lundi 11 juin 2018

vous reprendrez bien un peu de renouée ?

Usages alimentaires et médicinaux au Japon[modifier | modifier le code]

Jeunes pousses de F. japonica
Les jeunes pousses sont consommées crues ou cuites. Au printemps, les jeunes pousses, semblables à celles du bambou, sont cueillies avant que la tige et les feuilles ne se séparent. On enlève l'écorce et on les mange crues. Les enfants les ramassent sur les bords des chemins et les mâchent en marchant. Elles ont un goût acide en raison de la présence d'acides organiques et en particulier d'acide oxalique qui leur donne une certaine âpreté. Leur consommation en trop grande quantité à l'état naturel peut avoir des effets néfastes sur la santé.
Un usage mieux approprié consiste à les faire bouillir puis à les passer à l'eau froide. Elles perdent ainsi leur âpreté mais aussi leur saveur agréablement acidulée.
L'hiver quand les tiges commencent à dépérir, on arrache les rhizomes et on les met à sécher. On les appelle kojôkon (虎杖 racine de canne de tigre). Elles servent dans la pharmacopée traditionnelle pour amollir les selles et faciliter l'évacuation urinaire. Les jeunes feuilles malaxées sur des éraflures qui saignent stoppent l'hémorragie et calment la douleur. D'où le nom de la plante itadori (痛取 イタドリ ôte-douleur).
Recette avec les pousses (gonpachi des préfectures de Kôchi et de Wakayama) : enlever la "peau" externe des jeunes pousses du printemps, malaxer avec du sel et faire sauter à la poële. Assaisonner avec du sucre, de la sauce soja, du saké, de l'alcool de riz mirin, de l'huile de sésame. Saupoudrer de bonite séchée râpée et servir.
Recette avec les jeunes feuilles : ébouillanter les jeunes feuilles, les passer sous l'eau froide, puis les laisser mariner une demi-journée dans de la sauce pour les nouilles relevée par quelques épices. C'est alors un légume lisse et d'un goût délicieux.
Pendant la guerre, quand il y a eu pénurie de feuilles de tabac, on a mélangé au tabac des feuilles d'itadori.
En Inde et en Asie du Sud-Est, on utilise les feuilles d'itadori surtout comme rouleau à chiquer.

Usages médicinaux en Chine[modifier | modifier le code]

Le rhizome séché et les jeunes feuilles de cette renouée (appelée 虎杖 huzhang en chinois) sont utilisés comme matière médicale en Chine. Ils sont inscrits à la Pharmacopée Chinoise (1999)13. Le rhizome est utilisé comme analgésique, antipyrétique, diurétique, expectorant, dans le traitement de la bronchite chronique, l’hépatite, la diarrhée, le cancer, l’hypertension, l’athérosclérose, la leucorrhée, une brûlure, une morsure de serpent14,15.

Composition chimique[modifier | modifier le code]

La renouée du Japon est la plante connue pour être la plus riche en resvératrol, une molécule trouvée aussi dans le vin rouge, qui n’a cessé de susciter depuis les années 1990 un intérêt toujours renouvelé de la part des biologistes et des revendeurs de compléments alimentaires16. Les rhizomes accumulent de 20 à 50 fois plus de resvératrol que les autres parties. Pour Bae et Pyee17 (2004), les rhizomes contiennent environ 197 μg/g MS de resvératrol alors que les tiges n’en ont que 9 et qu’aucune trace n’a été détectée dans les feuilles. Une trentaine de constituants ont été isolés dans les rhizomes. Les composés ayant un intérêt pharmacologique peuvent être regroupés dans les cinq classes suivantes : les anthraquinones, les stilbènes, les flavonoïdes, les lignanes et les composés phénoliques18.
Constituants du rhizome de Fallopia japonica (Polygonum cuspidatum)
FamilleComposés
AnthraquinonesEmodol (émodine) et ses glucosides, glucoside d’émodine-8-O-(6′-O-malonyl), physcione
StilbènesResvératrol, glucoside de galloyl resvératrol, picéide
FlavonoïdesCatéchine et ses dérivés, gallate de dimère procyanidol
Composés phénoliquesAcide galliqueacide benzoïque
Les anthraquinones, aux doses thérapeutiques habituelles, sont des laxatifs stimulants19. L’émodol a aussi des propriétés œstrogéniques. Les flavonoïdes comportent quelques puissants antioxydants.
Les stilbènes comportent le resvératrol et ses dérivés, aux propriétés pharmacologiques prometteuses. Le resvératrol est présent à des doses suffisamment importantes pour permettre une extraction par l’industrie pharmaceutique20,21. La quantité de constituants de la racine « de P. cuspidatum ramassé dans diverses régions de Chine varient considérablement suivant les conditions de culture, le procédé de séchage, les conditions de stockage etc. ». (Zhang et al.18). Ces auteurs donnent la fourchette suivante : de 6 à 29 μg/g MS de resvératrol (par chromatographie en phase inverse RP-HPLC). Par une autre méthode (chromatographie sur couche mince HPTLC), Zhao et collaborateurs (2005)22 trouvent 1 810 μg/g MS.
L’industrie chinoise traiterait actuellement 6 000 tonnes de rhizomes de F. japonica et proposerait 60 tonnes d’extraits plus ou moins purs sur le marché23. De nombreux compléments alimentaires riches en resvératrol sont apparus sur le marché. Ils associent en général aux polyphénols du raisin, des extraits de renouée du Japon, fournissant un resvératrol abondant et meilleur marché.
La plante serait donc une source de revenu importante dans son pays d'origine, mais elle n'y est pas invasive et ne provoque pas de dommages aux milieux naturels comme dans les régions où elle a été introduite.

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