Né le 19/11/1925, à Poznan. Famille juive, non pratiquante mais juive quand même, donc traquée par les copains d'Adolphe ; fuit en Union soviétique, devient commissaire politique de la première armée polonaise, se bat à Berlin et ailleurs. Revient en Pologne où il participe à la lutte contre les dissidents ukrainiens et autres, mais lorsque son père prend contact avec l'ambassade d'Israël pour émigrer vers la terre d'Israël (ce qu'on appelle l'aliyah*), il est brusquement licencié. Il ne s'est jamais caché de ce passé de communiste convaincu (alors que d'autres ont été plus évasifs).
Etude de philosophie et de sociologie à Varsovie ; après des difficultés dues à son regard de plus en plus critique sur le communisme polonais, il est de facto (mais pas de jure) enseignant de philosophie dans son université jusqu'en 1968, année où il doit fuir son pays en raison de l'antisémitisme du parti. Après avoir enseigné quelques années à Tel Aviv, il enseigne à l'université de Leeds à partir de 1973.
En 2011 donne une entrevue ("interview") dans le journal Polytika où il critique le sionisme, dit que la paix n'intéresse pas Israël et qu'Israël "tire argument de l'holocauste pour justifier des actions déraisonnables." "La "west bank barrier"** est comparable aux murs du ghetto de Varsovie."
Zygmunt Bauman est connu pour avoir tenté de décrire les changements de mentalité de notre monde. Ses 57 livres traitent surtout des thèmes suivants : consumérisme, modernité et post-modernité, morale, "globalisation".
- La modernité est pour lui un tentative d'écarter tout chaos de la vie humaine en contrôlant la nature, en introduisant une bureaucratie, des règles et des procédures pour écarter toute insécurité de la vie humaine. C'est en quoi réside le côté SOLIDE de notre monde.
- Mais c'est impossible car il y a toujours des groupes humains incontrôlables, présents et imprévisibles : c'est ce qu'il appelle L'ETRANGER (pas celui qui vient d'ailleurs mais celui qui échappe au filet), qui fait peur et la peur étant mauvaise conseillère, elle est grosse de dangers.
- Il démontre que l'holocauste n'est pas un événement isolé, un météorite dans l'histoire mais une conséquence des Lumières et de la modernité : classement des individus et des races, solution rationnelle un problème, mise en oeuvre industrielle de la solution en question, division des tâches...
- Le passage de la "modernité" à la "post-modernité" s'est fait lorsque de producteurs nous sommes devenus consommateurs.
- Au tournant du millénaire, il a préféré parler de passage d'un monde SOLIDE à un monde LIQUIDE aux termes de modernité et de post-modernité ; dans notre monde - LIQUIDE donc -, les craintes sont moins définies, plus diffuses (ainsi de la crainte de la pédophilie, phénomène difficile à cerner avec précision).
- Je vous fais grâce de ses réflexions sur le lien - nettement relâché - entre le réel et les mots par lesquels nous en parlons, ainsi que la difficile coexistence entre consommation et éthique.
Quoi qu'on pense de ses idées, cet homme qui ne craint pas de dire qu'il s'est trompé, ne renie pas ses convictions et ose appeler chat un chat, mérite le respect.
Pour en savoir davantage : http://en.wikipedia.org/wiki/Zygmunt_Bauman
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* une aliya (pluriel: des aliyoth): signifie "ascension, élévation spirituelle" : c'est la façon dont on désigne le retour des juifs de la diaspora vers la terre sainte, celle d'Israël (Eretz Israël); ceux qui s'en vont - et il en a pas mal - font une yerida qui signifie descente.
** qui sépare Israël des palestiniens et les coince contre la frontière jordanienne
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