Elles et ils nous ont quitté en 2013, et souvent nous ne l'avons pas su.
Voici un diaporama qui vous rappellera sans doute bien des choses, même si c'est souvent français.
http://www.huffingtonpost.fr/2013/12/31/morts-2013-retrospective_n_4522848.html?utm_hp_ref=france#slide=3270988
samedi 25 janvier 2014
mercredi 22 janvier 2014
Les Sères
chenille dans un mûrier |
Bombyx mori |
Les Sères avaient comme autre particularité d’habiter au milieu du monde car tous les autres peuples formaient sa périphérie (je me demande si ce n’est pas le cas de tout le monde) ; naïvement ils appellaient leur patrie "pays du milieu" ou dans leur langue 中国 (litt. : milieu, pays).
Vous l'avez deviné, Sères est l’ancien nom des chinois, ils vivaient en Sériquie. Au XVIème siècle, les Jésuites ont remis les pendules à l’heure : Sériquie et Cathay sont un seul et même pays.
Cathay est un des anciens noms de la Chine, utilisé au temps de Marco-Polo.
Chine vient du nom de la première dynastie, celle des Qin 秦 (prononcer: chine) instaurée par Qin Shi Huangdi qui a fondé la Chine, que les chinois n’ont d’ailleurs jamais appelée Chine. En 1912, date de la fondation de la première république par Sun-Yat-Sen, le pays a fixé son nom qui est désormais Zhongguo, qui signifie littéralement « milieu-pays », abréviation de « république du pays du milieu » ou aussi 中華民國.
秦始皇帝 Qin Shi Huang
en pin-yin: Huang-Di
|
"Et c'est ainsi qu'Allah est grand" (ibidem)
* Si vous voulez tout savoir sur cette pratique, voici un lien vers un texte très complet de l'école vétérinaire de Maisons-Alfort : http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=1526
dimanche 19 janvier 2014
Annif. (moderne et - donc ? - vulgaire)
Depuis des années déjà nombreuses, on chante à cette occasion :
Soit « Happy birthday to you ! » (en Belgique ça évite des problèmes)
Soit « Joyeux anniversaire »
Soit « Tanti auguri a te » etc...
"Auguri", mot italien signifiant : "félicitations, vœux" ; son faux-frère français « augure », haruspice est, dans la religion romaine, la fonction du prêtre chargé d'interpréter les phénomènes naturels (le vol des oiseaux, l'inspection de leurs entrailles...) considérés comme des présages.
C’était le futurologue des temps passés.
Soit « Happy birthday to you ! » (en Belgique ça évite des problèmes)
Soit « Joyeux anniversaire »
Soit « Tanti auguri a te » etc...
"Auguri", mot italien signifiant : "félicitations, vœux" ; son faux-frère français « augure », haruspice est, dans la religion romaine, la fonction du prêtre chargé d'interpréter les phénomènes naturels (le vol des oiseaux, l'inspection de leurs entrailles...) considérés comme des présages.
C’était le futurologue des temps passés.
Comme l'haruspice n'était pas bête, il se renseignait soigneusement sur le sujet de l'interrogation et sur celui qui posait la question (des fois qu'il serait irrascible !) pour répondre avec bon sens et à propos, car le métier était parfois risqué ; en ces temps bénis, il valait mieux ne pas raconter trop de salades : une erreur d’aiguillage pouvait vous coûter la vie ; c'est du moins ce qui se raconte, tant il est vrai que le passé et l'avenir sont les patries de nos illusions.
D'après Caton, cité par Cicéron, deux augures ne pouvaient pas se regarder sans rire.
Cicéron |
Caton l'Ancien |
Bref, si le métier de futurologue a toujours été lucratif, il est devenu beaucoup plus sûr, grâce à la SCIENCE et aux médias ; aujourd’hui on peut l’exercer en toute impunité, vendre beaucoup de livres et faire souvent coucou dans le poste.
Augure était aussi le nom donné au présage que tiraient les haruspices.
Tout ça pour en venir à l’expression
qui signifie « espérer la réalisation d’une entreprise ou d’une prédiction. »
* Parfois je me dis que les haruspices se prenaient moins au sérieux que beaucoup de médecins et de scientifiques, surtout des milieux académiques.
Tout ça pour en venir à l’expression
« Acceptons-en l’augure »
qui signifie « espérer la réalisation d’une entreprise ou d’une prédiction. »
* Parfois je me dis que les haruspices se prenaient moins au sérieux que beaucoup de médecins et de scientifiques, surtout des milieux académiques.
samedi 18 janvier 2014
18 janvier vert et bleu
Pour votre gouverne sachez que, un dix-huit janvier
en Turquie actuelle,
...en 532 la violente sédition Nika fomentée à l'hippodrome de Constantinople entre l'équipe du peuple et celle des patriciens (un peu comme le Standard de Liège et le FC liégeois) met le feu à la basilique Aγια Σοφια première version (haghia sophia : Sainte Sophie ou Sainte Sagesse, c'est la même chose, que M. Erdogan veut "rendre" au culte musulman ; tant qu'à rendre, pourrait-il envisager de la rendre à ses premiers propriétaires, ou au moins d'en faire un édifice oecuménique ?), incendie le vestibule du palais impérial et s'apprête à faire un mauvais sort à l'empereur Justinien qui s'apprête lui aussi à changer de crêmerie. L'impératrice Théodora qui se trouve fort bien dans son état, lui redresse les bretelles, avec succès puisque l'empereur appelle son général Bélisaire qui fait tuer trente mille personnes, dans le stade ; il aura des successeurs jusqu'en Amérique latine au XXème siècle : être général n'empêche pas d'avoir le sens pratique.
Mais revenons un peu en arrière et consultons d'autres sources : le 18/01/532 des milliers de morts dans le stade. C'est le résultat brut de toute cette histoire.
En fait tout commence (ou aurait commencé) le 11/01/532 par une course de chars. Le "peuple" et son équipe, les Verts (les "prasina"), n'apprécient guère l'empereur et moins encore son conseiller Tribonien qui est né la main dans la poche de l'état (je sais, l'état, c'est plus tard mais pour votre gouverne, apprenez que l'anachronisme est une licence de blogueur); en outre, l'empereur et plus encore sa femme Théodora favorisent les Bleus, les "veneta", les patriciens, bref les riches marchands...
Le 11/02/532, course de chars à laquelle assistent M. et Mme Justinien 1er ; lazzis, insultes, hooliganisme dans les gradins, et bientôt hors du stade, dans la ville ; mais où donc reste la police ? Elle est bien là et tue les meneurs, parmi lesquels - bavure - une personnalité importante... des Bleus. Du coup Verts et Bleus font cause commune contre l'empereur, et exigent une amnistie, le 13/02/532. Refus impérial !
Les deux factions sortent en masse en hurlant Nika (νικα "Victoire"), incendient la basilique*, massacrent du monde etc...
Le 14 l'empereur cède, un peu tard.
Le 15 incendie de la basilique, du vestibule (ou de l'entièreté?) du palais impérial... L'incendie dure trois jours.
Le 18 alors que la ville est presque entièrement en flamme, les deux factions désignent un nouvel empereur, Hypace, neveu d'un ancien empereur aimé des verts. Un eunuque réussit à retourner les Bleus en les achetant. Courageusement les Bleus s'allient au général Bélisaire et à ses soldats enrôlés en Germanie (mieux vaut confier le maintien de l'ordre à des étrangers, et du désordre aux locaux) ; le stade est encerclé. Le chiffre de quatre-vingts mille morts est avancé. Les factions sont domptées.
Et la Sainte Sophie actuelle est bâtie.
en Turquie actuelle,
...en 532 la violente sédition Nika fomentée à l'hippodrome de Constantinople entre l'équipe du peuple et celle des patriciens (un peu comme le Standard de Liège et le FC liégeois) met le feu à la basilique Aγια Σοφια première version (haghia sophia : Sainte Sophie ou Sainte Sagesse, c'est la même chose, que M. Erdogan veut "rendre" au culte musulman ; tant qu'à rendre, pourrait-il envisager de la rendre à ses premiers propriétaires, ou au moins d'en faire un édifice oecuménique ?), incendie le vestibule du palais impérial et s'apprête à faire un mauvais sort à l'empereur Justinien qui s'apprête lui aussi à changer de crêmerie. L'impératrice Théodora qui se trouve fort bien dans son état, lui redresse les bretelles, avec succès puisque l'empereur appelle son général Bélisaire qui fait tuer trente mille personnes, dans le stade ; il aura des successeurs jusqu'en Amérique latine au XXème siècle : être général n'empêche pas d'avoir le sens pratique.
Cavalier et cheval de l'équipe bleue, saisis par une crampe pendant la séance de pose
Mais revenons un peu en arrière et consultons d'autres sources : le 18/01/532 des milliers de morts dans le stade. C'est le résultat brut de toute cette histoire.
En fait tout commence (ou aurait commencé) le 11/01/532 par une course de chars. Le "peuple" et son équipe, les Verts (les "prasina"), n'apprécient guère l'empereur et moins encore son conseiller Tribonien qui est né la main dans la poche de l'état (je sais, l'état, c'est plus tard mais pour votre gouverne, apprenez que l'anachronisme est une licence de blogueur); en outre, l'empereur et plus encore sa femme Théodora favorisent les Bleus, les "veneta", les patriciens, bref les riches marchands...
Le 11/02/532, course de chars à laquelle assistent M. et Mme Justinien 1er ; lazzis, insultes, hooliganisme dans les gradins, et bientôt hors du stade, dans la ville ; mais où donc reste la police ? Elle est bien là et tue les meneurs, parmi lesquels - bavure - une personnalité importante... des Bleus. Du coup Verts et Bleus font cause commune contre l'empereur, et exigent une amnistie, le 13/02/532. Refus impérial !
Les deux factions sortent en masse en hurlant Nika (νικα "Victoire"), incendient la basilique*, massacrent du monde etc...
Le 14 l'empereur cède, un peu tard.
Le 15 incendie de la basilique, du vestibule (ou de l'entièreté?) du palais impérial... L'incendie dure trois jours.
Le 18 alors que la ville est presque entièrement en flamme, les deux factions désignent un nouvel empereur, Hypace, neveu d'un ancien empereur aimé des verts. Un eunuque réussit à retourner les Bleus en les achetant. Courageusement les Bleus s'allient au général Bélisaire et à ses soldats enrôlés en Germanie (mieux vaut confier le maintien de l'ordre à des étrangers, et du désordre aux locaux) ; le stade est encerclé. Le chiffre de quatre-vingts mille morts est avancé. Les factions sont domptées.
Et la Sainte Sophie actuelle est bâtie.
Théodora, l'héroïne du jour, du moins pour certains et d'après certains
* Une basilique est d'abord un lieu de réunion civil ouvert au public ; c'est aussi un lieu de culte chrétien qui a reçu ce titre par décision du pape, et toute église ou même bâtiment construit suivant un plan basilical.
Le croiriez-vous ? Déjà à l 'époque les bleus étaient à droite de la loge impériale et les Verts à gauche. Etonnant, ne trouvez-vous pas ? Concordance des temps, encore une fois.
Enfin comme toujours il y avait beaucoup de vert chez les bleus et inversement ; rien n'est simple et même, suivant Sempé, tout se complique.
De Alphie à Jeanne Louise Beaudon
Mieux connus sous les noms de
dont voici les portraits, conjoints alors que la seconde a toujours éconduit le premier, à son grand désespoir (à lui bien sûr) dont il a fini par se consoler.
Dûment formé, Alphonse Allais écrivit plus tard : "les jambes servent aux hommes à marcher et aux femmes à faire leur chemin."
Un homme averti...
Voici la complainte qu'écrivit l'amoureux éconduit à sa belle.
Remarquable exercice de concordance des temps.
- pour le premier : Alphonse Allais
- et la seconde : Jeanne Avril
dont voici les portraits, conjoints alors que la seconde a toujours éconduit le premier, à son grand désespoir (à lui bien sûr) dont il a fini par se consoler.
Ce n'est pourtant pas que la belle fût féroce, car elle disait d'elle-même qu'il lui serait beaucoup pardonné car elle avait beaucoup aimé, mais elle trouvait au pauvre Alphie un air de contremaître anglais, ce qui est un motif rédhibitoire.
Jugez sur pièces : Jeanne Avril avait-elle les mêmes goûts que vous (et inversement) ?
(ceci est la photo d'un pont rompu, celui qui aurait pu réunir la belle à son adorateur)
Dûment formé, Alphonse Allais écrivit plus tard : "les jambes servent aux hommes à marcher et aux femmes à faire leur chemin."
Un homme averti...
Voici la complainte qu'écrivit l'amoureux éconduit à sa belle.
Remarquable exercice de concordance des temps.
« Oui, dès l’instant que je vous vis,
Beauté féroce, vous me plûtes ;
De l’amour qu’en vos yeux je pris,
Aussitôt vous vous aperçûtes ;
Mais de quel froid vous reçûtes
Tous les soins que pour vous je pris !
En vain je priai, je gémis :Dans votre dureté vous sûtesMépriser tout ce que je fis.Même un jour je vous écrivisUn billet tendre que vous lûtes,Et je ne sais comment vous pûtesDe sang froid voir ce que j’y mis.Ah fallait-il que je vous visse,Fallait-il que vous me plussiez,Qu’ingénument je vous le disse,Qu’avec orgueil vous vous tussiez !Fallait-il que je vous aimasse,Que vous me désespérassiez,Et qu’en vain je m’opiniâtrasse,Et que je vous idolâtrasse,Pour que vous m’assassinassiez ! »
mercredi 15 janvier 2014
Melan cholie (orthographe désuète)
Mélancolie s'écrivait, avec quelque raison, mélancHolie (melan-cholè - noire-bile ; en latin : atra-bilis, d'où vient le vieux mot de atrabiliaire).
L'autre bile est celle que produit le foie qui la déverse dans la vésicule (appelée biliaire) dont la couleur est plutôt vert-jaune et la consistance visqueuse; elle passe de la vésicule dans les intestins en aval de l'estomac, où elle émusifie les graisses.
En grec bile se dit cholè (χολη), qui revient dans ce bon vieux χολη-στερρος - en français: chole-sterros qui d'après les publicités directes et indirectes de firmes bien intentionnées, remplit nos assiettes et graisse nos artères sous le nom de "cholestérol", après s'être d'abord appelé cholestérine, ce qui signifie "bile ferme", car elle a été observée sous forme solide par Michel-Eugène Chevreul en 1815.
D'après la théorie des quatre humeurs d'Hippocrate qui a dominé la SCIENCE médicale (à genoux, mécréants !), les tempéraments se subdivisaient en quatre groupes avec toutes les nuances intermédiaires, variations saisonnières, âges de la vie...; elles trouvaient un équilibre qu'on appelait crase (ce qui signifie mélange):
L'autre bile est celle que produit le foie qui la déverse dans la vésicule (appelée biliaire) dont la couleur est plutôt vert-jaune et la consistance visqueuse; elle passe de la vésicule dans les intestins en aval de l'estomac, où elle émusifie les graisses.
En grec bile se dit cholè (χολη), qui revient dans ce bon vieux χολη-στερρος - en français: chole-sterros qui d'après les publicités directes et indirectes de firmes bien intentionnées, remplit nos assiettes et graisse nos artères sous le nom de "cholestérol", après s'être d'abord appelé cholestérine, ce qui signifie "bile ferme", car elle a été observée sous forme solide par Michel-Eugène Chevreul en 1815.
D'après la théorie des quatre humeurs d'Hippocrate qui a dominé la SCIENCE médicale (à genoux, mécréants !), les tempéraments se subdivisaient en quatre groupes avec toutes les nuances intermédiaires, variations saisonnières, âges de la vie...; elles trouvaient un équilibre qu'on appelait crase (ce qui signifie mélange):
- les phlegmatiques ou lymphatiques que gouvernaient la pituite (ensevelie dans le cimetière des vérités absolues)
- les mélancoliques ou atrabiliaires dominés par l'atrabile, la bile noire (même commentaire)
- les sanguins emportés par leur sang
- les colériques pleins de leur bile.
Bref, ça donne ceci :
Avec plus de détails, ceci :
et en couleurs, ceci
Avouez que c'est moins ennuyeux que les péroraisons de bien de nos modernes Diafoirus !
Je vous fais grâce des nombreux raisonnements sur ces quatre humeurs ; pour l'époque, c'était très bien vu. Notre histoire ne nous a pourtant pas rendus modestes quand nous parlons de la médecine chinoise, de ses deux principes, quatre éléments, douze méridiens... et des autres médecines.
Ceci dit, la théorie des quatre humeur a trouvé des tenants jusqu'à un XXème siècle avancé.
Devant la maladie et la mort, tous pareils, tous égaux !
Ceci dit, le cholestérol est la structure de base de nombre d'hormones (tous les stéroïdes: hormones sexuelles, cortisol, aldostérone, cortisone...) que nous fabriquons tous et constamment; en manquer n'est donc pas une bonne affaire non plus.
Allez ! l'avant-dernière pour la route !
mardi 14 janvier 2014
Désopilant
Désopiler signifie : désobstruer, désencombrer
Mais que désencombre-t-on, que désopile-t-on ?Précisément ceci :
Autrement vu, ceci :
La Rate ! Pas l'épouse du rat, mais l'organe caché sous la coupole gauche du diaphragme et derrière l'estomac ; il sert à bien des choses, entre autres à fabriquer des globules rouges jusqu'au septième mois de grossesse, avant de se reconvertir dans l'immunité cellulaire tout en exécutant les globules rouges arrivés à l'âge canonique de 120 jours, limite à partir de laquelle ils sont euthanasiés.
Or LA SCIENCE à l'époque lui attribuait une autre fonction, celle de produire de la bile noire, en grec μελαν χολη, "melan cholè", notre mélancolie. Lorsqu'on désopilait la rate, on en faisait sortir la bile noire, la mélancolie; en d'autres mots, on rendait à son possesseur (mâle ou femelle) sa bonne humeur.
Encore un mot : en anglais "rate" se traduit par "spleen", mot très à la mode à la fin du XIXème siècle (un poème de Baudelaire porte ce titre), qui désigne le vague à l'âme, le mal de vivre...
En prime donc, le poème tiré des "Fleurs du mal."
SPLEEN
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous fait un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide,
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’horribles araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout-à-coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrément.
— Et d’anciens corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; et, l’Espoir
Pleurant comme un vaincu, l’Angoisse despotique
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
lundi 13 janvier 2014
Hirokazu Kore-Eda
Qu’est ce qu’une famille ? | Causeur
A propos de son dernier film sorti chez nous, un article bien écrit, sans effet de manche, qui présente fort bien un cinéaste tout en nuances.
Elodie, tu apprécieras sans doute.
A propos de son dernier film sorti chez nous, un article bien écrit, sans effet de manche, qui présente fort bien un cinéaste tout en nuances.
Elodie, tu apprécieras sans doute.
Affaire Dieudonné : sortie par le haut ? | Causeur
Affaire Dieudonné : sortie par le haut ? | Causeur
A lire : très pondérée, plein de bon sens, généreuse sans être naïve ni gnangnan, bref vraiment intelligente: Elisabeth Lévy, pareille à elle-même.
A lire : très pondérée, plein de bon sens, généreuse sans être naïve ni gnangnan, bref vraiment intelligente: Elisabeth Lévy, pareille à elle-même.
dimanche 12 janvier 2014
Lu Xun, citation
"Les femmes sont soit enfant, soit mères. Si elles sont épouses, c'est par combinaison de ces deux caractéristiques; aucune femme n'est naturellement épouse."
(traduction libre)
Ceci correspond assez à mon expérience, bien sûr très limitée, mais pour autant plus solide qu'une opinion ; inutile donc de tenter de me convaincre du contraire ; on ne peut rien objecter à l'expérience.
vendredi 10 janvier 2014
Михаил Тимофеевич
Михаил Тимофеевич
Vous ne le connaissez pas ? Moi non plus.Du moins
jusqu’à ce soir.
Ce monsieur – l’auriez-vous deviné ? – est russe, militaire, du grade de lieutenant-général, ingénieur de formation, encore qu’il n’est
devenu ingénieur (et général) que sur le tard.
C’est un fils d'un koulak (un cultivateur aisé) du village de Kouria dans l’Altaï,
né en 1919. Mauvais temps pour les koulaks à qui Staline fait porter le poids de l’échec de sa politique agricole. Déportation pour beaucoup ; pour
le petit Mikhaïl (11 ans), dans un kolkhoze en Sibérie, à Nijnaïa Makhovaïa, dans l’oblast (c'à d la région) de Tomsk,
soit à 24 heures d’avion vers le nord (mais bien sûr ils y sont allés à pied) ; la mort de faim pour les autres, et
pour les petits paysans qu’ils employaient car c’étaient les koulaks qui les
faisaient vivre, durement certes, mais vivre tout de même. Dans "Vie et destin" Vassili Grossman en dit long sur cette période. A lire cet hiver !
Mikhaïl avait 18
(dix-huit) frères et sœurs, 8 (huit) ont survécu à l’enfance et au kolkhoze. Dure dure la vie de koulak au kokhoze !
Recru de brimades, il tente de s’évader du kokhoze en falsifiant ses papiers, par deux fois. Suit une période de travail comme comptable dans un dépôt de chemin de fer, l'entrée dans au Komsomol (jeunesses communistes), puis dans le PCUS (parti communiste d'union soviétique). Vient le service militaire à 19 ans où il se
fait remarquer par son ingéniosité : il améliore une arme de poing, une
tourelle de char, un réservoir de moto. Le futur maréchal Joukov – celui qui a sauvé
la Russie lors de l’invasion allemande – l’envoie se former en mécanique
spécialisée.
Lors d’une bataille de chars contre l’armée allemande, il
est blessé grièvement. Suit un long séjour en hôpital militaire dont il tire
parti pour dessiner des armes, dont un fusil d’assaut petit, fiable, simple et robuste qui sera fabriqué en série à partir de
1947, sous le nom de AK 47, acronyme de Avtomat Kalachnikova, 47 est
ajouté pour indiquer son année de production (1947).
Succès mondial, aujourd'hui encore (il y en aurait 1/70 habitants de la planète - à vérifier), qui ne lui a rien rapporté car en Russie, les droits d'auteur sont propriété collective.
Soyons juste : il s'est fait aider par un ingénieur allemand hors pair, capturé par l'armée rouge, appelé Hugo Schmeisser à qui il faut donc rendre justice, par ce portrait; l'AK47 ressemblerait fort au StG44 (Sturmgewehr 44) mis au point par Schmeisser.
Photo donc:
Ce général s’appelle – l’aviez-vous deviné ? – Mikhaïl Kalachnikov. C'est l'homme le plus décoré de Russie. Il vient de mourir ce 23/12/2013.
Si son biographe admire ses dons pour la technique, il n'a aucune estime pour sa lucidité et son intelligence en général : c'est un artisan plein de vanité, de bêtise... et d'arrivisme. Comment comprendre autrement qu'il ait admiré l'homme qui avait si durement traité sa famille, et fermé les yeux sur les horreurs du régime soviétique, que tout le monde connaissait fort bien, surtout en Russie ?
Pour conclure et illustrer le succès du zizigougou en question: la Kalach' au doux pays de France !
Ce qui montre que certains rient de tout et avec n'importe qui. On ne change pas les hommes, n'est-ce pas M. Desproges ?
Guelfes et Gibelins - XIIIème et XIVème siècles ou aussi Duecento et Trecento (comment voulez-vous vous y retrouver ?)
En intro : de qui s'agit-il ?
Dans l'Italie médiévale, certains en tenaient pour la dynastie des Welfs et derrière elle le pouvoir de la papauté ; c'était la "pars guelfa" ou "pars ecclesiae".
D'autres en tenaient pour la dynastie des Hohenstaufen et derrière elle, le Saint Empire Romain Germanique; c'était la "pars gibelina" ou "pars imperii".
Leur opposition aurait débuté lorsque Frédéric II de Hohenstaufen s'est mis en tête de reprendre pied - concrètement - dans une Italie qu'il dominait déjà politiquement.
Les péripéties de cette opposition sont complexes et tortueuses ; on se disputait aussi entre soi (il y avait par exemple des guelfes blancs et des noirs)*.
Leur opposition n'est pas restée confinée à l'Italie ; partie d'Allemagne, elle y est revenue et a traversé l'Europe pour atteindre l'Espagne. On va jusqu'à considérer que, en Europe, les Gibelins sont devenus les champions de la cause catholique alors que les Guelfes ont épousé la cause protestante. Etrange non ?
En résumé, c'était un peu pouvoir fort contre république (nous dirions démocratie).
Tout cela va fort loin, sans doute jusqu'à aujourd'hui. Jugez plutôt:
Florence aurait été surtout gibeline, via les Médicis qui roulaient pour l'empereur d'Allemagne alors que Sienne aurait été plutôt guelfe, au moins aussi longtemps qu'elle a été dirigée par les neuf (autrement dit par elle-même et non par un seigneur), sauf que comme toujours rien n'étant éternel ni absolu chez les bipèdes, il y avait dans les deux villes des tenants du parti adverse.
Bref, c'était aussi et déjà en quelque sorte le politique contre le religieux, question probablement éternelle.
En conclusion, même question.
* Ce qui rappelle la prière de l'homme (et de la femme) politique:
Dans l'Italie médiévale, certains en tenaient pour la dynastie des Welfs et derrière elle le pouvoir de la papauté ; c'était la "pars guelfa" ou "pars ecclesiae".
D'autres en tenaient pour la dynastie des Hohenstaufen et derrière elle, le Saint Empire Romain Germanique; c'était la "pars gibelina" ou "pars imperii".
Leur opposition aurait débuté lorsque Frédéric II de Hohenstaufen s'est mis en tête de reprendre pied - concrètement - dans une Italie qu'il dominait déjà politiquement.
Les péripéties de cette opposition sont complexes et tortueuses ; on se disputait aussi entre soi (il y avait par exemple des guelfes blancs et des noirs)*.
Leur opposition n'est pas restée confinée à l'Italie ; partie d'Allemagne, elle y est revenue et a traversé l'Europe pour atteindre l'Espagne. On va jusqu'à considérer que, en Europe, les Gibelins sont devenus les champions de la cause catholique alors que les Guelfes ont épousé la cause protestante. Etrange non ?
En résumé, c'était un peu pouvoir fort contre république (nous dirions démocratie).
Tout cela va fort loin, sans doute jusqu'à aujourd'hui. Jugez plutôt:
- Dante a été banni parce qu'il était guelfe blanc. Le père de Pétrarque aussi.
- Machiavel affirmait que Venise versait de l'huile sur le feu pour assurer sa suprématie.
- Roméo et Juliette appartenaient à des deux factions rivales (Cappelletti-Capulet et Montecchi-Montaigu), adossées à l'opposition entre guelfes et Gibelins.
- Montaigne dans son voyage en Italie, était pris tantôt pour un guelfe tantôt pour un gibelin (de quoi vous faire réfléchir avant d'entreprendre un voyage); or le pauvre ne voyageait pas seulement pour son plaisir, mais aussi et surtout pour trouver un traitement à ses lithiases rénales.
- Au XIXème siècle a existé un néoguelfisme, mouvement clérical qui voulait réintroduire la présence active de l'Eglise dans l'état.
Entr'acte.
De qui est-ce le portrait ?
Florence aurait été surtout gibeline, via les Médicis qui roulaient pour l'empereur d'Allemagne alors que Sienne aurait été plutôt guelfe, au moins aussi longtemps qu'elle a été dirigée par les neuf (autrement dit par elle-même et non par un seigneur), sauf que comme toujours rien n'étant éternel ni absolu chez les bipèdes, il y avait dans les deux villes des tenants du parti adverse.
Bref, c'était aussi et déjà en quelque sorte le politique contre le religieux, question probablement éternelle.
En conclusion, même question.
* Ce qui rappelle la prière de l'homme (et de la femme) politique:
" Mon Dieu, protège-moi de mes amis; pour ce qui est de mes ennemis, je m'en chargerai bien moi-même ".
Opti- Pessi
de
"Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité; un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté."
de
"Je suis pessimiste par l'intelligence mais optimiste par la volonté."
Mettez un nom sur les portraits, dans l'ordre. Bonne chance !
"La seule différence entre un optimiste et un pessimiste, c'est que l'optimiste est un imbécille heureux tandis que le pessimiste est un imbécile triste".de
"Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité; un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté."
de
"Je suis pessimiste par l'intelligence mais optimiste par la volonté."
Mettez un nom sur les portraits, dans l'ordre. Bonne chance !
vendredi 3 janvier 2014
de La Bruyère, Jean
Une pub' des années '70 montrait une jolie fille vêtue de son seul slip, avec en phylactère "Mardi j'enlève le bas".
Ainsi en va-t-il du sujet traité hier : après le haut (?) voici le bas (?),... à moins que ce ne soit l'inverse.
Verso
Phédon a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre ; il dort peu, et d’un sommeil fort léger ; il est abstrait, rêveur, et il a avec de l’esprit l’air d’un stupide : il oublie de dire ce qu’il sait, ou de parler d’événements qui lui sont connus ; et s’il le fait quelquefois, il s’en tire mal, il croit peser à ceux à qui il parle, il conte brièvement, mais froidement ; il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire. Il applaudit, il sourit à ce que les autres lui disent, il est de leur avis ; il court, il vole pour leur rendre de petits services. Il est complaisant, flatteur, empressé ; il est mystérieux sur ses affaires, quelquefois menteur ; il est superstitieux, scrupuleux, timide. Il marche doucement et légèrement, il semble craindre de fouler la terre ; il marche les yeux baissés, et il n’ose les lever sur ceux qui passent. Il n’est jamais du nombre de ceux qui forment un cercle pour discourir ; il se met derrière celui qui parle, recueille furtivement ce qui se dit, et il se retire si on le regarde. Il n’occupe point de lieu, il ne tient point de place ; il va les épaules serrées, le chapeau abaissé sur ses yeux pour n’être point vu ; il se replie et se renferme dans son manteau ; il n’y a point de rues ni de galeries si embarrassées et si remplies de monde, où il ne trouve moyen de passer sans effort, et de se couler sans être aperçu. Si on le prie de s’asseoir, il se met à peine sur le bord d’un siège ; il parle bas dans la conversation, et il articule mal ; libre néanmoins sur les affaires publiques, chagrin contre le siècle, médiocrement prévenu des ministres et du ministère. Il n’ouvre la bouche que pour répondre ; il tousse, il se mouche sous son chapeau, il crache presque sur soi, et il attend qu’il soit seul pour éternuer, ou, si cela lui arrive, c’est à l’insu de la compagnie : il n’en coûte à personne ni salut ni compliment. Il est pauvre.
Ainsi en va-t-il du sujet traité hier : après le haut (?) voici le bas (?),... à moins que ce ne soit l'inverse.
Verso
Phédon a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre ; il dort peu, et d’un sommeil fort léger ; il est abstrait, rêveur, et il a avec de l’esprit l’air d’un stupide : il oublie de dire ce qu’il sait, ou de parler d’événements qui lui sont connus ; et s’il le fait quelquefois, il s’en tire mal, il croit peser à ceux à qui il parle, il conte brièvement, mais froidement ; il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire. Il applaudit, il sourit à ce que les autres lui disent, il est de leur avis ; il court, il vole pour leur rendre de petits services. Il est complaisant, flatteur, empressé ; il est mystérieux sur ses affaires, quelquefois menteur ; il est superstitieux, scrupuleux, timide. Il marche doucement et légèrement, il semble craindre de fouler la terre ; il marche les yeux baissés, et il n’ose les lever sur ceux qui passent. Il n’est jamais du nombre de ceux qui forment un cercle pour discourir ; il se met derrière celui qui parle, recueille furtivement ce qui se dit, et il se retire si on le regarde. Il n’occupe point de lieu, il ne tient point de place ; il va les épaules serrées, le chapeau abaissé sur ses yeux pour n’être point vu ; il se replie et se renferme dans son manteau ; il n’y a point de rues ni de galeries si embarrassées et si remplies de monde, où il ne trouve moyen de passer sans effort, et de se couler sans être aperçu. Si on le prie de s’asseoir, il se met à peine sur le bord d’un siège ; il parle bas dans la conversation, et il articule mal ; libre néanmoins sur les affaires publiques, chagrin contre le siècle, médiocrement prévenu des ministres et du ministère. Il n’ouvre la bouche que pour répondre ; il tousse, il se mouche sous son chapeau, il crache presque sur soi, et il attend qu’il soit seul pour éternuer, ou, si cela lui arrive, c’est à l’insu de la compagnie : il n’en coûte à personne ni salut ni compliment. Il est pauvre.
jeudi 2 janvier 2014
Jean de la Bruyère (1645-1696)
L'année commence en fanfare et, avec l'originalité qui caractérise nos temps bénis ou la diversité des sujets n'a d'égale que les façons de les nommer (fric, flouze, pognon, pépètes, galette, oseille, artiche, blé, picaillons, briques...), ce blog vous offre un texte de Jean de la Bruyère; serait-il dépassé ? Que vous en semble ?
Le portrait.
Le texte recto.
Le verso demain.
Le portrait.
Le texte recto.
Giton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes, l’oeil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée. Il parle avec confiance ; il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit. Il déploie un ample mouchoir, et se mouche avec grand bruit ; il crache fort loin, et il éternue fort haut. Il dort le jour, il dort la nuit, et profondément ; il ronfle en compagnie. Il occupe à table et à la promenade plus de place qu’un autre. Il tient le milieu en se promenant avec ses égaux ; il s’arrête, et l’on s’arrête ; il continue de marcher, et l’on marche : tous se règlent sur lui. Il interrompt, il redresse ceux qui ont la parole : on ne l’interrompt pas, on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler ; on est de son avis, on croit les nouvelles qu’il débite. S’il s’assied, vous le voyez s’enfoncer dans un fauteuil, croiser les jambes l’une sur l’autre, froncer le sourcil, abaisser son chapeau sur ses yeux pour ne voir personne, ou le relever ensuite, et découvrir son front par fierté et par audace. Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux sur les affaires du temps ; il se croit des talents et de l’esprit. Il est riche.
Le verso demain.
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