Михаил Тимофеевич
Vous ne le connaissez pas ? Moi non plus.Du moins
jusqu’à ce soir.
Ce monsieur – l’auriez-vous deviné ? – est russe, militaire, du grade de lieutenant-général, ingénieur de formation, encore qu’il n’est
devenu ingénieur (et général) que sur le tard.
C’est un fils d'un koulak (un cultivateur aisé) du village de Kouria dans l’Altaï,
né en 1919. Mauvais temps pour les koulaks à qui Staline fait porter le poids de l’échec de sa politique agricole. Déportation pour beaucoup ; pour
le petit Mikhaïl (11 ans), dans un kolkhoze en Sibérie, à Nijnaïa Makhovaïa, dans l’oblast (c'à d la région) de Tomsk,
soit à 24 heures d’avion vers le nord (mais bien sûr ils y sont allés à pied) ; la mort de faim pour les autres, et
pour les petits paysans qu’ils employaient car c’étaient les koulaks qui les
faisaient vivre, durement certes, mais vivre tout de même. Dans "Vie et destin" Vassili Grossman en dit long sur cette période. A lire cet hiver !
Mikhaïl avait 18
(dix-huit) frères et sœurs, 8 (huit) ont survécu à l’enfance et au kolkhoze. Dure dure la vie de koulak au kokhoze !
Recru de brimades, il tente de s’évader du kokhoze en falsifiant ses papiers, par deux fois. Suit une période de travail comme comptable dans un dépôt de chemin de fer, l'entrée dans au Komsomol (jeunesses communistes), puis dans le PCUS (parti communiste d'union soviétique). Vient le service militaire à 19 ans où il se
fait remarquer par son ingéniosité : il améliore une arme de poing, une
tourelle de char, un réservoir de moto. Le futur maréchal Joukov – celui qui a sauvé
la Russie lors de l’invasion allemande – l’envoie se former en mécanique
spécialisée.
Lors d’une bataille de chars contre l’armée allemande, il
est blessé grièvement. Suit un long séjour en hôpital militaire dont il tire
parti pour dessiner des armes, dont un fusil d’assaut petit, fiable, simple et robuste qui sera fabriqué en série à partir de
1947, sous le nom de AK 47, acronyme de Avtomat Kalachnikova, 47 est
ajouté pour indiquer son année de production (1947).
Succès mondial, aujourd'hui encore (il y en aurait 1/70 habitants de la planète - à vérifier), qui ne lui a rien rapporté car en Russie, les droits d'auteur sont propriété collective.
Soyons juste : il s'est fait aider par un ingénieur allemand hors pair, capturé par l'armée rouge, appelé Hugo Schmeisser à qui il faut donc rendre justice, par ce portrait; l'AK47 ressemblerait fort au StG44 (Sturmgewehr 44) mis au point par Schmeisser.
Photo donc:
Ce général s’appelle – l’aviez-vous deviné ? – Mikhaïl Kalachnikov. C'est l'homme le plus décoré de Russie. Il vient de mourir ce 23/12/2013.
Si son biographe admire ses dons pour la technique, il n'a aucune estime pour sa lucidité et son intelligence en général : c'est un artisan plein de vanité, de bêtise... et d'arrivisme. Comment comprendre autrement qu'il ait admiré l'homme qui avait si durement traité sa famille, et fermé les yeux sur les horreurs du régime soviétique, que tout le monde connaissait fort bien, surtout en Russie ?
Pour conclure et illustrer le succès du zizigougou en question: la Kalach' au doux pays de France !
Ce qui montre que certains rient de tout et avec n'importe qui. On ne change pas les hommes, n'est-ce pas M. Desproges ?
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