mercredi 6 août 2014

Classer



Linné (Carl von) était un naturaliste suédois, anobli pour la qualité de ses travaux scientifiques. Son apport est d'avoir posé les bases de la classification binominale* des espèces.
Bizarrement cette passion lui serait venue de ses propres difficultés à se donner une identité (il aurait porté jusqu'à neuf variantes de son nom).
En Suède comme dans de très nombreuses cultures** on portait un prénom auquel on ajoutait le prénom de son père suivi d'un suffixe qui signifiait "fils de" ou "fille de" (Exemple: Nils Ingemarsson qui signifie Nils, fils de Ingemar).
Linné qui aurait dû devenir pasteur luthérien comme son grand-père et son père, a finalement pu faire des études de médecine, enseigner la médecine et même devenir le médecin de la famille royale.

A côté de quoi il a commencé à classer les être vivants connus à son époque, suivant un système toujours utilisé: classe, genre, ordre, espèce et variété. Car "ce qui n'est pas nommé n'est pas connu" (en latin "nomina si nescis perit et cognotio rerum")

M. Cipolla classait les humains en S(tupide), I(ntelligent), C(rétin) et B(andit) selon qu'ils (et malheureusement aussi elles) font de leurs relations un jeu

  • Stupide : loose-loose
    • nous y perdons tous les deux ou encore:
    • qu'importe que je perde si je suis certain que tu perds,
  • Intelligent: win-win
    • je fais en sorte que nous gagnions l'un et l'autre,
  • Crétin: loose-win
    • je perds ce que je te fais gagner
  • Bandit: win-loose 
    • je gagne ce que je te fais perdre.

L'ennui de cette classification, c'est que, contrairement à celle de Linné, elle porte sur des comportements humains qu'elle assimile à ces humains eux-mêmes; or faut-il encore le dire, une histoire humaine est complexe à l'extrême, il est au moins risqué d'identifier un comportement à une personne.
Lorsque je me regarde dans un miroir, je vois parfois un C, parfois un B, parfois un I et - trop souvent à mon goût - un S.


* Exemple 1 : artemisia vulgaris




Exemple 2 : bubo bubo




** Dans les langues sémitiques "ben", "bin" ou "ibn" ; en Irlande : "O'" ; en Ecosse: "Mac"; en Hollande et en Flandre : "-sen", dans les langues scandinaves: "-son"...sans compter les "de", "von", "van"... La liste est sans doute interminable.

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