dimanche 26 octobre 2014

Illumination

* pour les pauvres les lumières de Noël durent toute l'année

Non, ce n'est pas Noël et ses illuminations, ni les bûchers de l'inquisition espagnole quoique...

Ce bref** est consacré aux alumbrados (illuminés en espagnol, "allumés" dans la langue courante).

Epoque : le 16ème siècle : entre 1517 et 1524 se manifestent à Guadalajara et Salamanque plusieurs personnalités de la classe moyenne bourgeoise, peut-être des « conversos », c’est-à-dire des juifs convertis.

En 1525 ils sont condamnés par le grand inquisiteur pour hérésie proche de la réforme protestante.
Ils sont opposés au monachisme, à l’existence de l’enfer, à la confession et aux rites traditionnels. Opposés au recogimiento (retraite et recueillement) ils lui préfère le dejamiento (l’abandon à la grâce de Dieu). Il paraît que le succès d’Erasme en Espagne y serait pour quelque chose.
Deuxième couche de 1570 à 1630, dans d’autres régions d’Espagne (Estremadure, Haute Andalousie et Séville) condamnée également par divers édits.

Au cas où... ils ont été condamnés sur papier; nulle part il n'est question de bûcher, de tortures, de question... Les préjugés et les idées reçues ont la vie dure, mais ce ne sont qu'idées reçues et préjugés.
Déçus hein ?

Intermezzo
Quand j'avais quinze ou seize ans, j'ai appris que l'Eglise se méfiait des mystiques, ce qui me choquait beaucoup à l'époque. Lorsque beaucoup plus tard m'est apparu le nombre de sottises et d'escroqueries qui circulaient sous le couvert de mystique, j'ai compris pourquoi on se méfiait de prime abord des mystiques ; le bon sens est un bon garde-fou. L'ennui c'est que l'inquisition ne savait pas toujours faire le départ entre vrais et faux mystiques; Jean de la Croix que certains considèrent comme tel, était en fait très raisonnable et même rationnel, mais pour le comprendre il fallait savoir lire, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

Postérités: les Rose-Croix et les guérinet(te)s.
Les Rose-Croix :  seraient nés d'un canular d'étudiants allemands ; leur seule ressemblance avec les alumbrados est l'organisation de réunions nocturnes (ce qui est assez prévisible pour les alumbrados, non ?).


(c'est comme ça que les Rose-Croix voient les choses)

Les guérinets et guérinettes sont les élèves d'un prêtre de Picardie qui s'était mis en tête d'éduquer les jeunes filles (on vous brûlerait pour moins que ça). Accusation, procès et relaxe car il n'y avait rien à reprocher à l'abbé Guérin qui a continué sa tâche en Île de France, sans plus être inquiété.

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Je vous conseille de lire les articles en anglais et en français consacrés à ce sujet : un monde de différences et de qualité.

Au cas où l'aventure vous tenterait :
http://en.wikipedia.org/wiki/Alumbrados
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** bref (vieux français) : signifie message court ; d'où dérive le néerlandais brief.

Dithyrambe

Voilà un mot qui a presque disparu du vocabulaire courant, même un peu savant; pourtant il a connu une grande fortune par le passé.





Dithyrambe - Διθυραμβος

Viendrait du grec δι-θυρα = double porte, qui désigne Dionysos, entré dans la vie par une double porte ; la mère de Dionysos, appelée Sémélé, séduite et fécondée par Zeus, lui avait demandé de pouvoir le contempler, ce qui impossible à qui tient à la vie ; qu’à cela ne tienne, l’imprudente a bien sûr tenté le coup. Sur quoi Zeus n’a vu d’autre moyen de sauver l’enfant sorti du sein de Sémélé, que de l’enfermer dans sa cuisse jusqu’à sa naissance. D’où l’expression « se croire né / sorti de la cuisse de Jupiter* ».




À l’origine cantique en l’honneur de Dionysos (dieu de la vigne, d’où l’état des choristes à l’origine et sans doute encore longtemps) entonné par des choristes mâles déguisés en satyres, accompagné d'un hautbois à double corps (appelé aulos, que joue un aulète) sous la direction d’un choryphée, qui est à l’origine de la tragédie grecque.




Par extension louange enthousiaste, le plus souvent exagérée, pompeuse et emphatique. Et en pratique il ne reste que l'adjectif : dithyrambique.

A noter : si "louange dithyrambique" est un pléonasme vicieux (à ne pas confondre avec un pléonasme de style, utilisé pour renforcer une image), "propos dithyrambique" est correct.


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A cette expressions BCBG, je préfère "ne pas se prendre pour une roue de vélo" ou "~ pour la queue de la poire". Si la caque sent toujours le hareng, pourquoi vouloir à tout prix sentir autre chose, je vous le demande.

Le Royaume

Auteur : Emmanuel Carrère, fils d'Hélène Carrère d'Encausse[1], 54 ans environ, auteur aussi de "Limonov" (tombé des mains de Marie-Claude), "D'autres vies que la mienne" (nous a beaucoup plu), "L'adversaire", "Un roman russe" etc...
Visait le Goncourt cette année avec "Le Royaume" mais n'a pas été retenu dans la présélection. S'il l’a écrit en visant le prix, tant pis pour lui.


Description brève (le livre compte plus de 600 pages)
Première partie : autobiographique ; il y raconte sa bouffée catho vers l'âge de trente ans, comment ça lui est tombé dessus, comment ça lui est passé et à quoi ça lui a servi : à écrire le livre en question.
Intermède : je note qu’il enquête sur le christianisme des premiers siècles après avoir dit qu'il essayait de comprendre ce qui habite les cathos d'aujourd'hui, ce qui fait une marge d’erreur de 20 siècles.
Deuxième partie: les débuts du christianisme, sa vision des principaux personnages et de la vie dans la Rome de l'époque, avec très nombreuses références aux textes (évangiles, actes des apôtres, Renan, Hyam Maccoby, un peu Loisy, un peu Nietzsche, l'une ou l'autre citation bouddhique et quelques autres); avec de nombreuses digressions où il revient sur sa vie, ses réflexions ou ses activités.
Troisième partie : le livre se termine par la relation d’un une participation aux activités du centre de Jean Vannier et la phrase finale "Je ne sais pas" (600 pages pour en arriver là, c'est bizarre et fréquent, hélas).
Lu aussi quelques articles sur le sujet, certains dithyrambiques (peut-être des copains qui espèrent un renvoi d'ascenseur), d'autres nettement moins flatteurs (Pierre Assouline et Eugénie Bastié en particulier). Je rejoins assez Pierre Assouline, juif lui-même, connaît bien les textes et comme écrivain sait tenir une plume (ce qui est bien davantage que "taper sur un clavier").

1ère observation : : c'est trop long; six cents pages pour ça, c'est beaucoup trop même si à l’exception de quelques longueurs, le livre se laisse lire.

2ème observation : catho comme ça, je l'étais avant vingt ans et puis ça m'est passé. L'être à trente, ça m'étonne un peu mais au fond à chacun son itinéraire.

3ème observation : quand on s’aperçoit que ça sonne faux, ce qui était son cas, on peut aussi chercher l'erreur et changer de cap, au lieu de tout laisser tomber ; son erreur était de répéter docilement ce qu'il avait lu et entendu en essayant d'y croire ; sur ces sujets-là surtout 'il faut réfléchir, se poser des questions, douter.

4ème observation : Le courant chrétien a permis de fonder une civilisation qui a duré jusqu'à aujourd'hui, même si certains "alumbrados"[2] des Lumières et certains rationalistes[3] en ont pillé, usurpé ou détourné l'héritage à leur profit. Carrère se dit libre-exaministe ; il me rappelle une phrase de Levinas sur l’illusion d’être penseurs où vivent certains libre-penseurs[4]. Un examen est honnête et intelligent s’il est mené à charge et à décharge, comme toute instruction. Et puis qu’est-ce que cette prétention à l’examen libre et à la pensée du même bois ?

5ème observation (pour le moment) : notre époque n’entretient plus comme philosophie que celle des droits de l’homme et autres trucs mous. Tout comme l’empire romain finissant, toujours d’après lui.
La civilisation inca s’est effondrée lorsque les incas ont douté de dieux qui ne les avaient pas protégés ; d’où baisse soudaine de la fécondité. Notre monde fait peu d’enfants, laisse se détruire les nids qui les auraient accueillis (les familles) et ne « croit » plus en son dieu. Peut-être notre civilisation est-elle morte. On ne parle d’ailleurs plus de civilisation mais de société "civile", vivre-ensemble (prière de mettre la bouche en cœur). Un juriste de l’ULB regrettait que nous ne soyons plus assez convaincus (autrement dit : que nous n’y croyons plus) de nos raisons de vivre et d’agir pour les transmettre.


[1] Secrétaire perpétuelle de l’académie française, auteur de « L’empire éclaté » entre autres.
[2] Voir un prochain blog
[3] « Le fou est celui qui a tout perdu, sauf la raison » (GK Chesterton)
[4] « Libre penseur. Penseur suffirait » (Jules Renard)

vendredi 24 octobre 2014

N'en jetez plus, ma boîte aux lettres est bourrée

Le concours est terminé; inutile d'envoyer encore vos réponses à mon quiz pictural terminé par la photo sympa du grand père qui a dessiné les chromos.


Trêve de (mauvaise) plaisanterie, l'auteur s'appelle Ronald Brooks Kitaj (prononcez : Kitaï).

Né en 1932 et mort en 2007. Père hongrois qui a l'élégance de plaquer sa mère, américaine née de juifs russes, dont le nom est Brooks; elle se remarie avec un réfugié viennois le Dr Kitaj (devinez pourquoi), d'où le double nom du gamin.
Marine marchande à 17 ans ; étudie au passage à l'Akademie für Bildende Künste de Vienne, puis à New-York puis, après deux ans d'armée, à Londres et Oxford ; bref, ce monsieur a beaucoup étudié.

Passion pour Cézanne et Degas, lui-même élève d'Ingres, dit-on (mais que ne dit-on pas).

Considéré comme un des artistes du Pop Art mais contrairement aux autres, il ne s'intéressait guère aux médias et à la culture de masse (quand je vous disais qu'il valait le détour).

Une rétrospective de ses oeuvres à la Tate Gallery a été démolie par la critique londonienne, ce qu'il a d'autant plus mal pris que sa seconde épouse est morte sur ces entrefaites. Fin de sa vie à Londres, nouvelle vie à Los Angeles.

Oeuvres sur post-it pour une vente de charité organisée par 3M; post-it le plus cher de l'histoire (935.0 $ - noté au Guiness Book).

Utilise des matériaux usagés, ce qu'il nomme "agitational usage".

Occupé de son origine juive, même lointaine (aucun de ses deux parents n'était pratiquant), il se considère lui-même comme un "juif errant" et s'intéresse à l'Holocauste, à Kafka et à Walter Benjamin, représenté deux fois dans la peinture "Autumn of Central Paris" (je vous laisse chercher).



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Au fait le Pop Art: peinture figurative, surfaces de couleurs vives, économie de lignes, apposition de plans évoquant les collages, loin du modernisme et de l'abstrait (c'est du moins ce que j'ai lu).

"Et la tendresse, bordel" - titre d'un film (français évidemment)


https://www.youtube.com/watch?gl=BE&v=PLk31tFwUpA 

On peut vivre sans richesse
Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses
Y'en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse
On ne le pourrait pas
Non, non, non, non
On ne le pourrait pas

On peut vivre sans la gloire
Qui ne prouve rien
Etre inconnu dans l'histoire
Et s'en trouver bien
Mais vivre sans tendresse
Il n'en est pas question
Non, non, non, non
Il n'en est pas question

Quelle douce faiblesse
Quel joli sentiment
Ce besoin de tendresse
Qui nous vient en naissant
Vraiment, vraiment, vraiment

Le travail est nécessaire
Mais s'il faut rester
Des semaines sans rien faire
Eh bien... on s'y fait
Mais vivre sans tendresse
Le temps vous paraît long
Long, long, long, long
Le temps vous parait long

Dans le feu de la jeunesse
Naissent les plaisirs
Et l'amour fait des prouesses
Pour nous éblouir
Oui mais sans la tendresse
L'amour ne serait rien
Non, non, non, non
L'amour ne serait rien

Quand la vie impitoyable
Vous tombe dessus
On n'est plus qu'un pauvre diable
Broyé et déçu
Alors sans la tendresse
D'un coeur qui nous soutient
Non, non, non, non
On n'irait pas plus loin

Un enfant vous embrasse
Parce qu'on le rend heureux
Tous nos chagrins s'effacent
On a les larmes aux yeux
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu...


Dans votre immense sagesse
Immense ferveur
Faites donc pleuvoir sans cesse
Au fond de nos coeurs
Des torrents de tendresse
Pour que règne l'amour
Règne l'amour
Jusqu'à la fin des jours


 http://www.greatsong.net/PAROLES-MARIE-LAFORET,LA-TENDRESSE,101145220.html


2 versions pour le prix d'une; choisissez celle qui vous plait le plus; pour moi, c'est Bourvil, depuis longtemps.

encore une idée reçue qui prend l'eau



Le jour où Gutenberg inventa la presse à imprimer
Si Gutenberg n’a pas inventé l’imprimerie en tant que telle, il y a introduit des innovations majeures qui justifient sa légende. Faisant fi des règles de grammaire et de typo françaises, le nom de Gutenberg s’orthographie avec un « n » précédant le « b ». Belle ironie pour l’inventeur de la typographie moderne.
Né allemand, à Mayence (alors partie du Saint Empire romain germanique) vers l’an 1400, le futur gentilhomme (1) fut l’inventeur d’une technique qui révolutionna l’imprimerie encore artisanale, perfectionnant l’usage des caractères métalliques mobiles en plomb.
Car, contrairement à l’idée répandue, Johannes Gutenberg ne fut pas l’inventeur de l’imprimerie en tant que telle. Celle-ci avait été développée en Extrême-Orient dès le VIIe siècle (xylographie), avant que les Chinois soient les premiers à utiliser les caractères mobiles en argile, en porcelaine ou en bois, au XIe siècle. Les Coréens inventeront ensuite les caractères métalliques, qui traverseront le monde oriental et ottoman jusqu’à l’Occident.
Certains considèrent le Néerlandais Laurent Coster comme le véritable inventeur de l’imprimerie moderne, puisqu’il imprime en 1430 deux exemplaires du Donatus, un traité de grammaire latine.
Mais, reprenant le même type de matériel, Gutenberg introduit, vingt ans plus tard, des innovations majeures qui justifient sa légende : l’alliage de plomb et d’antimoine pour les caractères mobiles, l’amélioration de l’encre, et surtout l’invention de la presse à imprimer. Le livre considéré comme le premier imprimé en Europe est le Donatus, en 1451, par Gutenberg, précédant la première édition de la Bible, en 1453. Éditée à partir de la Vulgate de saint Jérôme, la Bible de Gutenberg est surnommée « Bible à 42 lignes », se présentant comme une page manuscrite de deux colonnes de 42 lignes, composée en caractères gothiques textura.
C’est grâce au soutien financier de mécènes que Gutenberg a mené à bien ce projet d’une vie. D’abord de son cousin Arnold Gelthus, pour construire une presse, puis du riche banquier Johann Fust. Mais les retours sur investissement ne seront pas ceux escomptés, et Fust reprend la gestion de l’atelier et la presse mise en gage, poursuivant l’imprimerie sous son propre nom.
Des presses sont rapidement installées dans les grandes villes d’Europe (Cologne en 1464, Bâle en 1466, Rome en 1467, Paris en 1470, Londres en 1480…), l’invention de Gutenberg permettant de réduire considérablement les coûts de production, et ainsi d’accroître la diffusion des livres. Cinq cents ans avant le lancement du « Projet Gutenberg », bibliothèque numérique de livres libres de droits initiée en 1971.
SABINE AUDRERIE
(1) Il sera nommé gentilhomme auprès de l’archevêquede Mayence Adolphe II de Nassau en 1465, qui le sauve ainsi de la misère en lui accordant une rente (modeste) jusqu’à sa mort, en 1468.

Soigner

La médecine occidentale à l’épreuve de l’ayurveda
Par Danièle Moyse
Le 6 juin 2013, Arte diffusait Mon docteur indien, le documentaire de Simon Brook, qui évoque la rencontre du cancérologue Thomas Tursz avec les médecins indiens qui ont soigné par la médecine ayurvédique une de ses anciennes patientes, alors atteinte d’un cancer du sein. Impressionné par la guérison de Marinella Bani, cette malade qui avait refusé plusieurs des traitements proposés à l’Institut Gustave-Roussy, le professeur Tursz a accepté d’accompagner Marinella jusque dans l’hôpital d’Inde du Sud où elle a été accueillie.
C’est avec tout ce qu’il est, que le professeur habitué aux validations scientifiques, et désireux de comprendre les « techniques » qui ont guéri Marinella, entreprend le voyage. La rencontre n’en est que plus passionnante ! Car le praticien français n’est pas d’abord présenté à un médecin, du moins au sens que notre médecine donne désormais à ce mot, mais à un sage. Si ayurveda signifie effectivement, en sanscrit, « la connaissance de la vie », il apparaît aussitôt que cette « connaissance » ne relève pas principalement, pour les savants indiens, de la science biologique.
Aussi, quand le médecin occidental demande : « Quelle est votre méthodologie, votre technique ? » la réponse qui lui est donnée constitue en soi un bouleversement de la conception actuelle de la médecine occidentale : « Nous commençons par essayer de gagner l’amitié des malades », « Nous n’avons pas de méthodologie ; on interagit et on s’adapte ».
Sans qu’il en soit peut-être très conscient, le sage indien énonce ainsi ce que signifie philosophiquement, pour nous, avoir ou ne pas avoir de méthode. Tout le monde comprend en effet qu’un médecin qui exerce méthodiquement suit une démarche rationnelle, mais la plupart auront oublié qu’avoir une « méthode », au sens que Descartes a imprimé à ce terme, c’est précisément ne pas « interagir et s’adapter », mais chercher à imposer aux phénomènes la loi de l’esprit, « en supposant même de l’ordre entre “les objets” qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres » (Discours de la méthode) ! On sent donc à plusieurs reprises que le médecin occidental semble rechercher quelle rigueur scientifique préside à cette médecine dépourvue de méthodologie.
Inversement, on se demande comment les médecins indiens pourraient s’entendre avec des praticiens qui luttent d’abord contre des maladies, là où ils tentent de soigner des malades. Deux mondes s’affrontent : celui où l’on se donne pour but de supprimer les symptômes ; celui où l’on tente de réinscrire le malade dans un univers de sens où il pourrait se réconcilier avec la vie.
Pourtant, le dialogue s’instaure, les médecins indiens reconnaissant aux Occidentaux des résultats thérapeutiques rapides, là où leurs médicaments conjugués à une réforme en profondeur de la façon d’envisager l’existence ne produisent d’effets que sur le long terme. Aussi affirment-ils ne jamais proposer l’arrêt des chimiothérapies ou radiothérapies, jugées souvent nécessaires pour tenir en bride la maladie. On se prend alors à rêver d’une médecine qui, conjuguant l’efficacité de la science moderne avec une compréhension globale de l’homme, se remémorerait l’époque où, invoquant Asclépios, fils d’Apollon, les médecins grecs auxquels Hippocrate était affilié donnaient spontanément au retour à la santé une dimension spirituelle !


Retrouvez la chronique de Danielle Moyse sur http://philosophies.tv