mardi 6 août 2013

La Tour de Nesle et l'affaire du même nom

Pour rappel: affaire à laquelle Buridan est étranger, quoique dise François Villon (voir un blog précédent).

En réalité elle s'appelle Tour Hamelin mais comme elle est située près de l'Hôtel de Nesle, elle en a rapidement reçu le nom.
Cette tour faisait partie de l'enceinte de Paris, construite par Philippe-Auguste et faisait face à la Tour du Louvre. Elle aurait été détruite par la suite. En voici cependant le dessin qu'en fait Jacques Calot.


Il y a deux affaires de la Tour de Nesle:

- la vraie date de 1314. C'est une affaire d'état où se mêlent amours illicites ("le cul"), questions d'honneur (mais pas trop) et de gros sous ("et les écus").
Les trois fils de Philippe le Bel sont mariées à trois princesses (Marguerite, Jeanne et Blanche) qui amènent gaîté et charme dans le lugubre palais royal ; très vite on laisse sous-entendre qu'elles "reçoivent de jeunes hommes". La visite à Paris d'Edouard II d'Angleterre et de sa femme Isabelle (fille de Philippe le Bel) met le feu aux poudres : Isabelle remarque à la ceinture de deux jeunes chevaliers, les frères Gauthier et Philippe d'Aulnay, des aumônières semblables à celles qu'elle a elle-même offertes à ses deux belles soeurs, Marguerite et Blanche. Ce n'est pas encore l'Inquisition, mais c'est quand même la "question" : les deux jeunes gens avouent et les princesses itou. Je vous fais grâce de ce qui arrive aux jeunes gens, c'est sur internet) ; les deux princesses coupables sont tondues, habillées de bure et jetées au cachot des Andelys; après la mort de Philippe le Bel, Marguerite va mourir de froid au Château Gaillard (à voir la photo, on comprend pourquoi)


tandis que Blanche se retire à l'Abbaye de Maubuisson, après avoir été répudiée par le nouveau roi, son (désormais ex-) mari.

Jeanne devient reine de France car si elle est coupable d'avoir couvert les galipettes de ses soeurs, la répudier obligerait le roi à rendre sa dot qui est la Franche-Comté ; convenons-en avec lui l'honneur n'est pas à ce prix : il garde Jeanne comme épouse ("les écus").

- les légendes (Maurice Druon; Michel Zevaco, Brantôme...), amusantes mais très improbables, ne fût-ce qu'en raison du trajet de la Seine à l'époque ou de l'âge de Buridan qui n'avait que 14 ans à l'époque cette affaire.

Quelques éclaircissements pour terminer:

1. "Le cul et les écus" sont ce qui mène le monde (parole d'un banquier d'Overijse, en français dans le texte).

2. Les trois fils de Philippe le Bel sont
- Louis X le Hutin, époux de Marguerite de Bourgogne
- Philippe V le Long, époux de Jeanne idem
- Charles IV le Bel, époux de Blanche idem

4. Louis a succédé à son père puis a dû céder la place à Philippe le Long et à Jeanne de Bourgogne qui est donc devenur reine de France.

5. Hutin signifie entêté, querelleur, têtu, disputeur. Le français d'aujourd'hui étant plus direct, je vous en laisse trouver l'équivalent. Ceci dit, il fallait que Louis le Hutin en ait fait beaucoup pour qu'on l'écarte.

Inutile de vous dire que cette histoire a été un prétexte à de nombreuses adaptations salaces et romancées au cinéma et dans la littérature.

En finale, une image qui représente les différents protagonistes. A vous de les reconnaître.



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