en Turquie actuelle,
...en 532 la violente sédition Nika fomentée à l'hippodrome de Constantinople entre l'équipe du peuple et celle des patriciens (un peu comme le Standard de Liège et le FC liégeois) met le feu à la basilique Aγια Σοφια première version (haghia sophia : Sainte Sophie ou Sainte Sagesse, c'est la même chose, que M. Erdogan veut "rendre" au culte musulman ; tant qu'à rendre, pourrait-il envisager de la rendre à ses premiers propriétaires, ou au moins d'en faire un édifice oecuménique ?), incendie le vestibule du palais impérial et s'apprête à faire un mauvais sort à l'empereur Justinien qui s'apprête lui aussi à changer de crêmerie. L'impératrice Théodora qui se trouve fort bien dans son état, lui redresse les bretelles, avec succès puisque l'empereur appelle son général Bélisaire qui fait tuer trente mille personnes, dans le stade ; il aura des successeurs jusqu'en Amérique latine au XXème siècle : être général n'empêche pas d'avoir le sens pratique.
Cavalier et cheval de l'équipe bleue, saisis par une crampe pendant la séance de pose
Mais revenons un peu en arrière et consultons d'autres sources : le 18/01/532 des milliers de morts dans le stade. C'est le résultat brut de toute cette histoire.
En fait tout commence (ou aurait commencé) le 11/01/532 par une course de chars. Le "peuple" et son équipe, les Verts (les "prasina"), n'apprécient guère l'empereur et moins encore son conseiller Tribonien qui est né la main dans la poche de l'état (je sais, l'état, c'est plus tard mais pour votre gouverne, apprenez que l'anachronisme est une licence de blogueur); en outre, l'empereur et plus encore sa femme Théodora favorisent les Bleus, les "veneta", les patriciens, bref les riches marchands...
Le 11/02/532, course de chars à laquelle assistent M. et Mme Justinien 1er ; lazzis, insultes, hooliganisme dans les gradins, et bientôt hors du stade, dans la ville ; mais où donc reste la police ? Elle est bien là et tue les meneurs, parmi lesquels - bavure - une personnalité importante... des Bleus. Du coup Verts et Bleus font cause commune contre l'empereur, et exigent une amnistie, le 13/02/532. Refus impérial !
Les deux factions sortent en masse en hurlant Nika (νικα "Victoire"), incendient la basilique*, massacrent du monde etc...
Le 14 l'empereur cède, un peu tard.
Le 15 incendie de la basilique, du vestibule (ou de l'entièreté?) du palais impérial... L'incendie dure trois jours.
Le 18 alors que la ville est presque entièrement en flamme, les deux factions désignent un nouvel empereur, Hypace, neveu d'un ancien empereur aimé des verts. Un eunuque réussit à retourner les Bleus en les achetant. Courageusement les Bleus s'allient au général Bélisaire et à ses soldats enrôlés en Germanie (mieux vaut confier le maintien de l'ordre à des étrangers, et du désordre aux locaux) ; le stade est encerclé. Le chiffre de quatre-vingts mille morts est avancé. Les factions sont domptées.
Et la Sainte Sophie actuelle est bâtie.
Théodora, l'héroïne du jour, du moins pour certains et d'après certains
* Une basilique est d'abord un lieu de réunion civil ouvert au public ; c'est aussi un lieu de culte chrétien qui a reçu ce titre par décision du pape, et toute église ou même bâtiment construit suivant un plan basilical.
Le croiriez-vous ? Déjà à l 'époque les bleus étaient à droite de la loge impériale et les Verts à gauche. Etonnant, ne trouvez-vous pas ? Concordance des temps, encore une fois.
Enfin comme toujours il y avait beaucoup de vert chez les bleus et inversement ; rien n'est simple et même, suivant Sempé, tout se complique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire