vendredi 24 octobre 2014

encore une idée reçue qui prend l'eau



Le jour où Gutenberg inventa la presse à imprimer
Si Gutenberg n’a pas inventé l’imprimerie en tant que telle, il y a introduit des innovations majeures qui justifient sa légende. Faisant fi des règles de grammaire et de typo françaises, le nom de Gutenberg s’orthographie avec un « n » précédant le « b ». Belle ironie pour l’inventeur de la typographie moderne.
Né allemand, à Mayence (alors partie du Saint Empire romain germanique) vers l’an 1400, le futur gentilhomme (1) fut l’inventeur d’une technique qui révolutionna l’imprimerie encore artisanale, perfectionnant l’usage des caractères métalliques mobiles en plomb.
Car, contrairement à l’idée répandue, Johannes Gutenberg ne fut pas l’inventeur de l’imprimerie en tant que telle. Celle-ci avait été développée en Extrême-Orient dès le VIIe siècle (xylographie), avant que les Chinois soient les premiers à utiliser les caractères mobiles en argile, en porcelaine ou en bois, au XIe siècle. Les Coréens inventeront ensuite les caractères métalliques, qui traverseront le monde oriental et ottoman jusqu’à l’Occident.
Certains considèrent le Néerlandais Laurent Coster comme le véritable inventeur de l’imprimerie moderne, puisqu’il imprime en 1430 deux exemplaires du Donatus, un traité de grammaire latine.
Mais, reprenant le même type de matériel, Gutenberg introduit, vingt ans plus tard, des innovations majeures qui justifient sa légende : l’alliage de plomb et d’antimoine pour les caractères mobiles, l’amélioration de l’encre, et surtout l’invention de la presse à imprimer. Le livre considéré comme le premier imprimé en Europe est le Donatus, en 1451, par Gutenberg, précédant la première édition de la Bible, en 1453. Éditée à partir de la Vulgate de saint Jérôme, la Bible de Gutenberg est surnommée « Bible à 42 lignes », se présentant comme une page manuscrite de deux colonnes de 42 lignes, composée en caractères gothiques textura.
C’est grâce au soutien financier de mécènes que Gutenberg a mené à bien ce projet d’une vie. D’abord de son cousin Arnold Gelthus, pour construire une presse, puis du riche banquier Johann Fust. Mais les retours sur investissement ne seront pas ceux escomptés, et Fust reprend la gestion de l’atelier et la presse mise en gage, poursuivant l’imprimerie sous son propre nom.
Des presses sont rapidement installées dans les grandes villes d’Europe (Cologne en 1464, Bâle en 1466, Rome en 1467, Paris en 1470, Londres en 1480…), l’invention de Gutenberg permettant de réduire considérablement les coûts de production, et ainsi d’accroître la diffusion des livres. Cinq cents ans avant le lancement du « Projet Gutenberg », bibliothèque numérique de livres libres de droits initiée en 1971.
SABINE AUDRERIE
(1) Il sera nommé gentilhomme auprès de l’archevêquede Mayence Adolphe II de Nassau en 1465, qui le sauve ainsi de la misère en lui accordant une rente (modeste) jusqu’à sa mort, en 1468.

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