samedi 16 juillet 2016

Le premier empereur (wikipedia) : de Ying Zheng 嬴政 à Shi Huangdi 秦始皇 (litt.: premier suprême souverain)



Rupture avec le passé et création d'un nouvel empire
« Ayant fixé le titre impérial, Shi Huangdi détermina l'Emblème et le Nombre significatifs de la dynastie qu'il fondait. Il choisit Six comme Nombre-étalon, et régna en vertu de l'élément Eau. Ainsi fut déterminée la couleur (le noir correspond à l'eau et au nombre 6) des vêtements et des drapeaux. Les chapeaux officiels eurent six pouces, de même que les tablettes des contrats. Six pieds firent un pas. Un attelage eut six chevaux. L'Eau, le Noir, le Nord correspondant à un principe de sévérité, la politique du gouvernement se trouvait orientée : tout devait se décider conformément à la Loi et à la Justice, et non conformément à la Bonté et à la Bienfaisance. Le gouvernement s'accordait ainsi avec la Vertu élémentaire chargée de présider aux temps nouveaux. Le Temps et le Calendrier furent renouvelés. »
— Marcel Granet, La civilisation chinoise, p. 48

On notera que comme tout tyran qui se respecte, il a fait brûler tous les classiques


L'autodafé des classiques

Dans ce système de gouvernement, aucune opposition ne pouvait être tolérée. Les enseignements confucéens n'avaient pas droit de cité dans l'empire Qin, et Li Si en était le principal détracteur. L'attachement de nombreux lettrés, dont certains faisaient partie de la cour de l'empereur, aux valeurs du passé et aux leçons des dynasties anciennes finirent par conduire aux proscriptions des livres, à partir de 213 av. J.-C.. Le lettré Chun Yuyue35 ayant conseillé à l'empereur de distribuer des fiefs à ses fidèles comme le faisait le roi des Zhou, Li Si, opposé à « la corruption du présent par le passé », recommanda la promulgation d’un décret dont il fut le principal artisan, ordonnant la destruction de tous les ouvrages de l'empire, à l'exception de l’Histoire de Qin, des manuels de médecine, d'agriculture et de divination36. Les exemplaires de la bibliothèque impériale furent épargnés mais disparurent en -206 lors de l’incendie de Xianyang par Xiang Yu37. Cette mesure, visant notamment les nombreuses annales des anciens royaumes, avait pour ambition d'effacer le passé et par là même, de « réformer les mœurs par l'intermédiaire des Lois », ainsi que l'empereur décrivait son action38. Les œuvres de Confucius étaient les plus directement visées par les décrets de proscriptions. En effet, tous les lettrés pris en possession d'un classique confucéen, risquaient jusqu'à la mort. Plus que de simples interdictions, des perquisitions massives eurent lieu chez les lettrés pour purger la Chine de la corruption du passé. Bien des lettrés rivalisèrent d'ingéniosité pour dissimuler leur copie de classique, certains en cachèrent dans des stèles et d'autres sous des planchers ou dans des murs. Cependant, Li Si prit soin de classer le Daodejing de Lao Zi, dans la catégorie des arts divinatoires pour le sauver des purges, alors que la plupart des ouvrages philosophiques étaient appelés à brûler.
L'autodafé des classiques entretient les incertitudes concernant l'existence réelle des sages comme Lie Zi et Lao Zi, puisque les documents qui pourraient la certifier sont perdus depuis longtemps.
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire