mardi 11 novembre 2014

Typographie

Tout un vocabulaire et tout un monde, rien que pour les caractères dont nous nous servons.
La Bible de Gütenberg a été écrite en gothique textura qui était une transposition de l'écriture manuscrite.


Pour vous aider à frimer dans les derniers salons où on cause, voici le minimum minimorum, ou si vous préférez l'abc (ou aussi les éléments - qui datent de l'époque où certains voulaient faire commencer la série des lettres par lmn au lieu de abc) de ce que l'apprenti imprimeur doit savoir.

Et puisque un dessin vaut mille mots (au moins), voici le dessin

 Pour la clarté du texte on reprend:
  • le corps
  • les diagonales
  • la hampe ou fût
  • les pleins et les déliés
  • la traverse
  • l'empattement
  • l'oeil
  • tout ceci se situant par rapport à trois lignes: la ligne de base, la hauteur de capitale et la hauteur
L'étude des caractères et de la typographie en général est fascinante ; mal choisie la typographie rebute même le lecteur de bonne volonté.
Jetez un coup d'oeil sur le site suivant, très beau et par conséquent didactique.
http://caracteres.typographie.org/description/anatomie.html

Vous serez incollable sur les Didot, Garamond, Egyptienne, Elzévir, Figgins, Baskerville et aussi sur ce que signifient Old style, Italic, Sans Serif, Transitional
sans compter que les enfants pourront en apprendre beaucoup avec Luky Luke et le Daily star.


PS le gamin s'appelle Albert Londres.



dimanche 9 novembre 2014

changement

Suivez les encadrés en rouge.

AD 1 (AD : anno Dei) - ce sont des Vénètes jusqu'en AD 700.


AD 100


AD 200


AD 300


AD 400


AD 500


AD 600 les Vénètes de la Vistule


AD 700 Les Polanes


AD 800


AD 900


AD 1000



AD 1100


AD 1200


AD 1300


AD 1500


AD 1600*


AD 1700**


AD 1800 Mais où donc est passé l'encadré ?


AD 1900 Toujours pas revenu ?


AD 1918 - 1939
ça s'éclaircit mais pas fort


AD 2000


En gros plan



On comprend pourquoi la Pologne est si attachée à l'Europe ; là au moins on vit en paix et on a sa place.
Deuxième raison : la grande taille de l'ensemble.le rend indigeste, en particulier pour les appétits de la Russie avec qui la Pologne en découd depuis des siècles.

On notera que la révolution polonaise de 1830, contemporaine de la nôtre, a contraint la Russie à y masser ses troupes qui sans cela, seraient venues mâter la révolution belge. Nous leur devons donc notre indépendance.

Ceci enfin : le même exercice pourrait être fait avec bien d'autres pays, ce qui prend du temps. Mais aussi en regardant sur les mêmes cartes la façon dont se déplacent les frontières françaises, allemandes, portugaises...

De quoi méditer sur l'impermanence des choses de ce monde.
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* Pologne - Lithuanie
** Pologne - Lithuanie - Saxe

Vous y seriez-vous attendus ?






Entre 1890 et 1894 fut construit le fort de Shinkakasa sur la rive droite du fleuve Congo, un peu en amont de son estuaire. Les plans en ont été dessinés par le Général Brialmont et l'exécution à un certain Arthur Pétillon, major de l'armée coloniale, sans grand matériel et contre beaucoup de crocodiles. Décorations, médailles. Co-fondation de la maison coloniale de Watermael et poste de conseiller communal à Etterbeek. J'allais oublier la station de métro construite en 1970 et la rue du même nom.


Tout un monde, passé depuis longtemps.

Carte ?

Autre vue


Au où ce ne serait pas clair,




Car comme vous le savez, "bis (ter, quater) repetita placent" et "Repetitio est mater studiorum".


Et en vue d'ensemble, pour tout situer et pour notre gouverne,

 
Photos ?


Tout un monde donc; quelques photos, sans nostalgie car comme nous ne l'avons pas connu et que la nostalgie c'est la douleur née du désir de retourner au pays, à son enfance, au passé (nostos - algos)...



Et puis près de septante ans plus tard, ce fut le départ, bien moins somptueux que celui du prince Albert, le neveu de Léopold II.
 

Le pays a été rendu à des chefs coutumiers; étaient-ils plus ou moins sages que ceux-ci  ?




vendredi 7 novembre 2014

Chanson pour notre temps

Debronckart, Jacques (1937-1983) - Auteur, Compositeur, Interprète


J'suis heureux

 J'ai la télé, les deux chaînes et la couleur
J'ai ma voiture et la radio à l'intérieur
Mon log'ment qui prend tous les jours de la valeur
Et l'espoir de gravir l'échelon supérieur
J'suis HEUREUX.

Une femme et deux fils qui n'obéissent guère
A Chatou une résidence secondaire
Le barbecue l'été, le feu de bois l'hiver
Et pendant le mois d'août je me dore à la mer
J'suis HEUREUX.

Je sais choisir mon déodorant corporel
Ma crème, mon tonic au parfum personnel
Je comprends mieux ma femme, je me rapproche d'elle
Je sais danser le jerk, j'ai un slip Rasurel
J'suis HEUREUX.

Ma femme sort sans moi quelquefois c'est son droit
Elle a ses connaissances, ça ne me regarde pas
Je vois tous les mardis une fille du nom d'Olga
Elle a une bouche grande et ça compte pour moi
J'suis HEUREUX.

Je suis un homme de gauche mais la gauche a vieilli
Il faut évoluer c'est la loi de la vie
Je ne dis pas cela parce que je suis nanti
D'ailleurs tout ce que j'ai, je l'ai eu à crédit
J'suis HEUREUX.

Si j'ai peur du cancer, j'ai pas peur des Chinois
J'ai du cœur, j'ai donné dix francs pour le Biafra
J'ai besoin d'érotisme, j'aime Barbarella
Et De Funès et Dracula quand je les vois
J'suis HEUREUX.

Je rêve chaque nuit et des rêves barbares
Je suis toujours pirate, cosaque ou tartare
Egorgeur ou violeur, incendiaire ou pillard.
Puis quand je me réveille au matin c'est bizarre
J'suis HEUREUX.

Je n'perds pas mes cheveux, je n'perds pas mes réflexes
Je ne suis pas raciste, je n'ai pas de complexes
Je suis bien dans mon âge, je suis bien dans mon sexe
Aucune raison d'être angoissé ni perplexe
J'suis HEUREUX.

J'ai la télé, les deux chaînes et la couleur
J'ai ma voiture et la radio à l'intérieur
Mon log'ment qui prend tous les jours de la valeur
Et l'espoir de gravir l'échelon supérieur

J'SUIS HEUREUX ...
J'SUIS HEUREUX ... 
J'SUIS HEUREUX.



http://chansons-fr.com/jacques_debronckart-j_suis_heureux  

En noir et blanc - vintage ou prophétique ?

terminus


Pour votre édification, voici la photo du maïeur d'Auderghem entre 1912 et 1921; c'était un ami d'Adolphe Max. Juriste de formation, brillant avocat, il se présenta sous la bannière libérale aux élections communales de 1907 à Auderghem, en devint échevin en 1912 et bourgmestre la même année du fait du décès du bourgmestre en titre.
Durant la première guerre mondiale, cet homme s'engagea - lit-on - de manière exemplaire pour la défense de ses concitoyens; mais les besoins de la commune étant énorme, il la fit intégrer le grand Bruxelles dont le bourgmestre était Adolphe Max.


Son épouse s'appelait Jeanne Debroux, ce qui tombait à point car cet homme - d'origine allemande - s'appelait Carl Herrmann. L'association des deux noms a contribué à le belgiciser, ce qui était à  l'époque une sage précaution.
Il s'agissait donc de Carl Herrmann-Debroux (1877-1965) que vous connaissiez sans aucun doute sans vous en douter. Mais vous étiez-vous déjà posé la question ?

mardi 4 novembre 2014

Scientifique ou communicant ?

Quand le ridicule menace le scientifique
Par Nicolas Nicolino
À trop vouloir prouver, on ne montre jamais que ce que l’on veut prouver. Cette tautologie vient de trouver une illustration éclatante à propos d’une maladie épouvantable, le choléra. Et de deux articles signés du journaliste scientifique Stéphane Foucart dans le journal Le Monde (13 puis 20 octobre 2014).

Comme il ne s’agit pas d’éreinter qui que ce soit, on ne citera pas de nom, en préférant se concentrer sur la signification de ces histoires. Commençons par les faits, que personne ne discute : en 2010, une épidémie de choléra frappe l’île martyre de Haïti. Elle a été « importée » sur place par un contingent népalais venu aider le pays après le terrible tremblement de terre. Que faire ? D’évidence, il faut utiliser des produits à base de chlore, dont de l’eau de Javel, car ils permettent de terrasser le vibrion cholérique qui véhicule la maladie. Mais va-t-on le faire ? Selon un certain nombre d’autorités françaises – pour l’essentiel des scientifiques – interrogées par Foucart, non. Certains, jusqu’au sein de la glorieuse Académie des sciences, affirment que l’usage de produits chlorés aurait été rendu impossible à la suite de pressions « écolo-précautionnistes ». Le chlore représentant certains dangers avérés pour la santé, « on » aurait empêché son usage. Certain esprit écologiste, allié à ce fameux principe de précaution vigoureusement défendu par l’ancien président Jacques Chirac en 2005, aurait provoqué une catastrophe humanitaire. Et si ce mot s’impose, c’est que, selon les mêmes, au moins 5 000 morts du choléra auraient pu être évités en Haïti si les écologistes n’avaient encore frappé. Au reste, racontent-ils à Foucart, un article de la fameuse revue Science l’atteste. Ce serait insupportable, mais c’est faux. Les sources évoquées par les défenseurs de ce qu’il faut dès lors appeler une thèse se révèlent évanescentes, l’article de Science est introuvable, et les autorités sanitaires ont utilisé du chlore dès que la présence du choléra a été attestée.

Fin de l’épisode. De l’épisode seulement, car un autre se profile. La sommité mise en cause la première fois se défend, ce qui est bien le moins. Et prétend que « l’afaire du choléra » en Haïti a un précédent. Au Pérou, en 1991, les autorités du pays auraient, elles aussi, refusé de combattre une grave épidémie de choléra avec du chlore, condamnant à mort une partie des malades. Les preuves ? Un article d’un quotidien américain – he Washington Times –, ainsi qu’un papier paru dans la revue Nature. L’agence fédérale américaine de protection de l’environnement – l’EPA –, tenue par certains pour « écolo », aurait trouvé le moyen de convaincre le gouvernement péruvien de ne pas faire usage de chlore. Mais là encore, tout est faux. Le Pérou a utilisé des produits chlorés. L’article de Nature, qui n’est pas scientifique, a été écrit par un journaliste qui demeure très vague sur ses sources, et ne cite qu’un témoin direct des faits supposés : Fred Reiff. Or ce dernier est aussi celui qui signe l’article du Washington Times. Se présentant comme retraité d’une branche de l’OMS, il a plus discrètement été le consultant du Chlorine Chemistry Council, le syndicat du chlore américain.


Morale de l’affaire ? Elle est assez limpide. Un scientifique, quelle que soit l’excellence de sa réputation, reste un homme, soumis à la passion, éventuellement manipulable, capable de laisser sa raison critique au vestiaire avant d’endosser sa tunique de combat. L’un des soubassements majeurs de la rumeur est précisément l’envie – le besoin ? – de croire vrai ce que l’on entend. Il est toujours délicat – et souvent dangereux – pour un scientifique de sortir de son champ de compétence. Car, hors du laboratoire où il règne, le ridicule le menace autant que chacun d’entre nous.

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Voilà ce qui arrive quand on veut faire coucou dans le poste (ou occuper la chaire de vérité, ce qui revient maintenant au même). A chacun son métier.

la cuisine aux armées


Ce monsieur vous est sans doute inconnu. Il s'agit de Charles de Rohan, prince de Soubise, favori de Mme de Pompadour, la favorite de Louis XV.
Il se piquait de cuisine et a donné son nom à une sauce dont voici la recette:

Pour un demi-libre de sauce:

  • 250 g d'oignons
  • 60 g de beurre
  • 12 g de farine
  • environ 1/2 tasse de bouillon de poulet ou de veau, ou de lait.
  • 2 càc de crème fraîche
  • une pincée de noix de muscade
  • une pincée de sucre en poudre
  • sel et poivre

Mise en oeuvre

  • hacher très fin les oignons puis les faire blanchir (ou les faire longuement suer dans une poêle avec du beurre, sans les laisser brunir)
  • ajouter la farine et laisser prendre pendant environ 5 minutes
  • ajouter ensuite le bouillon et assaisonner; amener à ébullition en mélangeant constamment, puis laisser frémir pendant 45 minutes en remuant de temps en temps
  • passer au chinois
  • refaire cuire pendant 5 minutes après y avoir ajouté la crême fraîche
  • mettre au bain-marie jusqu'au moment de servir.
Jusque là ça va. Parce que sur le terrain le prince de Soubise était nettement moins brillant. Affronté au roi Frédéric II à Rossbach avec 42000 hommes alors que son adversaire n'en avait que 22000, il a pris la dégelée de sa vie, et son armée a laissé 10000 hommes dans l'affaire.

dimanche 2 novembre 2014

au rebours de James Watson


qui n’était qu’un scientifique pur c'est-à-dire que seule science intéressait, M. Robert Boyle était aussi un être humain. La loi de la thermodynamique sur les gaz (P1V1=P2V2 ; en français courant : le produit du volume par la pression est une constante), c’est lui ; elle a permis d’éviter d’innombrables accidents de plongée. Mais à vrai dire ce qui m’a plus chez ce monsieur c’est la réflexion suivante que j'apprécie :
« On ne peut pas arriver à la connaissance de bon nombre de vérités difficilement accessibles sans fréquenter des personnes médiocres et sans s’abaisser d’autres semblables façons que la bonne opinion désapprouve chez les grands hommes et considère comme une disgrâce. » 
Galilée était fait du même bois : il fréquentait assidûment les ouvriers et artisans de l’arsenal de Venise dont le savoir et le savoir-faire l'ont aidé dans ses travaux..


[1] James Watson a reçu le prix Nobel de physiologie et médecine en 1962, avec Francis Crick, et celui qu’on ne cite jamais : Maurice Wilkins, pour leurs travaux sur l’ADN.
James Watson s'est fait remarquer par des propos déplacés sur les noirs, les femmes et les homosexuels. Prix Nobel en 1962 avec Francis Crick.

Plus oubliée encore est Madame Rosalind Franklin (morte à 38 ans d'un cancer de l'ovaire) dont les travaux sur la diffraction de l'ADN par les rayons X ont permis tous les autres ; elle n'est pas citée, même à titre posthume.

Que cette injustice soit ici réparée, au moins en partie. Honneur à Mme Rosalind Franklin.

 http://en.wikipedia.org/wiki/Rosalind_Franklin

L'autre oublié, tout à fait celui-là sauf pour les spécialistes, est Raymond Gosling qui a également travaillé sur la diffraction de l'ADN par rayons X ; sa malchance ? être un homme. Si Mme Rosalind Franklin est devenue une légende du féminisme, M. Gosling n'a pas eu cette chance.