"Aller à Canossa"Canossa est une petite ville-château d'Emilie, en Italie, dans la province de Reggio.
(château, château... enfin, ce qui est reste !)
"Der Gang nach Canossa" est une expression presque oubliée, même en Allemagne où pourtant Bismarck qui l'a utilisée à la fin du XIXème siècle, lui a donné la célébrité.
L'expression est née en "un temps que les moins de 900 ans ne peuvent pas connaître" (Charles Azanavour), plus précisément en 1077 ; l'empereur d'Allemagne (ce n'était pas encore le pays actuel qui n'a été unifié qu'à la fin du XIXème siècle, sous Bismarck précisément), l'empereur Heinrich IV est en conflit avec le pape Grégoire VII. Depuis Charlemagne, ce sont les rois et empereurs qui nomment les évêques (à leur botte, bien entendu !), ce à quoi Grégoire VII a bien l'intention de mettre le holà ; au grand déplaisir du jeune roi, qui le fait "déposer" (c'à d qu'il le fait démettre de sa fonction de pape) par une assemblée d'évêques allemands et italiens (quand je vous disais qu'ils étaient à sa botte !).
La réponse du berger (le pape) à la bergère (l'empereur) ne se fait pas attendre : l'empereur est excommunié ; cette sanction morale est très grave à l'époque car la plupart de ses vassaux le lâchent, ce qui le met dans une situation intenable.
L'empereur doit donc se réconcilier avec le pas et implorer son pardon; ce qui a lieu à Canossa où il se présente, vêtu de bure en signe de pénitence, en plein hiver. Le pape le laisse grelotter à genou dans la neige pendant trois jours (du 25 au 28 janvier 1077) au pied du château de Mathilde de Toscane où il réside (où il s'est réfugié devant la troupe de l'empereur?) avant de lui accorder son pardon et de lever l'excommunication.
(Mathilde de Toscane, le pape et l'empereur en piteuse posture)
C'est ce qu'on appelle la "querelle des investitures" (sous-entendu : des évêques).
En 1122 l'investiture des évêques est réglée par un compromis : au nord des Alpes, l'empereur; au sud, le pape.
L'empereur n'en reste pas là mais, comme le dit (...), "ceci est une autre histoire".
Je me demande si les princes allemands n'avaient pas Canossa en tête lorsqu'ils ont soutenu Luther qui fustigeait, paraît-il, les ors et les stupres du Vatican.
Au XIXème siècle Bismarck a essayé de rééditer le coup en tentant d'imposer un ambassadeur au pape, qui déjà piqué au vif par les lois anti-catholiques de Bismarck dans son Kulturkampf, l'a refusé. L'expression de Bismarck, "Nach Canossa gehen wir nicht!", lancée devant le Reichtag, a rendu l'expression célèbre. Il paraît qu'il y aurait laissé des plumes aussi. A vérifier.
Au fait, de qui est l'expression "ceci est une autre histoire" ?
Avez-vous une idée de la raison pour laquelle un vassal se sent libéré de tout lien de vassalité lorsque son suzerain est excommunié ?
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