Une intégrale de Glenn Gould, l’immortel
Une nouvelle intégrale des enregistrements du pianiste canadien Glenn Gould montre que sa popularité ne se dément pas, trente-trois ans après sa mort.
6/11/15 - 08 H 40
AVEC CET ARTICLE
Il est au piano ce que Maria Callas est à la voix : un archétype, la figure emblématique de l’instrument. L’icône qui représente le mieux pour le grand public l’excellence du musicien classique. À l’instar de la Callas, les enregistrements de Glenn Gould, mort en 1982, sont régulièrement réédités, et nul ne se lasse de les écouter, tant son jeu et sa conception des œuvres, mais aussi sa vie et le mystère qui l’entoure, le rendent actuel.
« C’est peut-être le génie de la Columbia, dès son premier disque en 1955, d’avoir ‘‘vendu’’ Gould comme une personnalité hors norme, un nouveau James Dean.À cela s’est ajoutée sa mort à 50 ans, sa carrière de concertiste soudain interrompue, son agoraphobie, son autisme, ses excentricités – le bain des mains dans l’eau chaude avant chaque concert, le studio à 32 °C, la chaise rabotée et trouée… Le mythe Gould fonctionne aujourd’hui, comme en 1955 ou après son dernier concert en 1964 », constate le musicologue allemand Michael Stegemann, son biographe (1).
Ce mythe a même grandi au point de ne pouvoir le séparer du musicien : « Ainsi il demeure possible de le présenter à un public non initié, qui découvre la richesse de ce répertoire à travers une personnalité qui le fascine », ajoute ce spécialiste.
BACH, SCHÖNBERG, BYRD...
Gould est d’abord le génial interprète de Bach. Ses Variations Goldberg demeurent l’alpha et l’oméga des enregistrements : la première version, en 1955, le révéla, la seconde, en 1981, reste la plus accomplie, la plus poétique.
Il est aussi le premier pianiste nord-américain à avoir enregistré Schönberg, le premier à s’être intéressé à Byrd, Gibbons, Strauss, Sibelius, Krenek ou Hindemith, autant qu’à Scarlatti, Haendel, Haydn, Mozart, Beethoven, Schumann, Brahms, Wagner, Bizet, Scriabine, Grieg, Prokofiev… Sans oublier ses contemporains canadiens.
La nouvelle édition qu’en propose Sony impressionne. Les basses grondent, les aigus étincellent, le nuancier est ample, les lignes sont claires. Et les reliefs si nets que l’on a le sentiment que Gould joue devant nous.
BRUNO SERROU
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