Le jour où Gutenberg inventa la presse à
imprimer
Si Gutenberg n’a pas inventé l’imprimerie en tant que telle, il y
a introduit des innovations majeures qui justifient sa légende. Faisant fi des règles de grammaire et de typo françaises, le nom
de Gutenberg s’orthographie avec un « n » précédant le « b ». Belle ironie pour
l’inventeur de la typographie moderne.
Né allemand, à Mayence (alors partie du Saint Empire romain
germanique) vers l’an 1400, le futur gentilhomme (1) fut l’inventeur d’une
technique qui révolutionna l’imprimerie encore artisanale, perfectionnant l’usage
des caractères métalliques mobiles en plomb.
Car, contrairement à l’idée répandue, Johannes Gutenberg ne fut
pas l’inventeur de l’imprimerie en tant que telle. Celle-ci avait été
développée en Extrême-Orient dès le VIIe siècle (xylographie), avant
que les Chinois soient les premiers à utiliser les caractères mobiles en
argile, en porcelaine ou en bois, au XIe siècle. Les Coréens
inventeront ensuite les caractères métalliques, qui traverseront le monde oriental
et ottoman jusqu’à l’Occident.
Certains considèrent le Néerlandais Laurent Coster comme le
véritable inventeur de l’imprimerie moderne, puisqu’il imprime en 1430 deux
exemplaires du Donatus, un traité de grammaire latine.
Mais, reprenant le même type de matériel, Gutenberg introduit,
vingt ans plus tard, des innovations majeures qui justifient sa légende : l’alliage
de plomb et d’antimoine pour les caractères mobiles, l’amélioration de l’encre,
et surtout l’invention de la presse à imprimer. Le livre considéré comme le
premier imprimé en Europe est le Donatus, en 1451, par Gutenberg, précédant la première édition de la
Bible, en 1453. Éditée à partir de la Vulgate de saint Jérôme, la Bible de
Gutenberg est surnommée « Bible à 42 lignes », se présentant comme une page
manuscrite de deux colonnes de 42 lignes, composée en caractères gothiques textura.
C’est grâce au soutien financier de mécènes que Gutenberg a mené à
bien ce projet d’une vie. D’abord de son cousin Arnold Gelthus, pour construire
une presse, puis du riche banquier Johann Fust. Mais les retours sur
investissement ne seront pas ceux escomptés, et Fust reprend la gestion de l’atelier
et la presse mise en gage, poursuivant l’imprimerie sous son propre nom.
Des presses sont rapidement installées dans les grandes villes d’Europe
(Cologne en 1464, Bâle en 1466, Rome en 1467, Paris en 1470, Londres en 1480…),
l’invention de Gutenberg permettant de réduire considérablement les coûts de
production, et ainsi d’accroître la diffusion des livres. Cinq cents ans avant
le lancement du « Projet Gutenberg », bibliothèque numérique de livres libres
de droits initiée en 1971.
SABINE AUDRERIE
(1) Il sera nommé gentilhomme auprès de l’archevêquede Mayence
Adolphe II de Nassau en 1465, qui le sauve ainsi de la misère en lui accordant une
rente (modeste) jusqu’à sa mort, en 1468.
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