Bas bleu

en réponse à une question de Marie-Claude

Signification :
Femme pédante
(et pas tout à fait :virago ou suffragette, comme je le pensais jusqu'à il y a cinq minutes).

Usage :
Il s'agit d'une locution utilisée soit comme adjectif : elle est un peu bas-bleu, soit comme nom masculin : Mme X... est un bas-bleu.

Origine :
Expression française du XIXe siècle qui a servi d'abord à désigner les femmes de lettres. Ensuite, le terme a pris sa connotation péjorative par comparaison avec les femmes savantes de Molière. Bas-bleu est calqué sur l'expression anglaise blue stocking du même sens, qui fait allusion à un lord anglais fréquentant les salons en bas bleus au XVIIIe siècle. Comme en cette époque la mysoginie s'arborait franchement, l'expression fut utilisée pour désigner les femmes à prétention littéraire.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.


Merci à l'auteur du blog dont l'adresse suit, je ne vois pas comment le dire mieux que lui.
http://ekchprechion.blogspot.be/2011/10/bas-bleu.html


J'y ajoute les notes suivantes, qui ne manquent pas de sel.
De Gustave Flaubert Dictionnaire des idées reçues : « Bas-bleu : Terme de mépris pour désigner toute femme qui s'intéresse aux choses intellectuelles. Citer Molière à l'appui : “Quand la capacité de son esprit se hausse” etc. »
Dans Les Bas-bleus, Barbey d'Aurevilly écrit : "[…] les femmes qui écrivent ne sont plus des femmes. Ce sont des hommes, — du moins de prétention, — et manqués ! Ce sont des Bas-bleus." (mon "préjugé" initial n'était donc pas infondé).
Dans sa Physiologie du mariage, Balzac : « Une femme qui a reçu une éducation d'homme possède, à la vérité, les facultés les plus brillantes et les plus fertiles en bonheur pour elle et pour son mari ; mais cette femme est rare comme le bonheur même. »

Pour terminer, une caricature de Daumier, qui vise les fausses intellectuelles ; je suppose qu'avec sa prescience il pensait à celles qui vont se pâmer en écoutant le Dalaï-lama qu'elles ne comprennent pas et que par conséquent elles commentent devant leurs copines en s'empiffrant de petits gâteaux.

(Avec les faux intellectuels, il aurait eu trop de travail ; le grand amphi n'y aurait pas suffi.)