Il s'appelle Louis Charles Adélaïde de Chamissot de Boncourt, mais on le connaît sous le nom de Adelbert von Chamisso.
Son histoire commence en 1781 en France, près de Sainte Ménehould, se poursuit en Allemagne et se termine en 1838.
Ce monsieur à l'air ombrageux - le portrait est dans l'air de l'époque - est un ci-devant, ce qui explique le départ précipité de ses parents pour les Flandres, la Hollande puis l'Allemagne à Dusseldorf, Wurtzbourg, Bayreuth et finalement Berlin.
Il devient page de la reine Frédérique Louise qui l'envoie au lycée français où le petit catholique fréquente les enfants des protestants enfuis de France à la Révocation de l'édit de Nantes en 1685. Etudes en français, puis armée où il apprend l'allemand qu'il écrit beaucoup mieux que le français, langue de la rêverie, de la pensée.
Toute sa famille rentrée en France en 1801, il va y faire un petit tour en 1806. Le château de Boncourt a été pillé et rasé ; la Révolution est passée par là ; la France a changé, il ne la reconnaît plus. Pas plus que à son retour il ne reconnaît Berlin : dans l'Allemagne ouverte, cosmopolite, désintéressée qu'il avait quittée, on ne rêve plus que de revenche car l'armée française occupe Berlin.
Une citation exprime son sentiment, et place l'histoire de Peter Schlemiehl dans une lumière inattendue.
« Ma
patrie : je suis français en Allemagne et allemand en France, catholique
chez les protestants, protestant chez les catholiques, philosophe chez les gens
religieux et cagot chez les gens sans préjugés ; homme du monde chez les
savants, et pédant dans le monde, jacobin chez les aristocrates, et chez les
démocrates un noble, un homme de l’Ancien Régime, etc. Je ne suis nulle part de
mise, je suis partout étranger ...»
Inutile de se frapper ; ça se termine par un buste dans un parc... Autant vaut la poussière.
Et in pulverem reverteris.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire