samedi 28 mai 2016

Louis-Nicolas Davout (1770 - 1823) HERODOTE



Louis-Nicolas Davout (1770 - 1823)
Le «Maréchal de fer»

Louis-Nicolas Davout, duc d'Auerstaedt et prince d'Eckmühl, apparaît, au vu de ses succès, comme un des plus grands maréchaux de l'Empire, mais également un des plus brillants chefs de guerre de l'histoire militaire française. Animé par le sens de la fidélité et de l'honneur, ce grand tacticien, soucieux d'imposer une discipline de fer à ses hommes, a su s'imposer aux yeux de Napoléon comme un de ses officiers favoris.
Benjamin Fayet
Un officier intransigeant
Le futur maréchal Davout voit le jour dans un petit village de l'Yonne, le 10 mai 1770. Issu d'une vielle famille aristocratique bourguignonne, le future maréchal intègre l'école militaire d'Auxerre avant de poursuivre ses études à Paris. Il les termine à la veille de la Révolution, en 1788, et intègre le Royal-Champagne-Cavalerie en tant que sous-lieutenant.
La Révolution éclate alors et le jeune officier épouse totalement les idées nouvelles, devenant même un admirateur des révolutionnaires les plus extrémistes, comme Saint Just ou Hébert. Il supprime la particule de son nom et se fait remarquer par son hostilité à l'autorité royale. Cet officier révolutionnaire est mis aux arrêts pour avoir refusé de porter un toast en l'honneur au roi. Peu après, lors d'une mutinerie, il en vient même à soutenir les mutins contre sa propre hiérarchie militaire.
Après sa démission de l'armée, il est pourtant élu lieutenant-colonel au 3ème bataillon des volontaires de l'Yonne. Il s'illustre alors dans l'armée du Nord sous le commandement du futur général félon Dumouriez qu'il tentera plus tard de faire arrêter lors de son passage à l'ennemi en 1793.
À cette date, Davout est nommé général de division, poste qu'il refuse s'estimant trop inexpérimenté pour occuper une telle fonction. Entre 1794 et 1797, le jeune général s'illustre par son sens tactique et sa capacité de commandement au sein de l'armée du Rhin. Au cours de ces années, il se lie d'amitié avec le général Desaix, un proche de Bonaparte, qui le lui présente en 1798.
La gloire à travers l'Europe
Conscient de sa qualité, Bonaparte l'envoie à Toulon pour préparer l'expédition d'Égypte. Comme à son habitude, il s'illustre lors des campagnes égyptiennes et contribue de façon décisive à la victoire d'Aboukir.
À son retour en France en 1800, Bonaparte le nomme commandant de la cavalerie de l'armée d'Italie. Durant le Consulat, il sera successivement nommé inspecteur général de la cavalerie puis commandant des grenadiers à pied de la Garde consulaire. Davout apparaît comme l'un des plus brillants officiers de l'armée française. Pour cette raison, il fait partie de la première promotion des «Maréchaux d'Empire» de 1804. Il a alors tout juste trente-quatre ans et les multiples campagnes de l'Empire vont lui offrir l'opportunité de se créer une réputation qui lui vaudra d'être appelé le «Maréchal de fer».
À la fin de l'année 1805, l'Autriche et la Russie s'arment et déclarent la guerre au tout nouvel Empire français. Napoléon se porte au devant des armées austro-russes et décide de les affronter directement sur leur terrain. Davout prend le commandement du 3ème corps de la Grande Armée et participe brillamment aux victoires mémorables d'Ulm et d'Austerlitz. Lors de cette dernière bataille, il est appelé par Napoléon à le rejoindre alors que son corps d'armée est à plus de 150 km du centre des opérations. Pour aller au secours de l'Empereur, il réussit à faire parcourir cette distance à ses hommes en moins de 36 heures et contribue à la gloire des armées françaises lors de la «bataille des trois empereurs».
Son plus beau coup d'éclat, il le doit à la campagne de 1806 contre la Prusse. Avec un corps d'armée en infériorité numérique, il culbute les forces prussiennes à la bataille d'Auerstaedt, le 14 octobre 1806. Napoléon peut grâce à cette victoire concentrer ses troupes sur le reste de l'armée prussienne, battue à Iéna le même jour. En récompense de ce fait d'armes, Davout obtiendra l'autorisation d'entrer le premier dans Berlin avec son corps d'armée et sera par la suite fait duc d'Auerstaedt en 1808.
Lors de l'année 1807, il continue à servir avec succès l'Empereur en commandant l'aile droite face aux Russes à la bataille d'Eylau. Durant cette terrible bataille, il s'écrie pour donner de l'ardeur à ses hommes : «Les braves mourront ici, les lâches iront mourir en Sibérie !» À la fin de cette nouvelle campagne militaire, Napoléon le nomme gouverneur général du grand duché de Varsovie, poste stratégique à la tête de ce duché allié de la France et au centre des appétits de la Prusse, de l'Autriche et de la Russie. Il dirige le duché avec une grande fermeté et s'attire malgré tout la sympathie du peuple polonais qui voit en lui un protecteur, capable de défendre leur nation.
Les années se suivent et se ressemblent pour un empire constamment en guerre, offrant à Davout de nombreuses occasions de s'illustrer. L'année 1809 voit l'Autriche rentré en guerre contre la France. Davout et son 3ème corps combattent victorieusement à la bataille d'Eckmühl , le 23 avril 1809 (cette bataille lui vaudra le titre de prince d'Eckmühl). Il sera absent lors de la bataille d'Essling mais participera activement à la victoire de Wagram où il commandera encore une fois l'aile droite.
Honneur et discipline
La paix recouvrée, Davout est fait commandant en chef de l'armée d'Allemagne le 1er janvier 1810, avant de s'occuper de la mise en place du blocus continental sur les villes hanséatiques où il combat avec sévérité la contrebande, sévissant dans beaucoup de villes allemandes.
Après deux années de paix relatives (la guerre en Espagne occupe toujours une bonne partie de l'armée), Napoléon prépare la guerre contre La Russie qu'il accuse de jouer double jeu et de servir les intérêts britanniques. Toujours au premier plan, Davout, au cours de cette funeste campagne de Russie, commande le 1er corps, fort de plus de 70 000 hommes.
La campagne commence difficilement pour lui. Malgré sa réputation d'homme de fer, il pleure longuement durant cette campagne la perte de son général de division Gudin auquel il était particulièrement attaché. Ses troupes apparaissent comme un modèle de discipline aux yeux du reste de l'armée selon le témoignage du comte de Ségur : «Dans cette masse, le 1er corps formé par Davout se distinguait par l'ordre et l'ensemble qui régnaient dans ses divisions. L'exacte tenue de ses soldats, le soin avec lequel ils étaient approvisionnés, (...) enfin la force de ces divisions, heureux résultat de cette sévère discipline, tout les faisant reconnaître et citer au milieu de l'armée.»
Ses troupes entrent dans Moscou après que Le maréchal se soit illustré à la bataille de la Moskowa, où son cheval meurt sous lui tué par l'ennemi. L'hiver survient peu après et la fameuse retraite de Russie commence : Davout et ses hommes sont placés à l'arrière garde pour contenir les assauts ennemis.
Face à une France en position de faiblesse, l'ensemble de l'Europe se coalise et lui déclare la guerre en 1813. Davout est alors en première garde. Il est chargé de défendre Hambourg qu'il réussit à tenir jusqu'à l'abdication de Napoléon en 1814. Contrairement à de nombreux maréchaux, il ne prête pas serment à Louis XVIII. Tout naturellement en 1815, l'Empereur de retour de l'ile d'Elbe souhaite lui faire reprendre du service.
Napoléon veut en faire son ministre de la guerre, poste que le maréchal refuse tout d'abord. Afin de le convaincre, l'Empereur lui déclare : «Je suis seul, seul en face de l'Europe ; voilà ma situation. Voulez vous m'abandonner ?» Davout, ému, lui répond : « Sire, je n'ai qu'une réponse à faire. J'accepte le ministère. » Il développe un véritable zèle à cette fonction et réussit en seulement quelques semaines à créer une armée, défaite ensuite dans la «morne plaine» de Waterloo.
Le 3 juillet 1815, il signe l'armistice et se soumet à l'autorité royale le 14 juillet. En homme d'honneur, il prend la défense d'un certains nombre de généraux proscrits et demande le remplacement de leurs noms par le sien, étant donné que ceux-ci n'ont fait que suivre ses ordres. Fidèle à son code de l'honneur, Il prendra également la défense du maréchal Ney accusé de trahison et condamné à mort par un tribunal militaire. Louis-Nicolas Davout meurt le 1er juin 1823, date de fin d'un destin militaire hors du commun, celui d'un des plus grands chefs de guerre que la France ait connu, seul maréchal resté invaincu tout au long de l'Empire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire