note préliminaire
La carte du tendre est une déformation de La carte DE Tendre, Tendre étant le nom d'un pays - et de ses trois capitales - où se passe "Clélie, histoire romaine" de Madeleine de Scudéry, "best-seller" du XVIIème siècle.
portrait
Le pasteur qui explorait la carte du Tendre
Céline HoyeauGary Chapman Pasteur évangélique L’auteur du best-seller « Les Cinq Langages de l’amour » est un pasteur évangélique qui se rêvait missionnaire.
Winston-Salem (États-Unis)
De notre envoyée spéciale
Originaire d’une bourgade de Caroline du Sud, il se rêvait missionnaire. C’est pour cela que l’apprenti pasteur avait étudié l’anthropologie, afin de se préparer à « mieux comprendre d’autres cultures ». Son horizon, pourtant, s’est avéré tout autre : depuis plus de cinquante ans, Gary Chapman, 79 ans, explore la carte du Tendre (1), dont il est devenu, presque malgré lui, un spécialiste renommé aux États-Unis. Publié en 1992, son livre, Les Cinq Langages de l’amour (2), à destination des couples en difficulté, s’est vendu à dix millions d’exemplaires pour la seule version anglaise. Il a été traduit en 50 langues…
Comment un modeste pasteur du Sud américain est-il donc devenu un conseiller conjugal de renommée mondiale ? « La réponse courte, c’est Dieu ; la réponse longue, c’est encore Dieu »,plaisante-t-il, dans son bureau de la Calvary Baptist Chapel, à Winston-Salem, en Caroline du Nord. « J’ai toujours voulu m’adresser à un large public, les chrétiens comprendront que tout cela est enraciné dans l’Évangile. »
Au moment où il s’apprête à postuler pour le Nigeria, après cinq années d’études au Texas, sa femme tombe malade, et le jeune couple doit faire une croix sur l’étranger. Un doctorat en sciences de l’éducation en poche, le pasteur se tourne vers l’enseignement à l’université de Winston-Salem, avant de bifurquer pendant dix ans vers un ministère auprès des jeunes, pour l’église baptiste locale.
Durant les dix années qui suivent, Gary Chapman se consacre aux célibataires et aux personnes divorcées, puis à l’accompagnement des couples. C’est en recevant l’un d’eux qui ne s’en sortait pas qu’il va « inventer » sa théorie des cinq langages de l’amour. « La femme me disait ne plus ressentir d’amour pour son mari.“Il fait ses affaires et moi les miennes, il n’y a plus rien entre nous”. Le mari, lui, me disait ne pas la comprendre :“Je prépare le dîner, je fais la vaisselle, je lave la voiture et tonds la pelouse et, pourtant, elle se plaint de ne pas se sentir aimée.” J’ai alors compris qu’on pouvait être sincère en aimant l’autre sans pour autant parler son langage de l’amour. »
Aussi fin que pragmatique, Gary Chapman raconte avoir alors relu dix années de notes pour repérer les besoins émotionnels exprimés par ses clients. « Pour qu’un couple dure, il faut que chacun remplisse le réservoir émotionnel de l’autre. Or tout le monde n’exprime pas son besoin d’affection de la même façon. »
Il identifie cinq langages principaux de l’amour : les paroles valorisantes, les moments de qualité, les cadeaux, les services rendus et le toucher physique. « Si chacun apprécie de recevoir ces cinq marques d’amour, une personne sera généralement plus sensible à l’une qu’aux autres. Et rares sont les couples qui ont la même. D’oùl’intérêt d’apprendre la langue de l’autre. » Lui-même confie avoir découvert que sa femme appréciait qu’il participe aux tâches ménagères, et lui, qu’elle lui dise à quel point il était extraordinaire…
Ce conférencier a décliné ses travaux de multiples façons : pour les parents avec leurs enfants, les célibataires, les militaires qui doivent maintenir la flamme à distance et pour les familles frappées par la maladie d’Alzheimer…
Les langages de l’amour, c’est toutefois d’abord dans son couple qu’il les a appris. « Je ne ferais sans doute pas ce que je fais si je n’avais traversé autant de difficultés », raconte celui qui s’est marié à 23 ans, avec une jeune fille de son village, musicienne. « Nous croyions tous les deux que notre mariage faisait partie du plan de Dieu pour nous, mais nous étions très différents. Nous avons beaucoup bataillé. »
Dès le début, ils n’ont pas caché à ceux qu’ils accompagnaient leurs propres turbulences. « Elles m’ont donné beaucoup d’empathie pour les couples en difficulté, explique-t-il. Lorsqu’ils s’assoient sur notre canapé, sans plus aucun espoir pour leur mariage, je me rappelle ce que j’ai vécu, lorsque je pensais m’être trompé de femme. Quand on traverse des difficultés dans le mariage on perd toute motivation pour trouver une solution. Mais si on choisit de travailler, alors les choses peuvent changer. »
Lui-même, père et grand-père, l’a expérimenté – et l’auteur des Saisons du mariage l’affirme : après cinquante-cinq ans de mariage, et le cancer de sa femme il y a cinq ans, c’est aujourd’hui « l’été » dans leur couple.
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