mercredi 31 décembre 2014

Deux oscars et puis basta


Elle s'appelle Luise Rainer, elle a fui le nazisme pour Hollywood où elle a reçu deux oscars consécutivement en 1937 et 1938, après quoi ses relations avec Hollywood et surtout la MGM se sont tendues à se rompre au point que le nabab Louis Mayer (de la Metro-Goldwin-MAYER) lui promet de la détruire, ce dont elle n'a cure, et pourtant elle n'a que vingt-huit ans.
Revenue en Europe après la guerre, elle se fixe en Angleterre où elle devient actrice de théâtre et surtout - le rôle le plus difficile et dont on ne sort jamais - mère d'une fille.

Luise Rainer disait qu' "Elle était affreusement vieille à vingt-deux ans mais qu'elle rajeunissait un peu chaque année car c'est la curiosité qui conserve la jeunesse." Ce qui lui a réussi puiqu'elle a tenu jusqu'à hier 30 décembre 2014, date à laquelle elle nous a tiré sa révérence, à douze jours de ses 105 ans.

Question: qui est le beau garçon qui la regarde de haut ?

mardi 30 décembre 2014

Retour sur bretelles

Un blog précédent, avec soulevé le problème métaphysique que pose l'expression "se faire remonter les bretelles".
En voici une explication, à mon avis imparfaite, même si le sens y est. Jugez-en vous-mêmes.


Se faire remonter les bretelles

= Se faire rappeler à l'ordre, plutôt vivement

d'après le site www.expressio.fr

Origine
Les bretelles, ces bandes de tissu élastique qui servent à maintenir le pantalon des hommes, sont apparues au XVIIIe siècle à une époque où un simple cordon noué à la ceinture était souvent utilisé pour empêcher le pantalon de tomber.

Le nom vient de l'ancien mot allemand 'brittil' qui signifiait 'rêne', à cause de la ressemblance avec cette pièce de harnachement du cheval.

Il existe deux explications à cette expression :

La première viendrait d'une bagarre où, lorsqu'un des protagonistes serait saisi par ses bretelles et un peu secoué, cela aurait des chances de le ramener à la raison.
Ce serait donc une manière de le rappeler à l'ordre et de le calmer.

La deuxième viendrait de la silhouette élégante que donnent des bretelles en maintenant le pantalon tendu.
Si les bretelles sont mal placées ou mal tendues, la silhouette du mâle porteur perd de son allure, la culotte flottant un peu, trainant sur les pieds.
Si, au sens propre, on remonte les bretelles de celui qui fait ainsi mauvaise impression, on lui rend une allure nette et équilibrée. Ce qui rétablit l'ordre.

Commentaire: j'en reste à mon idée;  c'est plutôt "tirer les bretelles (de quelqu'un)" (1ère explication) et "retendre les bretelles" (2ème explication) qu'il faudrait dire. Le résultat est toujours que c'est le pantalon qui remonte, et pas les bretelles.

vendredi 26 décembre 2014

Ne dites pas... mais dites

Comme Jean-Philippe Toussaint je ne regarde plus "La télévision" (titre et première ligne d'un de ses livres) ; pourtant je ne rate aucune info, buzz, petit mot, perfidie ou actualité car à table, dans mon cabinet, dans le métro et le bus, au restaurant et en famille, tout le monde parle la langue de bois (voir illustration), la langue de la "télé", de la radio, des journaux...



J'ai pensé écrire moi-même un compendium mais outre que ça change tout les jours un petit peu, il se trouve que d'autres en ont eu l'idée avant moi et mieux que moi.
Jetez un coup d'oeil sur le site ci-après http://www.toupie.org/Textes/Jamais_sans_ma_novlangue.htm et téléchargez le texte "Jamais sans ma novlangue". Si après avoir exploré le site vous vous faites encore prendre aux salades du poste, il vous faudra réapprendre la langue française et désapprendre la "langue de bois" que j'entends toute la journée.



Sinon lisez "Rhinocéros" d'Eugène Ionesco ; nous y sommes.





 Il est mignon, non ?

A l'époque la télévision sortait à peine des limbes et pourtant le résultat est déjà saisissant, ne trouvez-vous pas ? Grace à la technique et aux moins scrupuleux de ses serviteurs, les dictateurs ont enfin l'instrument de travail dont ils avaient besoin.


devinette


Tissu ayant l'aspect d'un velours rasé.
La toile, en coton tissé serré, a été largement utilisée en France pour fabriquer des vêtements de travail en raison de sa solidité.
Souvent présentée comme le pendant français du denim américain, les deux étant fréquemment teintés à l'indigo et destinés au même usage.
Les vêtements en [~~~~] français peuvent cependant exister en d'autres couleurs en fonction du public pour lequel ils étaient confectionnés : blanc pour les peintres, noir pour les charpentiers, bleu pour les ouvriers d'usine…
Le tissu sert aussi de doublure pour les poches de vestes de chasse en coton huilé.

En très gros plan, ça donne ceci :


Je suppose que vous avez deviné : il s'agit de la MOLESKINE (mole: taupe ; skin : peau).

C'est plus classe quand on y imprime des motifs dorés à la feuille ! Merci Elodie !

mardi 23 décembre 2014

Fin...

...d'année ou de civilisation ?


« C’était l’explosion du nouvel an : chaos de boue et de neige, traversé de mille carrosses, étincelant de joujoux et de bonbons, grouillant de cupidités et de désespoirs, délire officiel d’une grande ville fait pour troubler le cerveau du solitaire le plus fort. » (Charles Baudelaire "Le spleen de Paris")

Et Marco Ferreri, prémonitoire


"Non merci, j'ai les dents du fond..."

mercredi 17 décembre 2014

Moeurs, usages, us et coutumes...

From Hérodote (l'historien, pas le site).
Après de longues réflexions, méditations et conversations, l'empereur Darius est arrivé à la conclusion que la variété des pratiques en usage dans un empire découle de la variété des conventions qui se sont imposées aux divers peuples de son empire. Conventions donc, sans autre valeur que celles que les humains leur confèrent, quoiqu'ils en pensent.


Pour vérifier la justesse de sa conclusion, Darius invite à sa cours pour une dispute* (une discussion entre gens qui n'ont pas les mêmes coutumes).
Le premier groupe est celui des Grecs.
Le second groupe est composé de membres d'un peuple dont j'ai oublié le nom.

Le sujet : que faites-vous des corps de vos défunts ?
Les Grecs les enterrent, les autres se les incorporent (en français courant : ils les mangent).
Autant les Grecs sont horrifiés par les pratiques des seconds, autant les seconds sont révulsés par les usages grecs. Et bien sûr les uns et les autres apportent les arguments les plus nobles, les plus fondés, les plus solides à l'appui de leur position.

Ce qui prouve la justesse de l'intuition de Darius.

Mais il y a une différence de taille : tandis que les Grecs exposent leur point de vus calmement, leurs interlocuteurs les insultent, les prennent à partie, hurlent pour couvrir leur voix, leur coupent la parole ; bref ils font tout pour les empêcher de parler.

Il ne manquait plus que les caméras et le présentateur.
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* Dis-pute : pensées (putare) séparées (dis).

Ombres et nostalgie

Ils étaient quatre, mais ce n'étaient pas toujours les mêmes. Débuts à la fin des années '50 en Grande-Bretagne, retraite avant les années '90. Succès monstre pour une époque où on commençait à parler de "tubes" et tout doucement de "hit-parade".

Début de matraquage musical sur les chaînes commerciales (et sans doute les autres aussi).
Le temps de "Salut les copains", de Sheila, de Sylvie Vartan et de son Johnny, de Richard Anthony, de Lucky Blondo qui tient maintenant une friterie, de Eddy Mitchell qui est allé beaucoup plus loin, de Dick Rivers et des Chats sauvages, des Chaussettes noires (ou l'inverse...) et de quelques autres bien oubliés.


En voilà un coup de vieux !
Comme Anne-Marie, Marie-Claude et bien d'autres BSC et PPH*, j'ai entendu ces airs dans les années '60, en "Poésie" (ce qu'aujourd'hui on appelle platement 5ème année du secondaire). Tout ça nous vieillit d'une petite cinquantaine d'années.
Peut-être les connaissez-vous ?



 


A écouter: https://www.youtube.com/embed/l9bEpib1roE

A lire : http://en.wikipedia.org/wiki/The_Shadows

* BSC (Bientôt Sous Chrysanthème) et PPH (Passera Pas l'Hiver) sont les synonymes de l'époque pour 65+ ou troisième âge. On disait aussi en langage clair : les croulants. La différence: ce sont les croulants qui ont l'argent.

lundi 15 décembre 2014

Russie

"Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan Mahmoud IV de Turquie"

Notons pour la petite histoire que les Turcs à qui les cosaques viennent de flanquer une dégelée, exigent cependant que les Cosaques se soumettent; à quoi il répondent par une lettre d'insultes, ce qui semble leur procurer un grand plaisir.


Et Ukraine : ce monsieur s'appelle Vladimir Guilioarovski ; c'est le gros en rouge qui rigole dans la peinture du haut. Sa tenue s'explique par son origine : c'est un cosaque. Il a vécu de 1855 à 1935.

La peinture est l'oeuvre de Ilya Répine dont on reparlera.

De Guiliarovski aussi une citation très souvent reprise:
"En bas le pouvoir des ténèbres, en haut les ténébres du pouvoir."

lundi 8 décembre 2014

Etes-vous Antiqua ou Fraktur ?

A la fin du XIXème et au début du XXème siècle, le monde de l'imprimerie européenne aurait été hanté par la querelle Antiqua versus Fraktur ; en clair notre écriture versus celle du monde germanique.

En 1941, Adolf Hitler décrète l’abandon du gothique au profit de l’écriture latine, appelée Antiqua. Souci d'uniformisation de la typographie européenne ? Jugez plutôt.
Le 3 janvier, Martin Bormann fait paraître la circulaire suivante :



Ce qui a été traduit dans les termes suivants:

Direction du personnel
Circulaire
(Diffusion restreinte) À l’attention de tous, voici ce que je fais savoir par ordre du Führer :
Il est faux de regarder ce qu’on appelle écriture gothique comme une écriture allemande ou de la qualifier de telle. En réalité, ce qu’on appelle écriture gothique se compose des caractères d’imprimerie juifs de Schwabach. Exactement comme ils ont mis la main par la suite sur les journaux, les Juifs résidant en Allemagne ont mis la main sur les entreprises d’imprimerie dès l’apparition de cette technique et c’est ainsi que se sont introduits massivement en Allemagne les caractères d’imprimerie juifs de Schwabach.
Dès aujourd’hui, le Führer a décidé dans un entretien avec monsieur le Reichsleiter Amann et monsieur Adolphe Müller, propriétaire d’imprimerie, que ce sont les caractères latins qui doivent à l’avenir être qualifiés d’écriture normale. Tout ce qui sera imprimé devra se conformer peu à peu à cette écriture normale. Dès que cette mesure aura pu être appliquée aux livres scolaires, seule l’écriture normale sera enseignée dans les écoles de village et les écoles primaires.
Désormais on cessera d’utiliser les caractères d’imprimerie juifs de Schwabach dans les administrations. Les actes de nomination des fonctionnaires, les panneaux routiers, etc. ne seront plus écrits à l’avenir qu’en écriture normale.
Par ordre du Führer, monsieur le Reichsleiter Amann ordonne qu’en premier lieu les journaux et les périodiques qui sont déjà diffusés à l’étranger, ou dont on souhaite qu’ils le soient, passent à l’écriture normale.

Signé M. Bormann

On remarquera que bizarrement Martin Bormann a laissé l'en-tête de sa lettre en Fraktur alors que le corps du texte est en caractères latins.
Mesure d'économie, exemple de la transition imposée, incohérence ou distraction ?

Bel exemple de Antiqua et de Fraktur côte à côte

Je note que chez les Goths Astérix est encore contraint de lire les caractères inventés par Schwabach ; tout comme mes copains de classe luxembourgeois. Ce fut en effet le cas de certains pays et régions de langue allemande mais paradoxalement la présence des troupes d'occupation a contribué à pérenniser cette mesure pourtant clairement antisémite.

Martin Bormann
On a beaucoup jasé sur la mort de ce personnage qui, disait la rumeur, aurait fui en Amérique du sud où il aurait coulé des jours tranquilles. Je viens cependant de lire qu'on aurait retrouvé deux cadavres près de la gare de Lehrte, dont un aurait été identifié comme étant celui de Bormann. Les confirmations sont le fait de son prothésiste dentaire Fritz Echtmann, puis en 1973 de Ragnar Sognaess, expert dentaire, et enfin en 1998 du Dr Eisenmenger de Munich sur base d'une analyse de son ADN mitochondrial. Cause de la mort : suicide par cyanure. Mais la controverse n'est pas éteinte pour autant. Alors rumeur ou réalité ?

Ce qui nous emmène loin de la querelle Fraktur - Antiqua. Revenons donc à nos moutons. J'apprends de source autorisée que Hitler avait d'abord voulu imposer le Fraktur-gothique à tout le monde mais en aurait été détourné par les difficultés pratiques ; l'idéologie lui a permis de faire volte-face sans perdre ...la face.

Dernières nouvelles du Proche-Orient compliqué

Note préliminaire à l'intention de tout qui serait tenté de m'accuser d'épouser les opinions exprimées dans ce blog : je fais état de ce qui est dit dans telle ou telle revue, histoire de montrer par exemple à quel point le Proche-Orient est compliqué, de montrer aussi que personne n'est vraiment innocent et qu'il y a donc au moins autant de bourreaux que de victimes car ce sont presque toujours les mêmes; simplement ils échangent leurs rôles suivant les circonstances, dans le plus grand aveuglement. D'ailleurs comme les grandes douleurs les vraies victimes sont muettes.

Ici je cite Roland Jaccard mais ce pourrait être aussi Eli Barnavi et les 600 Israéliens qui soutiennent la création d'un état palestinien. Auquel cas j'aurais été accusé de soutenir les palestiniens etc...
Comme je ne vis pas en état de guerre, je n'épouse pas la vision de l'un OU l'autre camp ; je les regarde l'un ET l'autre et j'essaie de comprendre ce qui se passe. C'est déjà assez compliqué comme ça et au moins ma tension artérielle reste à des valeurs normales.

Dernières nouvelles du Proche-Orient compliqué

La mouche, le café, la Palestine

Par Roland Jaccard


Nous étions, le rabbin Yoseph Geisinski et moi, dans la luxueuse boutique Nespresso à Lausanne en train d’évoquer au comptoir la tuerie perpétrée par des Palestiniens dans une synagogue de Jérusalem quand, soudain, une mouche fit son apparition, spectacle inattendu dans un lieu où George Clooney ne tolère aucune diversion. Le rabbin Yoseph Geisinski suivit la mouche du regard et me demanda : “Que se passera-t-il si elle tombait dans une tasse de café ?” ” Je préfère ne pas y penser ”  lui dis-je. ” Je vais te suggérer quelques réponses, insista-t-il, et tu me feras part de ton approbation ou de tes réserves… ” J’ opinai du chef et le jeu commença.

- Si la mouche tombe dans la tasse d’un Italien, il la brise et sort furieux du bar.
J’approuvai.
- Si c’est un Allemand, il va demander une nouvelle tasse de café, stérilisée si possible.
J’approuvai encore.
- Si c’est un Français, il va sortir la mouche de la tasse et boire son café.
- Bien vu !
- Si c’est un Chinois, il va manger la mouche et jeter le café…
Je marquai ma réprobation en me taisant.
- Si c’est un Russe, poursuivit-il, il va boire le café avec la mouche, comme s’il bénéficiait d’un traitement de faveur.
Je ne pus m’empêcher de sourire.
- Si c’est un Israélien, il va vendre le café au Français, vendre la mouche au Chinois, vendre une nouvelle tasse à l’Italien, boire un thé et, avec tout ce qu’il a gagné, essayé de mettre au point un système pour éviter que ce genre d’incident ne se reproduise…
J’acquiescai.
- Et si c’est un Palestinien, il accusera les Israéliens d’avoir laissé la mouche tomber dans son  café, protestera à l’ONU contre cette agression, demandera une indemnité à l’Union européenne pour une nouvelle tasse de café, utilisera l’argent pour acheter des explosifs, puis fera sauter le restaurant où des Italiens, des Français, des Allemands, des Russes et des Chinois sont entrain d’expliquer aux Israéliens qu’ils devraient offrir leur tasse de thé aux Palestiniens.

J’éclatai de rire. Sans trop savoir pourquoi. Ou, peut-être, en le sachant trop bien. Aucune mouche ne tomba dans nos cafés. Nous apprîmes, en revanche, que les socialistes français s’apprêtaient à reconnaître l’État palestinien.
*Photo : Tim Redlich.


Bon, je sais ! Pour une reprise, j'aurais pu faire plus fin. Reconnaissez tout de même que je suis courageux ; ce genre de salade peut me coûter la vie ; c'est déjà arrivé, surtout dans des lieux publics comme la Place Royale..