samedi 27 août 2016

LC Athée moins un

Quand je parle avec un athée, je suis souvent déçu : non pas parce qu’il est athée, mais parce qu’il l’est rarement jusqu’au bout. Il ne croit en rien – sauf en cette croyance elle-même qui donne à son athéisme des airs supérieurs. Je me dis parfois que l’athée a assez de confiance en lui pour n’en avoir pas en son Créateur. Le récit de libération par l’humanité de ses propres superstitions est si puissamment ancré (et encré) en lui, que la difficile création par Dieu d’un peuple libre de tous les esclavages (technique, politique, religieux) ne peut plus l’atteindre. L’athée « croit savoir ». Le chrétien, lui, « sait qu’il croit » : il met sa confiance en Dieu. Confiance faite et refaite, dans le doute et l’espérance. Confiance donnée en un Dieu qui a promis. Confiance dont il fait une prière :« Vois, mon Dieu, je suspends ma vie à Ton amour… Alors révèle-le encore ! »
Le véritable athée est chose rare. Quand, moi-même, je croyais l’être, je le rencontrai chez mes amis chrétiens plus qu’ailleurs. L’Église primitive passait pour incroyante. Si, dans leur genre de vie, les chrétiens se conformaient aux usages de leur pays, sur un point ils se démarquaient : ils refusaient de plier le genou devant l’empereur. Ce genou, que raidissaient les grandeurs du monde, flanchait devant de très simples choses : une mère à l’enfant, le pain quotidien, le dieu abaissé, condamné à mort par les puissances de l’État (Pilate), de l’argent (Judas) et de la religion (Caïphe).
Oui, le chrétien a quelque chose de l’athée. Il n’adore aucun Dieu, sauf un, dont il accorde que, parfois, Il se tait. Seulement, il ne conclut pas du silence de Dieu à son inexistence. Quand le monde semble démentir l’Alliance, quand Dieu devient « plus absent qu’un mort » (Simone Weil), l’oreille du chrétien ne se ferme pas, elle se creuse. Le chrétien est un athée qui attend.

samedi 13 août 2016

tiré de "La connaissance inutile" de Jean-François Revel

"L’obstacle à l’objectivité de l’information, en démocratie, n’est plus ou très peu la censure, ce sont les préjugés, la partialité, les haines entre partis politiques et familles intellectuelles, qui altèrent et adultèrent les jugements et même les simples constatations. Plus encore parfois que la conviction, c’est la crainte du qu’en-dira-t-on idéologique qui tyrannise et qui bride la liberté d’expression. Ce qui paralyse le plus, quand la censure a cessé d’exister, c’est le tabou."

samedi 6 août 2016

La voix est le reflet de la vie intérieure LC 20160806

Philippe
Orthophoniste, spécialiste de la voix
Pour rééduquer une voix, il faut distinguer deux grands problèmes : les troubles d’origine organique – un patient a subi l’ablation d’une corde vocale après un cancer par exemple –, et les dysphonies qui peuvent provenir de forçages ou être d’origine psychologique. « J’ai pris froid, je parle quand même », ou « je veux me faire entendre, je hausse le ton »: ces deux comportements amènent à forcer sur sa voix, et font entrer les patients dans le cercle vicieux de l’effort vocal. Pour en sortir, il leur faut retrouver une façon normale de parler.
Un thérapeute ne peut pas faire de pronostic la première fois qu’il rencontre le patient. Il doit le mettre en confiance, et ensuite, il faut que cette personne se prenne en charge, écoute les conseils et fasse ses exercices. Cela peut paraître étrange, mais il faut faire en sorte que le patient retrouve une paix intérieure. Sinon, il réussira ses exercices durant la séance de thérapie, mais au dehors, sous tension, ses mauvaises habitudes de serrage des cordes vocales vont resurgir.
La voix est le reflet de la vie intérieure, et de ce qu’on ressent. La sagesse populaire le dit bien : avoir la gorge serrée, rester sans voix, ne pas trouver ses mots… autant d’expressions éclairantes. Et, pour se faire comprendre, il faut parler 20 décibels au-dessus du bruit de fond. Si on n’a pas cette capacité, on perd l’intelligibilité, ce qui est cause de souffrance.
Recueilli par Nathalie Lacube

Pratique ou théorie ? Jouer d'un instrument ou étudier le solfège ? LC 20160806

Le solfège est-il un frein au désir de pratiquer la musique ?


Sollicité par Aurélie Filippetti alors qu’elle était ministre de la culture, Didier Lockwood vient de remettre au premier ministre des propositions pour favoriser la pratique musicale. Une approche directe et partagée de l’instrument et une remise en cause du passage obligatoire par le solfège sont au cœur de ses préconisations. Comme une rupture avec la longue histoire de l’enseignement de la musique en France.

Il est plus formateur de commencer avec la pratique

Didier Lockwood,
violoniste, musicien de jazz
La question de l’apprentissage du solfège est délicate et complexe. Si elle était si facile à résoudre, on n’en parlerait plus depuis longtemps… Le solfège est un point nodal de l’accès à la pratique musicale telle qu’elle est enseignée dans les conservatoires. Tout simplement parce que cet enseignement s’appuie sur une esthétique donnée, celle de la musique dite « classique » ou « savante », une musique écrite et transmise via la lecture des partitions.
Les conservatoires enseignent un répertoire appartenant essentiellement au passé et, pour pourvoir l’interpréter, il est donc nécessaire de savoir lire les partitions dont le solfège est la clé d’accès. Contrairement aux traditions extra-européennes ou aux musiques populaires (qui ont d’ailleurs longtemps été écartées des classes des conservatoires), la transmission musicale n’est pas orale mais écrite, qu’il s’agisse des suites de Bach, de symphonies de Mozart ou des préludes de Claude Debussy.
Je me souviens que, lorsque j’ai appris la musique, nous avions deux années de solfège obligatoires avant de pouvoir toucher un instrument. Exactement comme si l’on interdisait à un enfant de parler tant qu’il ne sait ni lire ni écrire ! On comprend alors l’image douloureuse ou du moins rébarbative qui est attachée à ce pauvre solfège… Ce qui est d’autant plus fâcheux que la musique et sa pratique sont, elles, associées aux notions de plaisir, de désir d’un superflu magnifique qui devient source de joie et d’épanouissement.
C’est pourquoi je préconise un contact concret avec l’instrument et non l’intellectualisation de la musique. Je propose de créer dans tous les collèges de France, en milieu rural comme en milieu urbain, une classe d’orchestre dans laquelle (sur le modèle du Sistema vénézuélien) on met un violon ou une flûte entre les mains de chaque enfant dès le premier jour.
C’est de cette manière qu’il va découvrir le plaisir de jouer avec les autres, expérimentant les vertus individuelles et collectives de la musique : l’écoute, la solidarité, l’énergie ou le silence partagés. Il est bien plus formateur et stimulant de commencer par cette pratique concrète dans laquelle, tout naturellement, le solfège va s’inscrire. L’enfant se demandera alors : « Comment s’écrit ce que j’ai tant de plaisir à jouer ? » et non plus : « Comment vais-je pouvoir jouer ce que j’ai tant de mal à lire ? »
Cette vision est le fruit de cinquante années de musique qui m’ont persuadé qu’il fallait trouver la bonne porte d’entrée dans un art qui s’adresse avant tout à notre part émotionnelle, organique, intime. D’où l’importance aussi de comprendre que le premier fondement de la musique, à savoir le rythme, doit s’éprouver physiquement, en frappant dans ses mains, sur son corps, en dansant… Une pédagogie très corporelle, dès le plus jeune âge, est en outre un atout pour favoriser la plasticité du cerveau qui aidera à tous les apprentissages de la vie scolaire. Et de la vie tout court.
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Dès qu’on en voit la finalité, le solfège paraît nécessaire et excitant

Bertrand Chamayou,
pianiste
Je vois et j’entends que cette question de l’apprentissage du solfège reste épineuse pour beaucoup. Pourtant, dans mon propre cas, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai tout de suite adoré cela ! À vrai dire, je serais bien incapable de dire quand et comment j’ai appris à lire la musique. Ce que je me rappelle, c’est que je m’y sentais comme un poisson dans l’eau.
Bien entendu, je n’ignore pas que le solfège peut sembler à beaucoup une matière terriblement aride et difficile – exactement comme les mathématiques – si on la considère comme un ensemble de codes abstraits à déchiffrer et à maîtriser. Il faut, au contraire, essayer d’y voir un outil de déploiement de l’imaginaire.
J’ai ainsi le souvenir que les dictées musicales, l’étude des intervalles étaient prétexte pour moi à faire naître des images, des couleurs, des associations d’idées. Je travaillais avec les sons comme avec une palette de peintre. Si bien que, avec le recul, je ne crois pas beaucoup aux méthodes de solfège ludique, mais plutôt à tout ce qui peut rattacher son apprentissage à l’émotionnel.
Néanmoins, il serait démagogique de prétendre que le solfège n’est pas ardu et ne demande pas de travail. Mais dès qu’on en voit la finalité, l’effort paraît nécessaire, excitant même. C’est pourquoi il faut l’étudier en intime connexion avec la pratique instrumentale.
Lors de mes premières années au piano, j’aimais déchiffrer non seulement les partitions que j’allais jouer mais aussi des œuvres d’un niveau supérieur au mien, comme un avant-goût du futur. Ma professeur m’y encourageait, contre l’avis des autres enseignants qui partageaient une vision beaucoup plus utilitariste et immédiate sans doute. Des années plus tard, je lui en reste reconnaissant. D’autant que, grâce à cette gourmandise de lecture, j’écoutais d’une oreille plus attentive et ouverte les grands pianistes qui me faisaient rêver, dans telle sonate de Beethoven ou telle pièce de Liszt !
À partir du moment ou l’étude du solfège et la pratique de l’instrument sont liées, la seconde dédramatise le premier. Il y a évidemment mille et une façons de faire de la musique mais si vous souhaitez aborder et approfondir le répertoire classique, il est très difficile de se passer du solfège, ce qui n’est pas forcément le cas pour les artistes de jazz, pop, rock…
En revanche, et je l’ai moi-même expérimenté, fréquenter musiques et musiciens « populaires » aide à mieux appréhender la dimension rythmique de l’écriture musicale. Je me suis rendu compte que la lecture intellectuelle des partitions me laissait quelques lacunes en la matière, que j’ai comblées au contact du jazz ou des musiques traditionnelles. L’univers artistique est si riche qu’il n’y a pas de démarche unique mais une pléiade d’approches diverses. Et c’est heureux !
Recueilli par Emmanuelle Giuliani

Les Celtes LC 20160806

Légende de la carte





Torque en or. / Mathieu Rabeau/RMN

Où se sont installés les Celtes ?

On pense que les Celtes étaient, dès le IIIe millénaire (bronze ancien), présents dans les régions où ont été et sont parfois encore parlées les langues celtiques : les îles Britanniques, la Bretagne et la côte atlantique, l’Ibérie. Cette zone correspond à celle de la culture campaniforme, car les sépultures renferment des gobelets céramiques en forme typique de cloche.
Bien plus tard, aux VIe et Ve siècles av. J.-C., les Celtes sont nombreux dans l’arc nord-alpin. Celui-ci s’étend du centre-est de la France (Berry) à la République tchèque et à l’Autriche, et du Rhône aux Pays-Bas, avec une plus grande densité d’habitants entre la Saône et le Rhin. Localisés dans cette grande région interfluve d’où partent les plus grands fleuves d’Europe occidentale et centrale, ils constituent alors des principautés ou « chefferies », à l’instar des principautés ibériques, macédoniennes ou scythes (Ukraine).

Où sont-ils allés ensuite ?

« Entre le Ve et le IIIe siècle, les Celtes se seraient, pour une raison encore inconnue (famine, conflits sociaux ou guerriers, crise économique), déplacés vers le sudet l’est », ajoute Bruno Chaume, archéologue, chargé d’étude au CNRS à l’université de Bourgogne, à Dijon.
C’est alors qu’ils pillent Rome au IVe siècle av. J.-C. (30 000 soldats menés par Brennus), puis Delphes au IIIsiècle av. J.-C. Certains s’installent en Italie du Nord (Celto-Ligures), en Europe centrale au contact des cités macédoniennes et grecques, et jusqu’en Turquie (Galatie). D’autres, plus restreints, sont allés jusqu’en Bulgarie, en Moldavie et même en Ukraine au contact des comptoirs grecs sur les rives de la mer Noire.
« Ils se sont partout mêlés, plus ou moins vite, aux populations locales », assure Patrice Brun, professeur de protohistoire à l’université Paris 1.
Denis Sergent

Les Celtes, Européens sans le savoir



Des découvertes récentes, en France, permettent de mieux connaître ce peuple qui, venu d’Europe occidentale et centrale, a occupé une bonne partie de l’actuel territoire de notre pays. Parmi les Celtes se trouvaient… les Gaulois.

Une cavalerie celte traversant un cours d’eau.
(Illustration de Giuseppe Rava. / Rava/Leemage)

 Qui sont-ils ?

Guerriers aux cheveux longs, en partie nus, portant casque, bouclier, épée et lance en bronze puis en fer, à pied ou à cheval, bruyants et agressifs, un peu à l’instar des Gaulois… Ainsi se représentait-on les Celtes jusque dans les années 1960. Mais les découvertes archéologiques de ces dernières décennies bousculent cette image d’Épinal.
À partir du VIIIe siècle av. J.-C. (début du premier âge du fer ou Hallstatt), en Europe occidentale et centrale, vit une population assez hétérogène, les Celtes. Une multitude de tribus que les Grecs, les Étrusques puis les Romains, qui viennent régulièrement dans cette grande région chercher des matières premières en échange d’objets travaillés, appellent ainsi. Ces Celtes ne possèdent pas d’écriture propre et communiquent essentiellement par oral. La Celtique (keltike en grec) est un espace géographique correspondant à peu près à la Gaule (Gallia en latin) et peuplé, selon les Grecs, de « barbares » – c’est-à-dire d’hommes ne parlant pas le grec – dont les Celtes et, parmi eux, les Gaulois. Mais tous les Celtes ne sont pas des Gaulois. C’est César qui, lors de la conquête des Gaules, décide de n’attaquer que les Celtes situés à l’ouest du Rhin, bien qu’il y en ait aussi à l’est, les Germains occupant le nord. Parmi les 10 millions d’habitants vivant entre Pyrénées, Alpes et Rhin, César estimait qu’il y avait 2 millions de Celtes.
Au XIXe siècle, au moment où de nombreux pays européens cherchent à se démarquer des autres, à trouver une identité propre, plusieurs d’entre eux se sont attribué une origine celtique. C’est le cas de l’Allemagne, à l’instigation notamment de l’archéologue nationaliste Gustav Kossinna, de la France, de la Suisse, de l’Autriche et de la Hongrie.
Un fait historique qui, aujourd’hui encore, fait l’objet d’un vif débat entre archéologues, historiens et anthropologues. Certains spécialistes comme Jean-Louis Brunaux (CNRS-ENS) estiment qu’il s’agit d’une conceptualisation de savants, qu’on ne peut parler de « civilisation celtique » et que le celte n’est pas une langue mère. Bien que classé parmi les langues indo-européennes, le celte serait une langue qui a évolué en réseau, via des échanges commerciaux fréquents et durables, et non pas tel un rameau buissonnant. Devant être compris tant sur la côte atlantique que dans les Alpes, il a dû engendrer de nombreux dialectes. En ce sens, « c’est davantage le partage d’interactions sociales qui font le peuple celte, que la communauté linguistique ou génétique », insiste Patrice Brun, professeur de protohistoire à l’université Paris 1.

D’où viennent-ils ?

L’origine des Celtes est encore très mal connue. Toutefois, il est probable que la civilisation celte émerge en Europe centrale à partir du Xe siècle av. J.-C. (Ier millénaire), à peu près au milieu de la période dite du bronze final. « Il n’y a pas de peuple originel celte, spontané voire autochtone, mais une communauté qui, de façon progressive, produit et partage une même histoire, une même culture et une même langue », explique Dominique Garcia, professeur d’archéologie à l’université Aix-Marseille et président de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).
Les Celtes, donc, s’installent dans l’arc nord-alpin et s’organisent en principautés relativement indépendantes (voir la carte). Ce n’est donc pas encore un peuple bien défini, homogène, structuré politiquement et socialement, et sédentarisé au sein de frontières bien délimitées.
Quelle est leur principale activité ?
À cette époque, c’est une société essentiellement agropastorale et commerciale. Les Celtes élèvent du bétail et des chevaux, cultivent du blé qu’ils stockent dans des silos souterrains et vendent (il existe, au deuxième âge du fer, une monnaie celte) ou échangent avec les Étrusques, les Grecs puis les Romains. Ils maîtrisent la métallurgie et passeront du bronze au fer, plus solide. Ils exploitent des mines (or dans le Morvan, sel gemme à Marsal en Moselle, ou Hallstatt en Autriche) et pratiquent également le trafic d’esclaves. Ils possèdent une armée de fantassins portant cuirasse et bouclier, combattant semi-nus, et de cavaliers montés sur de petits chevaux. Aux IVe et IIIe siècles, ils fournissent des mercenaires qui sont recrutés par les États méditerranéens.
Ils sont installés non loin des comptoirs étrusques ou grecs, le long de grands axes de circulation, de réseaux commerciaux comme la route de l’étain, du plomb ou du cuivre des îles Britanniques vers la Méditerranée, celle de l’ambre depuis la Baltique jusqu’à la Méditerranée, ou bien encore celle du corail du sud vers le nord. Une cohabitation qui se passe bien. « Les Grecs n’avaient pas la volonté de s’installer à la place des Celtes, mais simplement d’assurer la pérennisation de leur approvisionnement en matières premières », poursuit Dominique Garcia.
Se sont-ils distingués par leur production artisanale, architecturale et artistique ?
Aux VI et Ve siècles av. J.-C., les Celtes possédaient des objets artisanaux ou rituels fabriqués par des artisans grecs. Soit ils les leur avaient achetés, soit ces objets correspondaient à des « cadeaux diplomatiques » offerts par les Étrusques ou les Grecs de façon à maintenir de bonnes relations commerciales.
Mais progressivement émerge un art celte, non figuratif. Ainsi, l’œnochoé (cruche) trouvée dans la tombe du prince de Lavau (lire page 5), si elle a bien été fabriquée par des Grecs à l’origine, a ensuite été modifiée (sciage d’une partie du pied, ajout d’un filigrane en or sur la lèvre du vase), probablement pour marquer une appropriation. « Doués en orfèvrerie, les Celtes excellent ensuite dans la fabrication de bijoux en or et en argent, métaux dont ils sont très férus et dont ils exploitent les mines », explique Félicie Fougère, conservatrice au Musée du Pays châtilonnais-Trésor de Vix.
En architecture également, les Celtes se sont progressivement imprégnés de techniques grecques. Ainsi près du Danube, dans le Bade-Wurtemberg, les remparts de la cité fortifiée de la Heuneburg ont été construits selon un plan grec, en employant des briques en terre crue et du bois. À Bourges, au Ve siècle av. J.-C., ils auraient bâti une ville, quatre siècles avant les oppidums celto-gaulois.
Quelle est la place des femmes dans la société celte ?
La société celte repose sur une structure matriarcale. C’est la femme qui choisit son mari. La Dame de Vix est donc censée être détentrice d’un pouvoir très important. Dans un texte, l’historien grec Diodore rappelle l’histoire d’une femme celto-ligure qui accoucha près d’un arbuste ; elle enveloppa son enfant dans des feuillages et retourna travailler, sans que rien ne paraisse. Elle refusa d’arrêter son travail jusqu’à ce que son employeur le lui demande, après lui avoir donné son salaire (IV, 20). Mais cette observation risque bien d’être anecdotique.
Quelle importance les Celtes accordent-ils à la religion et à la mort ?
Leur religion, décrite par César, est caractérisée par de nombreux dieux topiques n’ayant pas apparence humaine et par un clergé, comprenant les druides, extrêmement structuré. On pense que, lors du décès d’un personnage important, certains de ses proches se « sacrifiaient », une pratique se situant aux confins du religieux et du politique. Au vu des tombes aristocratiques, richement décorées, les Celtes semblent manifester un comportement particulier face à la mort de leurs proches. « Mais il y a un réel déficit de découverte de tombes des classes les plus modestes, observe Dominique Garcia. Qu’en est-il du traitement appliqué aux corps des pauvres ? Sont-ils incinérés voire les laisse-t-on se décharner à l’air libre ? »
Pour ce qui concerne la tombe princière de Lavau (lire page 5), le fait d’enterrer un aristocrate dans une grande tombe (espace funéraire de 2 hectares, caveau de 14 m2) surmontée d’un tumulus de 40 mètres de diamètre visible de loin a un sens profondément politique : celui d’affirmer le pouvoir du chef et de marquer son territoire.
Denis Sergent

mardi 2 août 2016

De doodstraf is een verboden vrucht DS 02/08/2016


door Rik Torfs
Wie? Rector KU Leuven.
Wat? Als wij Europeanen alleen staan in de verwerping van de doodstraf, dan is dat maar zo.
Tien jaar geleden was het niet waar geweest. Een advocaat, in casu meester Pol Vandemeulebroucke, die pleit voor de herinvoering van de doodstraf (DS 1 augustus). Voor terroristen. Voor wie de samenleving definitief kapot wil. Ik ben daar absoluut tegen. Ook nu. Vooral nu. Want het is gemakkelijk om tegen de doodstraf voor terroristen te zijn als die in geen velden of wegen te zien zijn.
Waarom is dit voorstel niet goed? Om vele redenen. Eerst de minst belangrijke. Juridisch-technisch is het niet simpel om precies af te bakenen welke daden terroristisch zijn. Het is niet omdat een moslim iemand anders vermoordt, dat hij een terrorist is. Hij kan mentaal gestoord zijn. Of een bronstige huis-tuin-en-keukenmoordenaar. Maar het is fout om de discussie op een zuiver pragmatisch niveau te voeren. Daardoor ontstaat de indruk dat tussen droom en daad enkel wetten in de weg staan, en praktische bezwaren. En de discussie gaat veel dieper.
Dan maar een tweede argument: veiligheid. Er bestaat een verband tussen veiligheid en het doden van een mens: wettige zelfverdediging. Wij zijn niet verplicht om ons af te laten slachten. Probeert iemand ons te doden, dan mogen we ons verdedigen. Maar wettige zelfverdediging is de doodstraf niet. Die wordt uitgevoerd in koelen bloede en biedt niet meer veiligheid dan levenslange opsluiting.
Na geweld komt geweld
Het volgende argument gaat dieper. Hoe zien wij onze democratische rechtsstaat? Als democratisch, maar ook als rechtsstaat. De meerderheid beslist, evenwel niet over alles. Niet, zoals een Romeinse keizer die zijn duim de hoogte insteekt of laat zakken, over leven en dood. Als president Erdogan zegt dat het volk de doodstraf wil en hij naar die stem moet luisteren, dan impliceert dat dat mensen over leven en dood van medemensen mogen beschikken. Ze bezitten niet evenveel, maar meer rechten dan God.
Dat kan niet in een rechtsstaat. Aan de almacht van de meerderheid zijn grenzen. Grenzeloze macht is terreur. Misschien is de verleiding groot om moordenaars te lynchen en seksuele delinquenten te castreren, maar in een rechtsstaat verhinderen de mensenrechten ten enenmale de verwezenlijking van deze verzuchtingen. De doodstraf is, in een beschaafde samenleving, een verboden vrucht. Een grens aan de vrijheid van de mens.
President Erdogan voert aan dat enkel Europa de doodstraf echt verwerpt. Niet helemaal waar. Maar inderdaad, Amerikanen en Chinezen hebben er minder problemen mee. Als wij Europeanen op dit punt alleen staan, het zij zo. Dan zijn we daarin moreel superieur tegenover andere culturen. Ik weet dat je dat vandaag nauwelijks kunt zeggen zonder banbliksems over je heen te halen. En toch is het niet anders: de doodstraf bestrijden is moreel beter dan haar in te voeren. Hier past geen cultuurrelativisme. Europeanen zijn af en toe gruwelijke lafaards en vaak platvloerse opportunisten, maar de doodstraf voeren we nooit meer in. Hopelijk.
Want je kon de laatste jaren de roep om de doodstraf horen aanzwellen, lang vooraleer de terreurgolf ons bereikte. Oog om oog, tand om tand. Waarom moordenaars ontzien? Zij kenden met hun slachtoffers toch ook geen medelijden?
Na geweld komt geweld. De eeuwige spiraal. Als moslimterroristen mensen doden, doden wij hen, mochten ze nog niet ontploft zijn. Het gruwelijke is dat we, door hen te doden, een beetje op hen gaan lijken. Een beetje. We vallen niet met hen samen. Er blijft een groot verschil tussen het geweld van terroristen, en het uitvoeren van de doodstraf na een correct proces. Maar toch blijft de overeenkomst veel te groot. Geweld heeft de vreselijke neiging op ander geweld te lijken. Het mist de finesse die het verschil kenmerkt.
Strenge straffen
De eigenlijke reden waarom mensen naar de doodstraf verlangen, is dat ze niet zwak en krachteloos willen lijken. Weerbaar willen ze zijn. Zo klinkt vaak kritiek op een van de weinige uitspraken van Jezus Christus die onze tijdgenoten zich herinneren, terug te vinden bij de evangelist Lucas, hoofdstuk 6, vers 29: ‘Slaat iemand u op de wang, keer hem ook de andere toe.’
Jezus Christus predikt geen bloedeloos pacifisme, zingt niet de lof van de weerloosheid als voorbode van de nederlaag. Hij ontkent de gelding van de wet niet. Maar hij pleit wel voor een slimme omgang ermee.
Wie de vijand zijn andere wang aanbiedt, vraagt natuurlijk niet om een tweede kaakslag. Juist omgekeerd. Door de andere wang aan te bieden, laat hij de aanvaller zien dat de eerste kaakslag verkeerd was. Slaat die een tweede keer en herhaalt hij zijn fout, dan is hij helemaal een idioot.
Het probleem is dat terroristen vaak idioten zijn, die zich laten opjutten door geslepen, geld- en machtshongerige leiders. Ze zullen niet meteen tot inkeer komen, daarover maak ik me geen illusies. Ze dienen zeer streng te worden gestraft, desnoods met levenslange gevangenisstraf. Maar de doodstraf? Neen. Terroristen blijven mensen. Er zijn grenzen die wij niet overschrijden. Het weigeren van de doodstraf is een moderne versie van het aanbieden van de andere wang. Zij is geen zwakheid, maar de kracht om zowel vastberaden te zijn als sterker dan het kwaad.

Grote veranderingen DS 01/08/2016 Over de zeventigers


‘Come mothers and fathers/ Throughout the land/ And don’t criticize/ What you can’t understand/ Your sons and your daughters/ Are beyond your command.’ Aldus zong Bob Dylan in 1964. Hij was 23 en wilde met ‘The times they are a-changin’ bewust een anthem schrijven over verandering.
De tijd veranderde ook snel. De zeventigers van vandaag zijn geboren tussen 1937 en 1946. Hun ouders werden geboren rond de Eerste Wereldoorlog, zijzelf voor en tijdens de Tweede Wereldoorlog. Zo groeiden ze op in een sfeer van repressie en politieke chaos. Die twee vernietigende conflicten die de samenleving gebaard had, creëerden een sfeer van scepticisme, maar ook van pragmatisme.
Sowieso al met minder in getale, wegens lagere geboorte- en hogere sterftecijfers, leefden de huidige zeventigers in het begin zuinig, conventioneel, en probeerden ze vooral materie en positie te verwerven. Ze waren gericht op gehoorzamen en luisteren, en geloofden dat de autoriteit het beter weet. Vandaar ook de sociologische roepnaam, ‘de stille generatie’, die Time hen in 1951 gaf. Het drukt uit dat ze niet openlijk revolteerden en liever binnen het systeem werkten.
Aan het einde van de jaren vijftig opende de televisie een venster op hun wereld en was er veel werk voor die kleine populatie. Jonge mensen die opgegroeid waren in een crisissfeer, verdienden goed en werden zomaar in een andere tijdgeest gekatapulteerd. Rock-’n-roll sloeg een kloof in de muziekcultuur, de Europese cinema kende een bloei en in de modewereld lanceerde Christian Dior zijn ‘New Look’. Er werd geijverd voor emancipatie van de vrouw en van de seksualiteit.
Het geeft aan onze zeventigers een vreemde, dynamische identiteit. Ze groeiden op in de naweeën van verschrikkelijke conflicten en in een wantrouwige maatschappij, en maakten een sprong naar een totaal andere samenleving.
Zou er in de geschiedenis ooit een groep mensen geweest zijn die later zo gezond, welgesteld en opgeleid was? Onze zeventigers hebben geprofiteerd van twee bewegingen: ze kenden de voordelen van conformisme en plukten de kansen van een plotse hoogconjunctuur. En hun timing was excellent: veel viel hen zomaar in de schoot.
Geen wonder dat zij, die hun families vandaag graag helpen en ondersteunen, bezorgd zijn over de grote uitdagingen die hun nageslacht tegemoet ziet.