A propos de "de-bunking" - sur une question de Marie-Claude
Ex-plica-tion (sortir quelque chose des plis)
Depuis longtemps je me demande ce qui lie les mots au réel, ou du moins ce que nous en percevons. Il me semble que ce lien s'est beaucoup détendu mais depuis quand ? Depuis quand n'appelle-t-on plus "chat" un chat. Si on sait que dans "1984" d'Orwell, le ministère de la guerre est appelé "ministère de l'amour" et que "1984" a été écrit en 1948, il est probable que l'élastique s'est détendu avant cette date.
La propagande a bien sûr toujours consisté à tordre le sens des mots, et c'est bien pourquoi la première victime des guerres est cette relation serrée (d'identité) entre mots et réalité, que nous appelons "vérité". Ce que me semblent bien décrire les trois citations de l'article en question.
Depuis quand, pourquoi et comment cette identité entre mots et réalité est-elle gauchie ?
A la première question, j'ai pensé : depuis 1914, avec le "bourrage de crâne". A vérifier. Les médias ont bien sûr accéléré le mouvement. Auparavant c'était sans doute moins aisé (encore que M. Théophraste Renaudot publiait parfois des articles de Louis XV, me suis-je laissé dire).
A la seconde : parce qu'on poursuit un but précis, qu'on parle avec un calcul, une idée en tête, bref parce qu'il ne s'agit plus du tout de serrer la réalité au plus près.
Comme les démons des textes évangéliques, les buts poursuivis sont légion : manipuler une foule ou simplement son interlocuteur, vendre un produit ou un service quelconque, se décharger de ses responsabilités ou de sa culpabilité, semer la confusion (ce que Balzac appelait "rabouiller"* ) pour détourner l'attention de son but réel.
A la troisième (le "comment") la réponse est simple : toutes les ressources de la langue et en particulier la rhétorique jointe au calcul.
En un mot comme en cent, tordre le lien entre les mots et les choses, c'est mentir. On ne sortira pas et comme le disent les textes cités, "le menteur est le prince de ce monde."
Autant le savoir.
Encore ?
Et celle-ci pour la bonne bouche, et puis c'est tout.
* Rabouiller c'est pêcher en eau trouble, ce qui est la façon habituelle d'attraper les écrevisses.
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