Depuis le Moyen-Age au moins, et en fait depuis Platon au moins, "la querelle fait rage" (en fait, c'est une controverse philosophique bien plus qu'un échange de grossièretés devant une caméra) entre les nominalistes et les autres, que certains appellent les "essentialistes", "idéalistes"...
Anatole France décrit férocement la question dans son livre "La révolte des anges" par la bouche d'un démon déguisé en moine qui décrit la vie de son couvent:
"... Nous formions deux camps. L'un des camps soutenait qu'avant qu'il y eût des pommes, il y avait la Pomme [...] qu'avant qu'il y eût des pieds et des culs en ce monde, le Coup de pied au cul résidait de toute éternité dans le sein de Dieu. L'autre camp répondait que, au contraire, les pommes donnèrent à l'homme l'idée de pomme [...] et que le coup de pied au cul n'exista qu'après avoir été dûment donné et reçu. Les joueurs s'échauffaient et en venaient aux mains. J'étais du second parti, qui contentait mieux ma raison et qui fut, en effet, condamné par le Concile de Soissons."
(Anatole, c'est bien dit mais pas très gentil ! Et puis de quel concile de Soissons s'agit-il ? car il y en a eu douze)
Le premier camp est celui des essentialistes, idéalistes... et le second celui des nominalistes, réalistes...
Le premier est celui de Platon, par exemple, et le second de Guillaume d'Ockham, par exemple. Et entre les deux, de nombreuses combinaisons.
En gros la question est la suivante: l'essence précède-t-elle l'existence ou est-ce l'inverse ? Y a-t-il une essence de la pomme qui a inspiré l'existence de toutes les pommes ou les humains ont-ils conçu l'idée de pomme en observant le point commun à toutes les pommes.
C'est aussi ce qu'on appelle la querelle des universaux.
Malgré toute l'ironie d'Anatole, la question reste posée, maintenant encore, et sans doute pour l'éternité, qui comme le dit Woody Allen "est très longue, surtout vers la fin".
D'autres ont fort bien résumé la question, presque sans paroles, comme ceci.
De même qu'une image de pipe n'est pas une pipe, le mot pipe n'est pas non plus une pipe.
Il ne suffit pas de changer les mots pour changer le monde (ce qui est la maladie incurable, malheureusement pas mortelle, des intellos et des grandes gueules), mais bien pour changer la perception qu'en ont ceux qui s'abaissent à les écouter.
Bref,
Les mots ne sont pas les choses
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