Car rien ne vaut une bonne carte pour comprendre ce qui se passe.
Si le temps vous manque, vous vous contenterez de celle-ci.
Celle-ci, contemporaine, élargit le cadre.
Les pays en présence : la Russie, l'Ukraine et sa presqu'île - la Crimée - dans la mer Noire qu'un rien sépare de la Méditerranée ; ce rien s'appelle Istamboul.
Les noms de villes du coin : Sébastopol, Simferopol, mais aussi Mariupol, Melitopol, Nikopol et en Russie même, plus à l'est, Stavropol. Le suffixe -pol (en grec : πολις = polis = ville) indique bien la volonté russe de succéder à Byzance la grecque comme haut-lieu de l'orthodoxie.
Odessa ne se trouve pas en Crimée mais elle a été bousculée au passage.
Les protagonistes
L'histoire
Au départ, paraît-il, la volonté du tsar Nicolas 1er (orthodoxe) et de l'empereur Napoléon III (catholique) d'assurer la protection des Lieux Saints occupés par les Ottomans (les Turcs). Les Turcs qui penchent pour les cathos de Napoléon, mènent la vie dure aux orthodoxes de Turquie.
Là-dessus le tsar* propose à l'Angleterre de Victoria de régler le sort de "l'homme malade de l'Europe" ; autrement dit, de régler la succession de l'empire ottoman : à vous l'Egypte et la Crête, à nous les Balkans (et donc à la Méditerranée). L'Angleterre qui se méfie** de l'influence russe en Méditerranée alors que l'Afghanistan est déjà leur portée, ne rentre pas dans le jeu.
Mécontent de voir échouer ce petit arrangement (disent les uns), soucieux de défendre les orthodoxes de l'empire ottoman (disent les autres), le tsar fait détruire la flotte turque de la mer Noire, envahir la Roumanie (alors encore turque) et mettre les Tchétchènes au pas vers 1829. Puis après avoir signé le traité d'Andrinople en 1829, il laisse la Turquie végéter : mieux vaut un voisin faible que pas de voisin du tout***.
Anglais et Français font alliance avec la Turquie du sultan Abdulmejid Ier contre la Russie ; rejoints par Cavour, premier ministre de Piémont-Sardaigne (le nord de l'Italie et l'île au sud de la Corse, allez comprendre !), qui rêve d'une Italie unie, dont l'Autriche ne veut pas entendre parler ; les copains ça peut toujours servir.
Cavour, le grand homme de l'unité italienne
Au passage on démolit le port d'Odessa, histoire sans doute de n'être pas pris à revers, avant de débarquer à Eupatoria en Crimée. L'objectif : faire tomber Sébastopol.
Les choses s'enlisent très tôt : le siège de Sébastopol dure onze mois. Scorbut, choléra, typhus font des ravages dans les deux camps.
Les Russes coulent leurs navires dans le port pour empêcher toute approche par la mer, et récupèrent les canons ; résultat: 120 canons franco-anglais, trois fois plus à Sébastopol.
En octobre et novembre deux tentatives russes de percer l'encerclement à Balaklava et Inkerman sont déjouées.
Puis vient l'hiver, dur aux hommes et aux chevaux. A la sortie de l'hiver les ravitaillements des assiégeants leur permettent d'emporter le bastion de Malakoff ; trois jours après Sébastopol se rend.
Cocorico !
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NOTE Ce blog a été rédigé à la demande de Marie-Claude qui comme vous tous, se demande quels sont les circonstances précises qui ont donné lieu à cette guerre.
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* Tsar - Kaiser - Keizer = César. Tout le monde veut succéder à César.** Un coup d'oeil sur la carte suivante suffit : l'Angleterre avait quelque raison d'être inquiète.
Expansion russe de 1300 à 1796
*** cf la Lybie, l'Iraq et la Syrie de nos jours
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