lundi 28 mars 2016

La date de Pâques

http://www.bbc.com/news/magazine-35880795
équinoxe de printemps => pleine lune suivante => dimanche suivant: c'est Pâques
(reçu de John)




Le concile de Nicée où s'est entre autre disputé sur la date de Pâques

Grégoire XIII qui a imposé LE nouveau calendrier en 1582, toujours en  usage actuellement.


LC Après le suicide du professeur Maignien à l'hôpital Pompidou

« Certaines personnes me disent parfois, un peu sur le ton de la provocation, que notre système est tellement sélectif que ne peuvent arriver tout en haut de la pyramide que les gens caractériels ou sans foi ni loi », confie Loïc Capron. « Dans la réalité, plus de 90 % des médecins ayant des responsabilités à l’hôpital sont des gens compétents médicalement et humainement, ajoute-il. Mais c’est vrai qu’il existe une petite minorité de gens, souvent ultra-brillants mais humainement épouvantables. Incapables de diriger une équipe, ils pourrissent la vie de leurs collaborateurs. »

Typologie et allégorie

L'allégorie illustre et applique le donné premier à une situation nouvelle tandis que la typologie l'interprète. Cette dernière a une fonction herméneutique différente de celle de l'allégorie.

Palimpseste

 "Un palimpseste est un parchemin dont on a gratté la première inscription pour en tracer une autre, qui ne la  cache pas tout à fait, en sorte qu'on peut y lire, par transparence, l'ancien sous le nouveau... Un texte peut toujours en lire un autre, et ainsi de suite jusqu'à la fin des textes." (G. Genette)

Exemple : "Novum testamentum in vetere latet, Vetus in novo patet."
St Augustin

jeudi 24 mars 2016

Bruxelles après les attentats de mardi (fm LC)

LC Le cercle du génie disparu - à propos de Alexandre Grothendieck

Le cercle du génie disparu

Certains êtres refusent toute forme d’incarcération, qu’elle soit sociale, professionnelle ou institutionnelle. Ils ressentent déjà comme un emprisonnement le seul fait de se voir imposer des codes ou attribuer une fonction officielle, un titre, un statut, une simple étiquette. Ils ont donc besoin, en toutes circonstances, de sentir qu’ils sont libres. Si ce n’est pas le cas, alors ils choisissent de se retirer, de disparaître du regard des autres.
Lequel d’entre nous peut prétendre qu’il ne les comprend pas au moins un peu ? Qui n’a jamais senti poindre en lui-même l’angoisse d’un exilé chez les araignées, la pulsion irrépressible de plier bagage, un désir fou d’errance définitive ?
Deux livres passionnants viennent de paraître, qui éclairent cette question (1). L’un comme l’autre, mais dans deux styles différents, retracent la vie et l’œuvre d’un mathématicien génial qui, un beau jour, a ainsi choisi de prendre la tangente de la société : Alexandre Grothendieck.
Pour respecter sa volonté d’effacement, on ne devrait même pas prononcer son nom ni parler de ses travaux. Il a en effet réussi l’exploit d’avoir été l’un des plus grands mathématiciens et d’être finalement devenu le plus discret de tous. Chercheur incandescent, puis écologiste radical au début des années 1970, enfin ermite retiré du monde pendant vingt-trois ans, il a eu trois ou quatre vies successives entre sa naissance, le 28 mars 1928 à Berlin, et sa mort, en 2014, dans un village reculé de l’Ariège.
Enfant d’une famille de révolutionnaires d’Europe centrale, il est arrivé en France en 1939 et a connu les camps d’internement. Mais il trouva un refuge qui deviendra son royaume : les mathématiques.
Le monde des mathématiques, lui, l’a découvert en 1958, au congrès mondial d’Édimbourg, où il présenta une refondation de la « géométrie algébrique » qui sera sa grande œuvre, une sorte de cathédrale conceptuelle construite en collaboration avec deux autres mathématiciens, Jean Dieudonné et Jean-Pierre Serre. En quoi cela consiste-t-il ? Difficile à dire mais, en gros, si vous tracez un cercle avec un compas, vous faites de la géométrie. Si vous écrivez x2 + y2 = 1, c’est-à-dire l’équation d’un cercle, vous devenez un algébriste. Grothendieck, lui, a voulu fonder une géométrie radicalement nouvelle à partir de deux concepts clés, les schémas et les topos, qu’on me remerciera de ne pas développer.
De 1950 à 1965, Grothendieck fit des mathématiques, seulement des mathématiques. Il fut un travailleur acharné et monomaniaque. Mais un jour, il finit par découvrir la politique. En 1966, il refusa d’aller chercher sa médaille Fields à Moscou, où deux intellectuels venaient d’être condamnés à plusieurs années de camp pour avoir publié des textes en Occident sans autorisation. L’année suivante, il passa trois semaines au Vietnam pour protester contre la guerre lancée par les États-Unis. À partir de 1971, inquiet pour l’avenir de l’humanité, il consacra l’essentiel de son temps à l’écologie radicale au sein du groupe « Survivre et vivre ». En août 1991, il choisit de disparaître dans un village tenu secret après avoir confié 20 000 pages de notes à l’un de ses anciens élèves. Dès lors, il ne parlera plus qu’aux plantes, qu’il considérait comme ses seules amies.
Le nom d’Alexandre Grothendieck sonne un peu comme la promotion de l’évanescence dans l’ontologie radicale. Sa disparition donne à croire qu’elle le résume et le raconte davantage que tout le reste. Le choix qu’il a fait de s’évader rétro-projette son ombre sur tous les événements antérieurs de sa vie. Comme s’il n’avait jamais eu d’autre intention que celle d’échapper un jour au commerce des hommes. Mais raisonner ainsi serait injuste, car ce serait oublier l’homme, ses vies successives et son œuvre, qui est monumentale et demeure en partie inexplorée.
Pirandello, le grand écrivain sicilien, souligna à maintes reprises les périls de la réflexion lorsqu’elle est poussée à l’excès : la passion du raisonnement, vécue de façon exclusive, peut avoir pour revers le soliloque absolu ; l’activité intellectuelle, lorsqu’elle s’applique à corroder l’univers réel, incline à l’ironie, fait rire jaune, et finalement conduit à rejeter le monde tel qu’il est, à se distancier des hommes et des choses, à se réfugier dans l’abstraction. Or, comme l’écrivait Louis-Ferdinand Céline, « il peut y avoir beaucoup de folie à s’occuper d’autre chose que de ce qu’on voit ».
Les génies, ceux qui pensent ce que les autres ne pensent pas, ou qui voient au-delà des réalités empiriques, auraient-ils plus de mal que nous autres à vivre en société ?
Étienne Klein
(1) Philippe Douroux, Alexandre Grothendieck. Sur les traces du dernier génie des mathématiques, Éd. Allary, 250 p., 18,90 €. Yan Pradeau, Algèbre, Éd. Allia, 144 p., 7,50 €.

http://www.la-croix.com/Le-cercle-genie-disparu-2016-03-23-1100748729?&PMID=d6c105ff084145913ded2e1bfaee96f0

dimanche 20 mars 2016

Médiatisation

Mot ancien, remis en service grâce aux moyens de communication actuels, appelés "médias".
 
Médiatisation , nom féminin

samedi 19 mars 2016

La Madeleine chez le pharisien


http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?i=293



Avec dans les rôles de:
le pharisien Simon : Ernest Renan
le Christ :  Albert Duc-Quercy, journaliste socialiste;
la madeleine : Liane de Pougy, une demi-mondaine, de son vrai nom Anne-Marie Chassaigne;
et le chimiste Eugène Chevreul, Alexandre Dumas fils (auteur de La dame au camélia), Louis Reyer, le Dr Adrien Proust (père de Marcel, hygiéniste), Hippolyte Taine, Jean Béraud (l'auteur de la toile) et quelques autres en sus.

Alexandre Dumas fils

John Lemoine
publiciste, rédacteur au Journal des Débats
Adrien Achille Proust
hygiéniste, père de Marcel
Ernest Renan
Liane de Pougy
Jean-Jacques Weiss
professeur, homme de lettres
bonapartiste puis royaliste modéré
 
Hippolyte Taine
historien, scientiste et positiviste
a assisté à une expérience de vésication par Charcot (!!!)
 Edmond Taigny
collectionneur d'art
arts décoratifs, extrême-orient
Eugène Chevreul
acides gras, saponification, créatine
acide margarique (stéarique + palmitique)
« Jésus, un homme incomparable »
Les années 1890 – « l’après-Jules Ferry » – voient se multiplier les dissonances au sein de la République. Les difficultés économiques liées à la crise de 1882 engendrent un climat social difficile, marqué par des grèves, notamment à Decazeville en 1886. La montée de l’antiparlementarisme et celle d’un nationalisme revanchard ont permis au général Boulanger de rassembler autour de son képi une coalition de mécontents dont les ressentiments, exploités par la droite antirépublicaine, perdurent au-delà de l’échec et de la fuite du général (1er avril 1889), tandis que se développe le socialisme. Le monde de la pensée n’est pas moins troublé, au centre duquel trône Ernest Renan, célèbre depuis la publication en 1863 de La Vie de Jésus – best-seller du siècle –, livre qui exprime la profonde humanité du Christ, « homme incomparable ». Penseur, philosophe, historien, mais aussi homme de pouvoir, Renan publie en 1891 L’Avenir de la science, sorte de testament du siècle qui s’achève. Il est alors plus que jamais le « pape » de la vie intellectuelle. En cette même année 1891, le pape Léon XIII publie l’encyclique Rerum novarum, qui dénonce les excès du capitalisme d’un côté, et le socialisme de l’autre.

mardi 8 mars 2016

Le courrier électronique a perdu son inventeur LC 20160308

Plus de 2,6 milliards d’humains ont aujourd’hui une adresse électronique.
Ils le doivent à un informaticien américain, Ray Tomlinson, qui vient de mourir à 74 ans.
L’auteur du premier véritable e-mail est décédé samedi aux États-Unis. Ray Tomlinson, âgé de 74 ans, était un programmateur informatique, un géant barbu et souriant, dont le nom n’est pas devenu célèbre, mais qui était très respecté dans la communauté des informaticiens. Son héritage se résume
surtout à un caractère. C’est lui qui a eu l’idée d’utiliser pour la première fois le signe @ pour créer une adresse e-mail, ouvrant la voie à la généralisation du courrier électronique.
En 1971, Ray Tomlinson était un jeune chercheur en informatique américain, diplômé du prestigieux
MIT (Massachusetts Institute of Technology). Il travaille alors dans une société privée, Bolt, Beranek
and Newman (BBN), créée par des enseignants du MIT. Il a rejoint une petite équipe qui explore les
possibilités ouvertes par le réseau Arpanet, l’ancêtre d’Internet. Ce réseau était encore, à l’époque, réservé aux chercheurs et aux militaires. Il développe alors l’idée d’un programme informatique permettant d’adresser des messages d’ordinateur à ordinateur, via ce réseau.

Dans un entretien à la radio publique américaine, en 2009, il avait raconté : « J’ai commencé par
envoyer des messages entre deux ordinateurs qui étaient dans mon bureau. Les claviers étaient distants de 25 cm et je pouvais faire rouler ma chaise pour passer d’un clavier à l’autre… Les premiers messages que je me suis envoyés étaient une suite de caractères au hasard. Ils étaient totalement oubliables et ont donc été oubliés… »

Le signe @ existait déjà, mais il restait peu utilisé. En particulier, il n’était présent dans aucun nom
propre, si bien que Ray Tomlinson a eu l’idée de s’en servir pour marquer la séparation entre un nom
et un réseau auquel une personne était rattachée. Et c’est ainsi qu’il est devenu possible de faire parvenir un e-mail à son destinataire.
Le signe se lit en anglais « at », ce qui se traduit par la préposition « à », même si le @ se dit en français « arobase ».

C’est seulement au début des années 1990 que le système des e-mails s’est répandu, lorsque le
réseau Internet a commencé à se développer. À l’époque, les fournisseurs d’accès s’appelaient Compuserve ou Caramail… Leur nom évoque désormais le temps des modems qui se connectaient sur les lignes téléphoniques avec des grésillements et des bips…

L’e-mail a été le premier usage du réseau, avant la consultation de sites. Aujourd’hui, la messagerie
reste une fonction essentielle d’Internet. Plus de 2,6 milliards d’humains ont au moins une adresse
de messagerie électronique, selon les chiffres de Radicati Group (et il existe plus de 4,4 milliards de
comptes e-mail). En 2015, 205 milliards d’e-mails ont été envoyés, sans compter les spams (les messages indésirables) qui représentent au moins 55 % du trafic…

L’e-mail n’est plus l’unique canal de communication, depuis l’arrivée des réseaux sociaux et des messageries de tchat, qui permettent un dialogue en direct. Mais il reste une fonction importante.
Ray Tomlinson était resté l’employé de l’entreprise américaine de défense Raytheon, qui avait acheté
BBN. Son employeur lui a rendu hommage dans un communiqué indiquant : « Son travail a changé
la façon dont le monde communique et pourtant, malgré toutes ses réussites, il est resté humble, gentil et généreux de son temps et de ses talents. »
Alain Guillemoles

Danielle Moyse Mourir les yeux ouverts 20160308 LC

Peu après la dernière révision (27 janvier 2016) de la loi Leonetti (22 avril 2005) sur la fin de vie, introduisant l’autorisation d’une « sédation profonde et continue » du mourant jusqu’à son décès, et l’adoption par le Bundestag d’une loi reconnaissant la possibilité du suicide assisté (6 novembre 2015), même si elle interdit son organisation par des associations, principalement à des fins  commerciales, il me fut donné de lire le commentaire du Livre des morts tibétain proposé par Chögyam Trungpa.
Je fus si frappée par sa salutaire « inactualité », que je me demandai si son propos était encore audible
dans notre horizon culturel.
Trungpa déclare en effet : « Il semble nécessaire de dire à la personne qu’elle est en train de mourir, à moins qu’elle soit dans le coma ou incapable de communiquer. Un tel pas est peut-être difficile à franchir, mais si l’on est l’ami ou le conjoint du mourant, c’est la plus belle occasion de lui faire vraiment confiance. (…) Il est très important d’entrer en relation avec la personne mourante, de lui dire que le moment n’est plus de considérer la mort comme un mythe, car elle est vraiment là. »
Trungpa voit en ce rapprochement « la plus grande démonstration d’amitié ». Il relie même la
difficulté occidentale à accomplir un tel mouvement, à « un refus (…) terrible, fondamental,
de l’amour » : « Personne, dit-il, ne veut réellement venir en aide à une personne qui est dans l’état
d’esprit d’un mourant. » De fait, ce texte, écrit en 1975, nous interroge au plus profond de notre
attitude commune envers la mort, car nous pressentons qu’il ne confond l’« aide à mourir » ni
avec le geste létal, ni avec l’endormissement des mourants. Là où Trungpa fait la dérangeante
proposition que la preuve ultime d’amour serait d’aider un agonisant à apprivoiser l’approche de
sa mort, c’est-à-dire de rendre possible qu’il la rencontre, l’« aide à mourir » a fini par signifier principalement : faire venir la mort médicalement.
Les débats sur la fin de vie sont certes devenus intenses dans nombre de pays occidentaux, quelles que soient les spécificités de leurs législations respectives sur la question. Mais n’attendonsnous
pas confusément des médecins qu’ils fassent en sorte que les êtres humains n’aient plus à traverser
le dernier moment de leur vie ? L’aide à soutenir la venue de la mort dont parle Trungpa est-elle imaginable et acceptonsnous encore l’éventualité de mourir les yeux ouverts ? Là où les maîtres bouddhistes soulignent l’importance de la lucidité du mourant au moment de sa mort, à chaque fois que cela est possible, nous demandons presque tous à la loi d’organiser une situation telle que nous pourrions anticiper la mort, mais sans en faire l’épreuve. Nous en sommes venus à penser que l’idéal est de mourir sans rencontrer la mort.
La proposition de plonger définitivement les mourants dans l’inconscience n’est autre que l’expression de cet idéal.
Aussi réconfortante que puisse paraître la mise en pratique de celui-ci, ne risque-t-elle pas de
balayer toute autre approche de la venue de la mort, et le sommeil artificiel, qui met un terme
à toute relation, n’en sera-t-il pas désormais le prélude obligatoire ?
Retrouver la chronique de Danielle Moyse sur Philosophies.tv

lundi 7 mars 2016

Clara Zetkin (1857-1933)


Lors du congrès des femmes socialistes à Copenhague le 8 mars 1910, Clara Zetkin (originellement Eissner) a proposé de faire du 08 mars la journée internationale des femmes. Son but était de promouvoir le droit de vote des femmes.
Clara Zetkin est une féministe de gauche qui a contribué à créé le mouvement communiste allemand.
Morte à Moscou où elle s'est exilée à l'arrivée des nazis au pouvoir en 1933. Enterrée sur la Place Rouge. 

jeudi 3 mars 2016

Guillaume de Baskerville ou Jorge de Burgos

Le dialogue entre Guillaume et Jorge de Burgos est subtil et profond, plus que ne peut en rendre compte un spectacle de (bon) divertissement, mais je crois bien que Jorge est le plus profond ou le plus perspicace des deux :
« Mais si un jour quelqu’un, agitant les paroles du Philosophe [Aristote]… amenait l’art du rire à une forme d’arme subtile, si la rhétorique de la conviction se voyait remplacée par la rhétorique de la dérision, si la topique de la patiente et salvatrice construction des images de la rédemption se voyait remplacée par la topique de l’impatiente démolition et du bouleversement de toutes les images les plus saintes et vulnérables – oh ce jour-là toi aussi et toute ta science, Guillaume, vous serez mis en déroute ! » (Le nom de la Rose, le livre, pas le film)
Tiré d'un blog à l'adresse suivante:

nos lions, dragons et monstres

« Ce n’est pas à nous de nous croire les dompteurs de nos lions intérieurs. Mais, tout-à-coup nous nous sentons marcher à côté d’eux comme dans un triomphe, sans pouvoir nous rappeler l’instant même où se faisait cette inconcevable réconciliation (pont à peine courbé qui relie le terrible au tendre…) »
Rainer Maria Rilke, Lettre à Merlin (1920)

mardi 1 mars 2016

Calendrier julien ou comment et pourquoi est née l'année bisextile

1er janvier 45 avant JC

Naissance du calendrier julien


Le 1er janvier de l'an 708 de la fondation de Rome (l'an 45 avant JC) entre en vigueur à Rome un nouveau calendrier conçu sous l'égide de Jules César.
Ce calendrier a été employé sans modification pendant près de deux millénaires et c'est une version à peine modifiée en 1582 par le pape Grégoire XIII qui s'est aujourd'hui imposée sur toute la planète.
Jean-François Zilberman

La lune défaite par le Soleil

Aux premiers temps de Rome, la mesure du temps se fondait sur les cycles de la lune (celle-ci tourne autour de la Terre en 29 jours et demi environ).
Au début, l'année comportait 304 jours répartis en dix mois inégaux de 30 ou 31 jours (Martius, Aprilis, Maius, Junius, Quintilis, Sextilis, September, October, November, December).
Il s'y est ajouté deux mois, Januarius et Februarius, de façon que l'année coïncide avec le cycle solaire et respecte le rythme des saisons. Pour les Romains, peuple de pasteurs et d'agriculteurs à l'esprit pratique, il était en effet essentiel que les travaux agricoles (labours, semailles, moissons...) reviennent toujours aux mêmes dates
Plusieurs mois étaient dédiés aux dieux :
– le premier au dieu de la guerre, Mars ;
– le troisième à Maïa, une amante de Jupiter (les chrétiens ont plus tard dédié ce mois (mai) à la Vierge Marie) ;
– le quatrième (juin) à Junon, épouse de Jupiter (à moins que ce ne fût à Junius Brutus, l'un des fondateurs de la République romaine) ;
– le onzième (janvier) à Janus, un dieu à double face ;
– le dernier mois (février) était le mois des morts ; il était consacré à des purifications et réputé néfaste.
Jusqu'en 153 avant JC, l'année débutait donc le 1er mars, d'où les noms de septembre, octobre, novembre et décembre que portent encore les anciens mois de rang 7, 8, 9 et 10.
Trois jours importants rythmaient les mois : les Calendes (1er jour), les Nones (le 5e ou le 7e) et les Ides (le 13e ou le 15e).
Il était habituel aux Romains de payer les intérêts de leurs dettes le premier jour de chaque mois. C'est ainsi que, de ce jour appelé Calendes, nous est venu le mot«calendrier». Ce mot a d'abord désigné le registre où étaient inscrits les comptes puis la mesure du temps elle-même.
Malgré les deux mois complémentaires de janvier et février, l'année calendaire dérivait par rapport au cycle solaire et les Pontifes, qui réglaient à Rome les affaires religieuses, devaient affiner le calendrier en ajoutant tous les deux ans quelques jours supplémentaires. Ils usaient de ce privilège en fonction de leurs intérêts, pour allonger ou raccourcir le mandat des consuls, ces derniers étant élus pour une année non renouvelable.

Jules César domestique le temps

En 46 avant JC, Jules César décide d'en finir avec les fantaisies pontificales. Il introduit un judicieux calendrier mis au point par l'astronome Sosigène d'Alexandrie.
Le maître de Rome impose une année de 365 jours divisée en 12 mois de longueur inégale. Il la fait aussi débuter le 1er janvier (cette règle est tombée en désuétude à la fin de l'empire romain et n'allait s'imposer en Occident qu'au XVIe siècle seulement).
Pour réduire l'écart entre l'année calendaire et la rotation de la Terre autour du soleil, on convient d'ajouter un jour au calendrier une fois tous les quatre ans. Ce 366e jour est introduit après le 24 février. Comme les Romains nomment les jours ordinaires d'après le jour important qui les suit, il est désigné par l'expression : sexto ante calendas martii(sixième jour avant les calendes de mars). Le 366e jour est en conséquence appelé bis sexto ante... D'où le nom de bissextile qui est encore donné aux années correspondantes !
La mise en place du nouveau calendrier intervient donc le 1er janvier de l'an 708 AUC(ab urbe condita, en français : depuis la fondation de la ville), autrement dit 708 ans après la fondation de Rome selon le calcul des années en vogue à l'époque. Elle est précédée par une «année de confusion» de 445 jours en vue de réaligner une bonne fois pour toutes le début de l'année sur l'équinoxe de printemps.

Auguste ne vaut pas moins que Jules

Sur une proposition du Sénat de Rome, le cinquième mois de l'année (Quintilis) est renommé Julius (le nom s'est transformé en juillet dans notre langue) pour remercier Jules César d'avoir réformé le calendrier.
Plus tard, son successeur Auguste remet la réforme sur les rails. Il supprime les années bissextiles sur une période de 12 ans pour gommer un léger décalage entre le calendrier de son prédécesseur et le cycle solaire. Flatteur, le Sénat décide en conséquence de donner son nom au sixième mois de l'année (Augustus, qui devient août en français)... Mais dans le calendrier initial, ce mois avait 30 jours contre 31 pour Julius !
Afin de mettre César et Auguste sur un pied d'égalité, on enlève donc un jour à février pour le donner au mois d'août... et l'on attribue 30 jours au lieu de 31 aux mois de septembre (le septième mois dans l'ancien calendrier romain) et de novembre, ainsi que 31 jours au lieu de 30 aux mois d'octobre et de décembre.
Le calendrier julien dominera l'Occident pendant 16 siècles jusqu'à la réforme du pape Grégoire XIII.