur = traître ou passeur ?
Latin : Tradere : livrer, transmettre, faire passer.

D'oû l'anglais "trader" (Pub: "devenez trader", l'article de ce blog sur "Trader Horn").
Livrer n'est pas toujours recommandable mais transmettre c'est tout de même fort utile; ceux qui savent transmettre sont précieuses gens ; il y faut de l'entregent, une véritable intelligence et de ce qui doit être transmis, et des personnes à qui le transmettre.

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Lu chez Orwell (Hommage à la Catalogne) l'exemple de traduction suivant.
Texte anglais : "the dog it was that died."
Traduction en français: "Ce fut le serpent qui creva."

Sources
En anglais le poème de Oliver Goldsmith "An Elegy on the death of a mad dog" écrit en 1766 se termine par la strophe suivante :
But soon a wonder came to light,
That showed the rogues they lied:
The man recovered of the bite,
The dog it was that died.

(le texte complet et le commentaire à l'adresse : http://graduate.engl.virginia.edu/enec981/dictionary/24goldsmithD2.html

(né bien après et mort peu avant Voltaire, à 44 ans)

En français l'épigramme de Volaire sur Jean Fréron
L’autre jour au fond d’un vallon,
Un serpent piqua Jean Fréron ;
Que croyez-vous qu’il arriva ?
Ce fut le serpent qui creva
(texte et contexte à l'adresse : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lie_Fr%C3%A9ron

François Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778)
(pas à dire : la dent dure, ça conserve - 82 ans)
Je vous fais grâce des commentaires.

1. Liberté d'expression - 2. De l'importance de la forme

US of America (1er amendement à la Constitution)
"Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof ; or abridging the freedom of speech, or of the press ; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the Government for a redress of grievances." ("First Amendment", Cornell University Law School Legal Information Institute. Archived from the original on May 3, 2013. Retrieved May 3, 2013.
 BELGIQUE
La loi du 25 février 2003 tendant à lutter contre la discrimination et modifiant la loi du 15 février 1993 créant un Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme énumère une série de motifs de discrimination - notamment l'orientation sexuelle - qui peuvent dorénavant être sanctionnées pénalement et faire l'objet d'actions en réparation devant les juridictions civiles ou en annulation devant le Conseil d'État.

La loi de 2003 étend également les compétences du Centre pour l'égalité des chances à la lutte contre ces discriminations. Elle est entrée en vigueur le 27 mars 2003.


1. Liberté d'expression : lisez et faites-vous votre opinion. Quelques questions* au préalable telles que :
  1.  A-t-on le droit de se moquer des roux, des blondes, des sourds, des aveugles, des grands et des petits, des gros et des maigres, des maladroits et des bellâtres, des premiers et des derniers de la classe, des forts en thèmes et des nuls en math', des étrangers (ritals, bicots, macaques, polacks, négros, youpins...) et sinon, pourquoi n'y a-t-il aucun projet de loi pour l'interdire ?
  2. Depuis quand suffit-il de faire une loi pour empêcher grossièreté, muflerie, médiocrité, bêtise, stupidité, brimades...? Quand la loi en est à réprimer, il est déjà trop tard, le mal est fait ; ne reste que la vengeance via le bras du législateur qui aurait mieux fait de s'occuper de ses premiers oignons, comme d'éduquer ses enfants.

2. Sur la forme, "no comment" comme diraient en choeur Hervé Bourges et René Etiemble. Forme ou manipulation ?

D'autres questions sont bien entendu bienvenues, surtout celles auxquelles l'auteur n'a pas (encore) pensé.

Pardon my french

PARDON MY FRENCH
d’Hervé Bourges
Karthala, 286 p., 18 €
Le français est une langue « identitaire, partageuse, porteuse de valeurs universelles », mais « laminée au profit du charabia », à cause des effets de la mondialisation et du libéralisme. Confronté à cet affaiblissement, Hervé Bourges s’inscrit contre le pessimisme des « déclinologues » de la francophonie, et contre tous ceux, y compris parmi nos élites, qui s’excusent de parler français.
« Pardon my French », lui a fait un jour remarquer Bernard Pivot. Une phrase codée lancée par les animateurs de télévision anglo-saxons pour attirer l’attention, laisser entendre qu’ils vont dire une incongruité, faire un sous-entendu sexuel… Car le mot French est « sexy », et laisse planer un « parfum de gaudriole ». Qui dirait « Pardon my German », ou « Pardon my Mandarin » ?, s’indigne l’ancien patron du Conseil supérieur de l’audiovisuel. L’auteur prend donc le parti du français dans un plaidoyer érudit et rappelle, comme l’a dit Françoise Héritier, que « le français, c’est l’élégance ». Il rend hommage au joual parlé au Québec. Amuse ses lecteurs d’un petit lexique joual-français, avec ses faux amis, comme « c’t’écoeurant », signifiant au Québec « c’est génial ». Il déplore, en citant Etiemble*, « l’anglicisme d’ignorance » comme le « Mr », fausse abréviation de Monsieur**. Entre 200 et 300 millions de personnes parlent français dans le monde, et l’avenir de cette langue passe par le Sud, explique Hervé Bourges. Par les écrivains, comme l’Ivoirien Ahmadou Kourouma, le Franco-Congolais Alain Mabanckou ou la Rwandaise Scholastique Mukasonga, et par tous les francophones, d’Alger à Bujumbura. « Le francophone moyen de 2030 habitera Kinshasa et aura moins de 20 ans », rappelle Hervé Bourges. En 2050, « neuf francophones sur dix seront Africains ».

NATHALIE LACUBE


Hervé Bourges est né en 1933, sorti premier de l'école de journalisme de Lille, a refusé un poste au Figaro pour entrer à Témoignage chrétien (et oui, je sais...). Opposition à la guerre d'Algérie et donc envoyé en Algérie avec  le contingent, devient conseiller du premier président, Ahmed Ben Bella (plus tard renversé par Houari Boumedienne). J'en saute un paquet pour en venir à son poste de directeur de France-Télévision puis ambassadeur de France à l'UNESCO, puis président du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) ce qui lui a valu les railleries des guignols pour péché de droiture morale (ce que je lui envie), et enfin président de l'union internationale des journalistes francophones.
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* René Etiemble





Sinisant, "disciple" de "Confucius" (on dit maintenant Maître Kong ou mieux encore Kǒngzǐ ou Kǒng Fūzǐ et on écrit 孔夫子), et pourtant (ou pour cette raison ?) très attaché à la qualité de la langue française. A écrit un livre qui en son temps a fait beaucoup de bruit, dont le titre était "Parlez-vous franglais ?"
Le pôvre, s'il savait. Heureusement les guignols n'existaient pas encore.

Pour rappel, le portrait de Maître Kong



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** Je l'avais lu sous la plume de l'intéressé, je le lui avais entendu dire à la télévision dans les temps maudits où je la regardais encore mais devant la présence exclusive des "Mr" dans tous les courriers, lettres, livres, articles... bref tout ce qui s'écrit en "français" je croyais avoir rêvé Et voici qu'Hervé Bourges vient confirmer mes sens : c'est "M." (et non Mr) qu'il convient d'écrire lorsqu'on veut abréger "Monsieur".
Merci, Monsieur Bourges.

mardi 13 mai 2014

Kletsen doen ze toch

A l'intention de celles et ceux que leur langue démangent*



Le meunier, son fils et l'âne
de Jean de la Fontaine
(…)
J'ai lu dans quelque endroit qu'un meunier et son fils
L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits,
Mais garçon de quinze ans, si j'ai bonne mémoire,
Allaient vendre leur âne un certain jour de foire.

Afin qu'il fût plus frais et de meilleur débit,
On lui lia les pieds, on vous le suspendit;
Puis cet homme et son fils le portent comme un lustre.
Pauvres gens! idiots! couple ignorant et rustre!

Le premier qui les vit de rire s'éclata:
«Quelle farce  dit-il, vont jouer ces gens-là?
Le plus âne des trois n'est pas celui qu'on pense.»
Le meunier, à ces mots, connaît son ignorance;
Il met sur pied sa bête, et la fait détaler.
L'âne, qui goûtait fort l'autre façon d'aller,
Se plaint en son patois. Le meunier n'en a cure;
Il fait monter son fils, il suit: et, d'aventure,





Passent trois bons marchands. Cet objet leur déplut.
Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il put:
"Oh là! oh! descendez, que l'on ne vous le dise,
Jeune homme, qui menez laquais à barbe grise!
C'était à vous de suivre, au vieillard de monter.
- Messieurs, dit le meunier, il vous faut contenter.»
L'enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte;





Quand trois filles passant, l'une dit:« C'est grand' honte
Qu'il faille voir ainsi clocher ce jeune fils,
Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis,
Fait le veau sur son âne et pense être bien sage.
- Il n'est, dit le meunier, plus de veaux à mon âge:
Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez.»
Après maints quolibets coup sur coup renvoyés,
L'homme crut avoir tort et mit son fils en croupe.



Au bout de trente pas, une troisième troupe
Trouve encore à gloser. L'un dit:« Ces gens sont fous!
Le baudet n'en peut plus, il mourra sous leurs coups.
Eh quoi! charger ainsi cette pauvre bourrique!
N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique?
Sans doute qu'à la foire ils vont vendre sa peau.
- Parbleu! dit le meunier, est bien fou du cerveau
Qui prétend contenter tout le monde et son père.
Essayons toutefois si par quelque manière
Nous en viendrons à bout.» Ils descendent tous deux.

L'âne se prélassant marche seul devant eux.
Un quidam les rencontre, et dit:« Est-ce la mode
Que baudet aille à l'aise; et meunier s'incommode?
Qui de l'âne ou du maître est fait pour se lasser?
Je conseille à ces gens de le faire enchâsser
Ils usent leurs souliers et conservent leur âne!
Nicolas, au rebours: car quand il va voir Jeanne,
Il monte sur sa bête; et la chanson le dit.
Beau trio de baudets!» Le meunier repartit:

«Je suis âne, il est vrai, j'en conviens, je l'avoue;
Mais que dorénavant on me blâme, on me loue,
Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien,
J'en veux faire à ma tête». Il le fit, et fit bien.
(…)
----------------------------------------------------------------------------------
* Net progrès dans le sens de la préséance, galanterie d'ancien régime ou machisme ordinaire ?

de l'art de la citation

à propos de G.K. Chesterton (Gilbert Keith pour les amis)


(entre Benny Hill et Michael Moore, en bien plus fin et facétieux)

Formes les plus fréquentes :
    When men choose not to believe in God, they do not thereafter believe in nothing, they then become capable of believing in anything.'
      When a man stops believing in God he doesn’t then believe in nothing, he believes anything.
        A man who won’t believe in God will believe in anything.
        Libre traduction libre "Quand les hommes cessent de croire en Dieu, ce n'est pas pour ne plus croire en quoi que ce soit, c'est pour croire en n'importe quoi."
        La forme originale et authentique*, d'après une étude d'Emile Cammaerts de 1937 intitulée The laughing prophet, the seven virtues and G.K. Chesterton" serait:
        The first effect of not believing in God is to believe in anything. 
        Traduction libre : "Le premier effet de l'incroyance c'est d'amener à croire en n'importe quoi"**
        3 citations issues de la même source et censées être précises ; de quoi vous faire douter de la précision des citations ; le sens y est, la forme non. La quatrième est peut-être la plus juste car elle cite ses sources et s'expose donc à la vérification, encore qu'il y manque les mentions qui permettent de retrouver la citation précise. "...du bruit." (Lu Xun)

        Plus sérieux et probablement plus précis car plus elliptique (du même) :
        "Poets have been mysteriously silent on the subject of cheese."
        "Les poètes ont mystérieusement gardé le silence à propos du fromage."
        G.K. ChestertonAlarms and Discursions
        (je me demande si les poètes anglais n'ont pas peur des souris)

        * Authentique comme les authentiques tapis de selle du Général Custer à Little Big Horn (vendus 13 à la douzaine sur internet; renseignements auprès de la rédaction).

        ** On croirait lire les textes d'Alexandre Vialatte sur le culte de l'oignon et les sectataires de l'oeuf.



        lundi 12 mai 2014

        Assurance maladie, le Massachusetts en éclaireur ?

        Une étude qui exacerbe le débat sur les politiques de santé


        Alors que les Etats-Unis s’interrogent sur la politique publique à mener en matière d’assurance maladie, le New York Times s’est penché sur l’exemple du Massachusetts. Pour rappel, l’Etat de la baie a adopté dès 2006 une loi réformant profondément le système de santé en vigueur entre ses frontières. Cette révolution a marqué un tournant idéologique inédit dans l’histoire du pays de l’oncle Sam.
        Traditionnellement, le système de couverture santé aux Etats-Unis fait la part belle aux organismes privés qui assurent seuls la protection sociale à des prix exorbitants. Cette facture réglée par les employeurs prive une grande partie des Américains d’une couverture efficiente, faute de travail, de ressources suffisantes, ou, triste ironie, d’un état de santé jugé trop instable.
        Un examen rapide des chiffres de la longévité dans le monde depuis la Seconde guerre mondiale donne une idée des conséquences du système américain sur l’espérance de vie. Ainsi, les Américains nés avant 1950 vivaient en moyenne 68,6 ans, plus que les Français (67), les Espagnols (64.1) ou les Japonais (62.1). Mais les soixante dernières années ternissent ce beau bilan, les Américains n’ayant gagné qu’une décennie de vie, pendant que la plupart des pays occidentaux dépassaient la longévité des USA.
        Las de ce constat, le Massachussetts oblige dès 2006 les assureurs à couvrir tout le monde, sans exclusion, et contraint ses citoyens à contracter une assurance maladie, si nécessaire avec le concours de l’Etat. Une protection libérale par consentement forcé, en quelque sorte, mis en avant par des exemples ultra-médiatiques à l’image de Charlie Henley, une patiente célèbre pour avoir fait partie des premiers bénéficiaires de cette mesure alors que son passé médical l’empêchait auparavant de contracter la moindre assurance.« Je ne serais sûrement plus de ce monde si j’avais été malade dans un autre Etat américain » tonnait-elle alors.
        Connu pour ses positions avant-gardistes sur des sujets comme le mariage homosexuel ou la dépénalisation de la marijuana, le Massachussetts subit donc le regard scrutateur de l’opinion publique du reste du pays.

        Les résultats qui apparaissent sous la loupe du New York Timess’appuient sur l’étude universitaire « Changes in Mortality After Massachusetts Health Care » publiée lundi. Ce document se penche sur le taux de mortalité –le nombre de morts pour 100 000 individus- entre 2001 et 2010, en déclin de 3% sur les quatre dernières années. Une baisse particulièrement tangible dans les régions de l’Etat où les plus pauvres anciennement non-assurés sont nombreux, alors que les plus aisés affichent un taux de mortalité stable.
        Par ailleurs, les arguments qu’avancent les partisans des valeurs traditionnelles américaines, qui voudraient laisser agir sans la moindre régulation la main invisible, semblent balayés à l’épreuve des faits. Plus que l’amélioration de l’hygiène alimentaire ou la réduction du nombre de consommateurs de tabac, la réforme de l’assurance maladie engagée en 2006 a en effet accru l’espérance de vie au Massachussetts.
        Une pierre dans le jardin des américains jaloux de leur liberté individuelle à l’excès, pour lesquels toute intrusion nationale dans l’économie porte la griffe de l’immonde bête socialiste. Fort de ces résultats, le président Obama, désavoué en 2009 au point de consentir à une réforme au rabais, pourrait espérer relancer son projet de premier mandat « Obama Care ». Un serpent de mer américain depuis Clinton. Ignorant ces éléments factuels, les défenseurs de la ligne traditionnelle du pays voient leur influence se réduire progressivement. Une trajectoire inversement proportionnelle à celle de la France, où l’obsession des économies a récemment suscité un rapport proposant de dérembourser les consultations avec plafonnement…

        Monstre du Loch Ness américain: eux vont sans doute adopter un système de protection contre les maladies (et NON une assurance santé ; depuis quand la santé est-elle assurée ?) quand nous commençons à raboter le nôtre, avec quelque raison tout de même.



        *Photo : www.CGPGrey.com.

        Provisoire immortalité

        http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/les-quarante-aujourdhui

        académicien-ne-s ?
        Si vous désirez voir à quoi ressemblent les immortel-le-s, c'est le lien qu'il vous faut. Je pense en connaître 27 sur 32 ; et vous ?
        Ceci dit, 2 médecins et 1 ecclésiastique : net recul de deux états autrefois très représentés. Par contre 5 dames : nette amélioration; nous nous engageons sur la voie de la parité que d'aucun-e-s exigent à toute force.







        Bizarrement, en ces temps où la discrimination est un délit (que dis-je ? un crime aggravé de préméditation), on ne trouve à l'Académie française QUE des écrivains.**
        Discrimination insupportable : pourquoi pas des pizzaioli, des peintres en bâtiment ou des gigolos ? Eux aussi ont le droit de siéger à l'Académie française, tout de même !
        avant

        après



        * bien que "discriminer" signifie "distinguer" mais il faut beaucoup pardonner aux législateurs et législatrices actuels, entre autres de mal connaître leur langue.

        **  Qu'on me passe cette discrimination sexiste mais écri-vaines est vraiment insultant