dimanche 30 juin 2013

Et la fête continue

Le premier personnage était François Guizot, ministre du roi des français (et non de France) Louis-Philippe 1er.
A son époque le vote n'était pas démocratique mais ploutocratique, c'est-à-dire basé sur l'état de fortune, le "cens" : c'était le vote censitaire; celui qui possédait une certaine fortune avait le droit de voter; à l'époque seuls les hommes avait le droit de voter, malgré la révolution de 1789 qui proclamait l'égalité de tous les citoyens devant la loi.
François Guizot est un nîmois, né en 1787 et mort en 1874 dans le Calvados. La loi qui porte son nom date de 1833. Son père a été guillotiné en 1794, pendant la Terreur, à Nîmes. D'où probablement son penchant conservateur et son aversion pour la peine de mort.
J'ai cité son nom pour lui rendre justice ; en effet c'est à Jules Ferry qu'on attribue la paternité de l'enseignement obligatoire.
La phrase citée hier "Enrichissez-vous !" n'est citée que tronquée, comme je viens de le faire. C'était sa réponse à ceux qui réclamaient le droit de vote ; elle signifiait : Enrichissez-vous suffisamment pour acquérir le cens, autrement dit pour être à même de voter ; il ne tient qu'à vous d'acquérir le droit de vote.

Pour votre gouverne ("pour info"):
Le cens est seuil d'imposition qui conditionne le droit de vote et l'éligibilité des citoyens.
En français : si vous n'avez pas assez de sous, vous n'avez rien à dire; alors enrichissez-vous  !

Point suivant : le dessinateur de la planche est un belge, de Gedinne, appelé Joseph Gillain, dit JiGé. Il faisait partie de l'école de Marcinelle (Spirou) qui a rassemblé de très nombreux talents de la BD et créé de nombreux personnages.
C'est lui qui a largement formé Gir-Giraud- Moebius et a inspiré la série des Blueberry par ses personnages de Jerry Springs et paraît-il déjà Blueberry soi-même.
Dans l'école de Marcinelle on faisait des phylactères (des "bulles") rondes alors que dans l'autre école belge, celle de Bruxelles, les bulles étaient carrées. Dans la seconde il y avait beaucoup de textes, dans la première, qui était assez catho, on aimait les histoires édifiantes (Don Bosco, Christophe Colomb...)

Autoportrait de Jigé
(c'est fou ce qu'on peut faire avec un crayon, vous ne trouvez-pas ?)

A cette époque-là les bandes dessinées étaient destinées aux enfants; le genre était d'ailleurs plutôt méprisé (mais j'en ai lu beaucoup quand même).
Jetez un coup d'oeil sur le site suivant; il en vaut la peine.

http://www.live2times.com/1980-mort-de-joseph-gillain-dit-jije-le-maitre-de-la-bd-e--11444/

Enfin la peinture était bien de Zao Wou Ki, peintre chinois dont j'ai déjà parlé dans un blog précédent.

Au fait, connaissez-vous l'origine du mot "phylactère" ?



samedi 29 juin 2013

Avec tout ça j'allais oublier le parchemin.

Le parchemin a été inventé à Pergame, περγαμον, ville qui s'appelle Bergama, en turc parce que c'est une ville de Turquie, dans la province d'Izmir. Voici deux cartes, pour que vous ne vous y retrouviez pas trop.




Il paraît, on dit que le roi de Pergame, Eumène II, a eu l'idée un jour de se payer une belle bibliothèque, ce qui n'a pas eu l'heur de plaire au roi d'Egypte qui s'appelait Ptolémée V. Car comme l'Egypte possédait une fort belle bibliothèque à Alexandrie, il craignait que Pergame ne s'offre une bibliothèque encore plus belle que la sienne. Et rien que pour l'embêter, il a interdit qu'on livre du papyrus à Pergame.
Il faut savoir qu'on écrivait à l'époque sur des feuilles de papyrus (le mot papyrus a donné le mot papier) ; pas de papyrus, pas de bibliothèque !
Qu'à cela ne tienne, s'est dit le roi Eumène II soi-même, nous allons faire faire à la connaissance un grand bond : nous allons traiter des peaux pour écrire dessus.  Mais quelles peaux ? De chèvre, de mouton, d'agneau, de veau (le vélin) et même de porc, s'il vous plait ! Naissance d'une importante activité artisanale, celle des parcheminiers qui traitaient les peaux pour qu'elles puissent servir de support à l'écriture.

Vue de profil d'un honnête parcheminier à la fin d'une longue journée de labeur. Ceci dit, c'était dur et les peaux ça pue ! J'aime mieux menuisier.

On pouvait écrire sur les deux faces : le côté "fleur" et le côté "poil".

Les feuilles étaient assemblées de deux façons :
  • en "volumen" c'est-à-dire en rouleau,
  • en "codex" qui est l'ancêtre du livre.
Lorsqu'on est passé du volumen au codex, d'aucun se sont récriés devant ce progrès : qu'allons-nous devenir si on ne lit plus le menton sali ! (pour comprendre, essayez de lire un rouleau d'importance et vous saurez pourquoi on avait le menton sale).
"O tempora, o mores"

Pour pouvoir les réutiliser (c'était pas gratos), on les ponçait, ce qui en faisait un "palimpseste".
L'oubli corrigé, on passe à autre chose, demain.

Qui a dit, et dans quel contexte ?

«Enrichissez-vous par le travail, par l'épargne et la probité»



Voici son portrait (au cas où vous le reconnaîtriez) ; il a imposé l'enseignement primaire obligatoire en France et a proposé l'abolition de la peine de mort. Mais comme le roi dont il était ministre était devenu impopulaire, il a été emporté par sa démission et sali. On commence seulement à lui rendre justice ; il est temps.

Deuxième énigme : quel est l'auteur du dessin ci-dessous ?


Et celui de la peinture qui suit ?


Au fait : vos avis, remarques, réponses et suggestions sont bienvenus !


vendredi 28 juin 2013

Georges Orwell

"Ou l'horreur de la politique"
(le titre est emprunté à un livre de Simon Leys).

Eric Arthur Blair, sujet de Sa Majesté, né en Inde en 1903 dans l'état du Bihar. De tempérament rebelle ; après des études à Eton, il travaille comme sergent de la police britannique en Birmanie pendant cinq ans, poste qu'il quitte pour des raisons de santé, mais en réalité révolté contre les méthodes du colonialisme. Donc courageux mais raisonnable.
Après une période de petits boulots, il s'engage dans le POUM (Partido Oberero de Unificacion Marxista) pour combattre les forces de Franco et de ses alliés (la légion Condor envoyée par Hitler) lors de la guerre civile espagnole (1936-1939).
Pour information : la légion Condor est venue préparer le travail de 1940.
Gravement blessé à la gorge et sans doute déjà tuberculeux, il est réformé, juste à temps, parce qu'après cela c'était la seconde guerre mondiale. En Espagne il a pu observer les déchirements de la gauche internationale, ce qui l'a guéri du communisme mais pas de la tuberculose qui a fini par l'emporter en 1950, juste avant la sortie de "1984".
Re-photo donc.


A écrit "1984", "Animal farm", "Keep the aspidistra flying", "Homage to Catalonia", entre autres.
"1984" a été porté à l'écran, avec beaucoup de fantaisie et parmi bien d'autres références, par Terry Gilliam dans "Brazil" ; les ressemblances m'ont frappé d'emblée d'emblée.
Juste pour le plaisir, deux maximes qu'on pourrait intituler : de l'espoir des uns à la trahison des autres.




mercredi 26 juin 2013

Journalisme

Un célèbre journaliste américain, A.B. Liebling a écrit un jour :

"Il existe trois sortes de journalistes: 

  • le reporter qui dit ce qu'il a vu
  • le journaliste-interprète qui dit ce qu'il pense de ce qu'il a vu
  • l'expert qui dit ce qu'il pense de ce qu'il n'a pas vu."
Le troisième groupe serait de plus en plus nombreux. Ben voyons !
Pourquoi se gêner ?
Quand on est un peu journaliste, la solution la moins fatigante, celle qui permet de boucler à temps, de ne pas se mettre le rédac'chef à dos (ni le patron du journal) et de draguer profond, ce qui est toujours bon pour les publicitaires qui font vivre le journal.
Quand on est expert professionnel (souvent académique mais pas toujours), aucun risque : l'irresponsabilité stipendiée, avec en outre le plaisir de faire coucou dans le poste et de frimer dans les salons en se plaignant d'avoir encore dû faire une "télé" ("vous pouvez pas savoir ma pauv'dame ce que c'est astreignant").

Quand on est dupont ou durant, on est un super-expert : on n'a rien vu, on ne connaît rien, mais on cause quand même, dans les cafés, les restaurants, au lit, à table, à la plage...
C'est vrai ça quand même ! C'est pas parce qu'on n'a rien à dire et qu'on n'y connaît rien qu'il faut fermer sa g....

Voilà pourquoi je ne lis plus la presse, ne regarde plus la tv et n'écoute pas les "infos" à la radio. Parce que les "infos" sont la deuxième émission de fiction de la soirée, après la "météo".
(Et aussi pourquoi je deviens un peu ours; ma connerie me suffit; inutile de m'abreuver de celle des autres.)

Au fait en français on dit météorologie et information; des fois que vous auriez oublié ! Ce n'est pas un hasard si on estropie ces deux mots ; tripoter la langue, c'est manipuler les esprits.

Au fait connaissez-vous Georges Orwell ?
Voilà sa photo. Il a payé cher le droit d'écrire.



Et il avait compris avant tout le monde, en 1948, dans quelle sordide impasse menait le communisme soviétique. Son roman le plus fameux s'intitule "1984", qui est l'inversion de (19)48.
A lire donc, sans traîner, et aussi la fable intitulée "La ferme des animaux" (Animal farm).

mardi 25 juin 2013

Quiz

Suite à mon dernier blog Elise me demande à juste titre "Et Hérodote dans tout ça ?"
Suite à quoi je m'aperçois que j'ai omis de citer Hérodote dans les vieilles lunes qui faisaient l'objet de lectures obligatoires "en un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître".
Donc outre Plutarque, Cicéron, Tite-Live, César, Suétone, Tacite, Ovide, Platon, Aristote, il fallait aussi lire Hérodote pour faire partie des gens bien éduqués.

Les réponses au quiz ayant été abondantes, il m'a été impossible de répondre au courrier, ce dont je vous prie de bien vouloir m'excuser (la seule réponse m'est venue de Marie-Claude).

La question sur les "sept merveilles du monde" est piégée car les avis ont beaucoup divergé entre auteurs et époques. Il existe bien une liste canonique ("kanôn" signifie "règle"), c'est donc celle que je vous donne.

  1. Les pyramides de Memphis ou Gizeh (Egypte éternelle) : se porte bien, merci.
  2. Le colosse de Rhodes, qui est en fait la statue d'Hélios à Rhodes, à l'entrée du port: détruite.
  3. La tour-fanal de Pharos à Alexandrie (Egypte idem) : détruite.
  4. La statue de Zeus chryséléphantine (or et ivoire: pauvres éléphants) à Olympie (Grèce) : détruite.
  5. Les jardins suspendus de Babylone, dits aussi de Sémiramis (Irak): détruits.
  6. Le temple d'Artémis à Ephèse (Turquie): détruit.
  7. Le tombeau de Mausole à Halicarnasse (Turquie): détruit.

La seconde question portait sur l'Hérodote chinois.
Il s'appelle Sima Qian (en pinyin) et Sseu ma Ts'ien dans l'ancienne prononciation, ce qui s'écrit 司馬遷 en chinois classique et 迁 dans la graphie actuelle.


Je vous accorde que ce n'est peut-être pas ressemblant, mais la peinture, ici comme en Chine, est peut-être davantage qu'une reproduction photographique.
Il a vécu de 145 à 86 avant notre ère. Enfant très précoce ("surdoué"), il savait déjà lire les livres anciens à l'âge de dix ans (et en chinois !). Il faut dire que son papa était annaliste de l'empereur (celui qui est chargé de tenir les annales de l'empire).

D'abord fonctionnaire impérial il a été chargé de diverses missions d'inspection pour le compte de son patron, l'empereur Wudi de la dynastie des Han, puis annaliste, poste où il a succédé à son père.
Comme il avait osé prendre la défense d'un officier accusé de trahison, l'empereur l'a condamné soit à être exécuté, soit à être castré, ce qui était presque aussi grave. Sima Qian a choisi la seconde solution pour pouvoir achever l'oeuvre de son père qui s'intitule "Annales historiques".
Wudi l'a repris ensuite comme secrétaire privé (ce qui lui faisait une belle jambe).
La morale de l'histoire c'est qu'il vaut mieux vivre que mourir, surtout en démocratie.
Me revient une question qu'il se posait dans ce livre: "Pourquoi le méchant meurt-il dans son lit et le juste dans la misère ?"

mardi 18 juin 2013

Pourquoi Hérodote ?

Et oui, pourquoi cette vieille lune ?
Pourquoi Plutarque, et pourquoi Tite-Live ou Cicéron (le descendant du nez en pois-chiche) ?
Pourquoi avons-nous dû étudier et traduire ces auteurs poussiéreux et pourquoi sont-ils tombés en désuétude avec le grec et le latin ?
Question que je me suis longtemps posée.
Et à laquelle Répliques d'Alain Finkielkraut vient de me donner la réponse.

  1. Avant le XVIIIème siècle, siècle des Lumières qui nous ont sortis, pour toujours, des ténèbres du Moyen-Age (non, non ! la Renaissance n'était pas dans les ténèbres, qu'allez-vous croire !), les humains de par ici cherchaient leur inspiration dans le passé, l'histoire des grands hommes et de leurs hauts faits, de l'Histoire.
  2. Après le XVIIIème siècle, nous sommes entrés dans une époque heureuse, celle du progrès, du SENS de l'histoire que nos dirigeants avaient mieux compris que le populo, ce qui leur donnait le droit de le lui indiquer, quitte à le forcer un peu à le suivre. Le progrès est devenu la religion de la modernité. 
    1. Certains ont compris qu'il fallait aller vers les "lendemains qui chantent" et par conséquent envoyer au goulag, au lao gai ou dans les killing fields ceux et celles qui faisaient remarquer que le roi n'était peut-être pas très habillé.
    2. D'autres ont expliqué à leur peuple qu'ils étaient les élus et que les autres étaient des inférieurs, qui les serviraient de gré et souvent de force, après quoi on pouvait s'en débarrasser.
    3. D'autres encore ont prêché la technique, la seule voie de progrès illimitée, quitte à utiliser les moyens d'une planète limitée. A condition d'avoir assez d'argent parce que, "vous comprenez, ma bonne dame, tout se paie et on ne va pas travailler pour rien". Ce qui n'a pas arrangé les affaires de la nature ni des hommes qui sont restés "sous-développés" à nonante pour cent.
  3. Ensuite est venue la gueule de bois; et la solution miteuse de l'aujourd'hui : finis les grands exemples du passé ("de toute façon c'étaient toujours des aristos"), finie l'espérance du progrès. Reste le présent, le présent, le présent...
Au fait, c'est vrai, ça ! Y a-t-il quelqu'un qui sait où on va ?

dimanche 16 juin 2013

Non ce n'est pas Homère

"Accessit" signifie, comme l'écrit Cécile, "approcher, arriver" (au passé en latin); c'était une sorte de sucette qu'on donnait autrefois lors de la remise des prix de fin d'année, à ceux qui avaient eu de bons points dans une branche précise.

Et non, ce n'était la tête d'Homère ; la perfide intro du blog faisait évoquer Hippocrate mais ce n'était pas lui non plus.

 

Hippocrate, c'est celui qui a le caillou pelé; l'autre est aveugle mais il a encore de beaux cheveux pour son âge.

Le personnage à reconnaître s'appelle HERODOTE (Hροδοτος) ; c'est un grec né en 484 et mort en 420 (croyez-le ou non : on vivait à reculons, avant notre ère).
Son boulot : historien; c'était même le "père de l'histoire" pour Cicéron (un orateur romain dont un ancêtre avec un nez en forme de pois chiche d'où son surnom de cicéron parce que en fait il s'appelait Marcus Tullius).
Un des premiers géographes parce qu'il décrivait bien les pays qu'il a traversés.
Un des premiers théoriciens politiques parce qu'il compare différents régimes politiques (monarchie, aristocratie, démocratie).

Son livre s'intitule "Histoires" (neuf volumes : et pas en papier s'il vous plait ! en parchemin !) ; il paraît que c'est vivant, amusant, bourré d'anecdotes, ce qui est sans aucun doute la meilleure façon de raconter l'histoire. Je n'ai jamais dû le traduire pendant mes humanités mais j'en connais qui n'y ont pas coupé.

Il a contribué à faire la liste des sept merveilles du monde (...de l'époque ; parce que maintenant Ikea fait mieux avec du plastic).

Au fait quelles étaient les sept merveilles du monde ? 
Question pour un accessit : qui appelle-t-on l'Hérodote chinois ?

Et oui, car dans ce vaste monde on rencontre des gens intelligents ailleurs qu'en Europe !

J'allais oublier.
Au fait : "in - augur - al" signifie "qui commence"; un discours inaugural est le premier discours d'un enseignant lorsqu'il prend possession de sa chaire.
"Augure" viendrait du latin "augere" qui signifie "augmenter". C'est pas sûr.

Augure ("tant'auguri a te", n'est-ce pas Léopold !) a deux sens :

  1. Soit le prêtre chargé de prédire l'avenir, en fait : de dire le "bon moment", celui qui fait "augmenter", dans le monde romain antique ; ça les occupait beaucoup, because beaucoup de gens venaient leur demander si c'était le "bon moment" pour les semailles, le mariage du gamin, une déclaration de guerre, la construction d'une maison ou d'un temple...Il paraît que vers la fin de l'empire romain, deux augures ne pouvaient pas se regarder en face sans fou rire, car c'était un boulot très sérieux.On les appelle aussi "(h)aruspice" (haru - en étrusque - : les tripes - spicere - c'est du latin - : regarder) car ces messieurs contemplaient des tripes de poulet, entre autres, et aussi le vol des oiseaux. Pas très écolo tout ça !
  2. Soit le signe censé présager l'avenir, en bien naturellement (en mal c'est plus dangereux ; je doute qu'ils aient souvent osé le faire, sous peine de passer pour des "oiseaux de mauvais augure" et, ce qui est plus grave pour le prêtre, de ne pas être payé).

Donc: les sept merveilles du monde antique (de par ici) et l'Hérodote chinois. Pour demain (ou mañana, comme vous voudrez)
Et tant que j'y suis : d'où vient le parchemin ? (ça c'est rien que pour vous embêter !)

samedi 15 juin 2013

Supplément de week-end

君子不器

Prononcez : junzi bu qi (bonne chance si vous n’avez pas d’oreille !)
Trad. : un homme éduqué n'est pas un pot
Tiré de : Confucius, Analectes, cité par Simon Leys

Eclaircissements :
君子                   sage, homme vertueux, homme de haut rang
不羈                   ne pas - vase

En chinois comme en japonais (les japonais ont beaucoup copié les chinois) existent nombre de proverbes, dictons, sentences et maximes de quatre caractères, d'une concision lapidaire.



Simon Leys est un belge, originaire de Braine l’Alleud, professeur de chinois à l’université de Camberra ; il est membre de l’académie belge de littérature de langue française, a vécu en Chine, surtout à Taiwan et Hong Kong (beaucoup) et au Japon (un peu), est marié à une chinoise et a écrit entre autres « Les habits neufs du président Mao » et « La forêt en feu » à une époque où il était de bon ton dans l’intelligentia (parisienne et autre) de porter aux nues le grand Timonier (le surnom de Mao).
Le livre allait à rebours du courant dominant ; par conséquent tout le monde l’a critiqué, jusqu’au jour où il a bien fallu lui donner raison, sans bien sûr reconnaître ses erreurs : "Grande gueule un jour, grande gueule toujours" (proverbe ouolof ou arabe ou chinois ou bantou ou petchenègue ou patagon...).

Sur You Tube, vous trouverez un extrait de l’émission « Apostrophes » de Bernard Pivot (une des rares émissions intelligentes de la tv au temps où il en avait encore) où Maria-Antonietta Macchiocchi, passionaria du maoïsme de salon, se fait vertement remettre à sa place par Simon Leys. Dès le lendemain, les chiffres de vente du livre de cette dame ont baissé.


Lectures très chaudement recommandées : " Les idées des autres ", " Le bonheur des petits poissons ", "Les naufragés du Batavia" (qu'on pourrait sous-titrer : pourquoi les massacres), " Orwell ou l'horreur de la politique "…
Ce monsieur écrit en français; ne riez pas : malgré les apparences, ce n’est pas aussi courant que vous pourriez le penser.

χc ? (Qui c'est ?)

Il n'y a pas que les jeunes qui maîtrisent le "SMS language" !

Eclaircissement
"χ" est la lettre grecque qui se prononce "ki" (en réalité "chi") ; c'est la première lettre du mot χειρ qui signifie "main", d'où le mot "chirurgie" (χειρ εργον - cheir ergon) : travail de la main. Les chirurgiens sont des manuels, ce qui leur a longtemps été jeté à la tête; comme s'il fallait être plus intelligent pour parler que pour agir ! C'est pourtant "au pied du mur" qu'on reconnaît le maçon ; vous ferai-je l'injure de vous dire que c'est l'origine de l'expression "être au pied du mur" ?

Revenons à la question inaugurale (beau mot, non !)

Qui représentent ces deux bustes ? (c'est la même personne)



Question pour un accessit : d'où vient le mot "inaugural" ?
Pour un second accessit : et le mot "accessit" lui-même ?




mardi 11 juin 2013

et la victoire va sans conteste à

Mon épouse qui est aussi mon amie, mon amante et ma confidente (et bien plus encore) a donné la bonne réponse :
François Leclerc du Tremblay (1575-1638), devenu capucin sous le nom de père Joseph, a été surnommé l'éminence grise (sous-entendu: du cardinal) en raison de la couleur de sa robe de moine.
Le livre éponyme que lui a consacré Aldoux Huxley vaut la lecture, si l'envie vous en prenait. A défaut, jetez un coup d'oeil sur wikipedia. Le personnage en vaut la peine.

Si vous aimez les policiers, jetez un coup d'oeil sur les livres de Donald Westlake : trois fois couronné par le jury du prix Alan Edgar Poe, et lauréat du Grand Master Award en 1993.
Observation fine et très juste des milieux fréquentés et aussi des états d'âme des protagonistes. Trépassé en 2008, à 75 ans. Pas pauvre (au moins cent bouquins sous plusieurs pseudonymes, des scripts pour de nombreux films...).

 

lundi 10 juin 2013

Voici les réponses que personne n'a données

Le personnage du fond du tableau est François Leclerc du Tremblay, père capucin qui a conseillé Richelieu pendant la plus grande partie de sa carrière et qui lui aurait sans doute succédé s'il n'était mort avant lui.
Connaissez-vous son surnom devenu commun en politique et dans les cercles des pouvoirs ?

Nicolas Poussin est probablement le peintre qui a représenté Richelieu avec ses chats; avec Philippe de Champaigne c'est un des grands peintres qu'a favorisés le prélat. On le voit ici préenté à Louis XIII par Richelieu.



Mazarin est celui a qui Richelieu a confié les destinées de la France après la mort de François Leclerc du Tremblay. Cardinal lui aussi, italien, mal aimé comme son prédécesseur.



dimanche 9 juin 2013

Et le gagnant est...

Aurélien Antoine qui a identifié le personnage et les chats.

Le personnage à reconnaître était bien sûr Armand-Jean du Plessis de Richelieu (1585-1642), principal ministre de Louis XIII pendant dix-huit ans.
Personnage remarquable et complexe, sali par ses ennemis, dont Victor Hugo et Alexandre Dumas (dans "Les trois mousquetaires"), à tort car les choses sont nuancées. Les protestants lui gardent une dent pour avoir mis le siège devant La Rochelle, mais évitent de dire qu'ils avaient créé un état dans l'état et fait appel aux Anglais contre le roi de France. Qu'aurions-nous fait à la place de son ministre ?
Malgré une santé très fragile Richelieu était un bourreau de travail, un modèle d'organisation, et un véritable homme d'état. Voyez sur wikipédia au lien suivant: http://fr.wikipedia.org/wiki/Armand_Jean_du_Plessis_de_Richelieu
Vaut la visite.

Le peintre n'est pas Lodoiska, inconnu de l'internet (sauf comme héroïne d'histoire romantique).
Le plus connu de ses portraits est de Philippe de Champaigne.

Restent à trouver :
- le nom du peintre,
- celui du successeur de Richelieu (bien connu lui aussi),
- celui du personnage représenté en arrière-plan (son histoire est racontée en détails par Aldous Huxley); en voici une autre représentation



Bien du plaisir !

samedi 8 juin 2013

Demain, morgen, tomorrow, mañana, ... jamais ou presque, ou : "de la pro-cras-tination"

"Cras" : mot latin qui signifie: demain.
La réponse à la devinette de la dernière rubrique vous a été promise mercredi pour "demain"; nous sommes samedi, d'où le titre.

La réponse était : Michel Eyquem, seigneur de Montaigne.
Décrit par Wikipedia dans les termes suivants:
"Né le 28 février 1533 et mort le 13 septembre 1592,... moraliste de la Renaissance et philosophe indépendant."

Pourtant il ne m'a jamais fait l'impression de moraliser ni de philosopher ; probablement parce que le sens des deux mots a beaucoup changé depuis son temps, ce qui est la source de la plupart des malentendus, entre contemporains et plus encore entre humains de mondes et d'époques différentes. Tant il est vrai que anachronisme et esprit de clocher sont, des erreurs humaines, les mieux partagées.

Il est très souvent cité, même par celles et ceux qui ignorent son existence.
Exemples, entre mille.

  • "À un enfant de maison, qui recherche les lettres, non pour le gain [...], ni tant pour les commodités externes que pour les siennes propres, et pour s'enrichir et parer au dedans, et si l'on veut faire de lui un habile plutôt qu'un homme savant, je voudrais qu'on fût soigneux de lui choisir un conducteur qui ait plutôt la tête bien faite que bien pleine."
  • "Le monde est une branloire perpétuelle" (ndlr : en français d'aujourd'hui "branloire" se dit "balançoire", qu'allez-vous penser !) perpétuelle."
  • "Je veux que la mort me trouve plantant mes choux."
  • "C'est faire grand cas de ses opinions que d'en brûler un homme tout vif."
Mais en voilà assez sur Michel de Montaigne. Pour en savoir davantage, lisez ses "Essais", écrits en français en une période où les ouvrages respectables étaient rédigés en latin. Trois volumes de plusieurs centaines de pages chacun. Bon courage !

Qui est cet homme qui avait quatorze chats à sa mort ? Et quels étaient les noms de ses chats ? 
Aurélien, nous t'attendons !



mercredi 5 juin 2013

Enigme : suite et fin OU "des mille et une façons de commenter un proverbe, ET nouvelle énigme

La traduction du proverbe d'hier, proverbe chinois (et non ouolof ou bantou ou arabe...ce qu'un vain peuple va répétant) est :

"Quand le sage montre la lune, le sot regarde son doigt."

On pourrait se demander : et quand le sot montre la lune, le sage est-il sage au point de ne pas regarder d'abord son doigt ?
Et y a-t-il des sages ? Les sages ne sont-ils pas des sots qui ont  appris de la vie le peu qu'ils peuvent en apprendre, dans les limites de leurs moyens et dans les seuls domaines ou ils peuvent le devenir ? Pour ma part, je sais que je commence par regarder le doigt, surtout si le sage n'a pas la bienveillance de regarder la lune pour m'aider à saisir ce qu'il veut dire.
Mais il est vrai aussi qu'une certaine sottise s'obstine à réduire toute la vérité à une description obstinée du doigt, ce qui est sans remède.

Des fois je me pose des questions et comme dirait un ancien maire de Bordeaux (voir photo) : "Que sais-je ?".


Question donc : de qui s'agit-il ?

mardi 4 juin 2013

que signifie ce proverbe ?


聪明人指着月亮的时候,傻子看着他的手指


  1. Proverbe très profond et d'application universelle (à commencer par votre serviteur).
  2. C'est un peu difficile à prononcer (surtout les 子 et les 着).
  3. Non ce n'est pas un proverbe ouolof ni égyptien, mais ça vous l'aviez deviné.
  4. Réponse demain.
  5. Vous pouvez essayer de tricher ; bonne chance !