lundi 14 avril 2014

Commediante ! Tragediante !

Deux chromos et quelques explications.

Le premier, celui de Pie VII.

Pie VII, cardinal Chiaramonti,(1742 - 1823), moine bénédictin, originaire de la vieille noblesse française désargentée (on parle des Clermont-Tonnerre); souscripteur à l'Encyclopédie de Diderot, lecteur de John Locke et de Condillac dont il traduit un ouvrage.


Prieur de Saint Paul hors les Murs contre la volonté des moines mécontents du parachutage*.
Evêque de Tivoli puis d'Imola. A noter que, encore évêque d'Imola lorsque les français (le général Augereau) envahissent l'Italie, il incite les italiens à négocier en soutenant que catholicisme et démocratie ne sont pas opposés.

Le pape précédent Pie VI, âgé de 82 ans, est enlevé du Quirinal et ballotté de Bologne, à Parme, à Turin, à Briançon puis à Grenoble et enfin Valence où il meurt d'épuisement.

Suit un long et difficile conclave au monastère bénédictin de San Giorgio Maggiore de Venise car Rome est dangereuse. Plus de trois mois de discussions, négociations, vetos (certains rois et empereurs avaient ce droit), pour tomber sur le pauvre Chiaramonti qui avait fait savoir qu'il n'était absolument pas candidat. De guerre lasse il accepte sa charge à 60 ans environ ; tous les effets du couronnement étant restés à Rome, on lui fait une tiare en papier mâché que les dames nobles ornent avec leurs propres bijoux et il est couronné dans une petite chapelle du monastère. Vous avez dit Fastes pontificaux ?
Je vous passe les bassesses de l'empereur d'Autriche-Hongrie qui avait essayé sans succès de placer son candidat.
Napoléon qui l'avait qualifié de jacobin (suite à son homélie sur catholicisme et démocratie) fait restaurer les états pontificaux pour ensuite lui faire des misères en mettant le grappin sur l'église de France dont il fait une église d'état par ses "articles organiques" que Pie VII tente de faire abroger en acceptant de couronner le corse; en vain. Le frère du corse veut divorcer, le pape refuse ce qui n'améliore pas son cas. Pire :il refuse d'adhérer au blocus continental, d'où répression de la part du tondu que Pie VII finit par excommunier.
On le fait arrêter, trimbaler de Florence à Alexandrie puis à Savone et enfin à Fontainebleau où il arrive à demi-mort. C'est à Fontainebleau où il est prisonnier, qu'il répond aux pressions du corse par "Commediante ! Tragediante !"
Après lui, jusqu'à Jean-Paul II, plus aucun pape n'a mis le pied en France, fille aînée de l'Eglise.

Le personnage vaut bien plus que ces quelques lignes.
Si le coeur vous en dit, lisez-en davantage via le lien suivant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_VII

Le second: un fragment de la peinture du couronnement du corse, par David qui était à sa botte

Et la place que Napoléon lui laisse à son sacre (et ce n'est qu'une partie du tableau).
Il paraît - d'après Slavoj Zizek - que Napoléon, pressé d'en finir, a pris lui-même sa couronne des mains du pape et l'aurait posée sur sa tête; sur quoi, Pie VII lui aurait dit : "Je sais que vous n'avez qu'un désir, celui d'abattre l'église catholique. Laissez-moi vous dire que vous n'avez aucune chance ; même nous, les chrétiens n'y sommes pas arrivés en 1800 ans." (en quoi je le suis tout à fait).


* Les Rochellois n'ont guère apprécié le parachutage de Ségolène Royal non plus, et les Bruxellois, ont-ils apprécié les Reynders, Milquet et Onkelinx ? A votre avis ?

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