vendredi 13 septembre 2013

"Jeux de mains, jeux de vilains"

Toujours dans la rubrique "Notre si belle langue française qui est très supérieure à toutes les autres et a dominé le monde, surtout dans la diplomatie car enfin toute l'Europe parlait français au temps de Frédéric II de Prusse, et de Christine de Suède qui a même fait crever le pauvre Descartes, sans oublier la grande Catherine etc..." (air connu et ressassé ad nauseam)



L'Angleterre aurait inventé la plupart des sports modernes entre 1830 et 1880, dit-on.
Sauf bien sûr l'exception française : le jeu de paume qui était l'activité physique (sport aurait été un anachronisme) la plus pratiquée sous l'ancien régime, jusqu'à Louis XIV.
Le jeu de paume se jouait sur un carreau (c'est le nom du terrain qui lui était réservé), avec une raquette si on pouvait se la payer, avec la main si on n'était qu'un vilain, c'est à dire si on n'avait pas d'argent pour se la payer.
Au XVIIème siècle il n'y avait pas moins de 250 carreaux à Paris, dont 6 dans la seule rue Mazarine.
Une partie durait très longtemps : 2 à 3 heures, sans pause; c'est dire s'il fallait être robuste et endurant pour tenir la durée d'une partie.
On pouvait utiliser les murs pour y faire rebondir la balle (comme au squash).Toit incliné à mi-hauteur sur trois côtés, sur lequel il fallait faire rebondir la balle au service, une petite fenêtre sur un côté, un pilier... rebonds inattendus garantis.
Louis XIV qui était goutteux, n'y excellait pas, contrairement à ses prédécesseurs; ses courtisans se sont donc empressés de s'en détourner; ajoutez à cela la spéculation immobilière et sans doute la révolution française, et vous comprendrez pourquoi le jeu de paume a perdu la cote.
Quatre pays le pratiquent encore : l'Angleterre, l'Australie, les Etats-Unis et la France où sont organisés aujourd'hui les championnats de France et du monde (à Paris).



Le déclin du jeu de paume a d'ailleurs ironiquement commencé le 20 juin 1789 lors du "Serment du jeu de paume" prononcé dans la salle du même nom à Versailles, par lequel les députés du Tiers Etat (c' à d ni noblesse ni clergé, autrement dit : vous et moi) jurèrent de ne pas se séparer avant d'avoir rédigé une constitution ; ce serment a donné le branle à la future révolution française.


En voici le tableau que fait David qui fait dans l'officiel, avec un incontestable sens du mouvement et des ambiances.

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