vendredi 22 novembre 2013

et conté encore


Remarquez le geste du visiteur, que vous explique ce qui suit.
bain sous l'ancien régime
Il faut nous résigner à cette déplaisante constatation : nos pères étaient sales. Montaigne qui, en sa qualité d'original, estimait le « baigner salubre », blâmait fort ses contemporains « de tenir leurs membres encroustés et leurs pores estoupés de crasse ».Cette acceptation de la « pouacrerie » avait encore progressé du XVIe au XVIIe siècle ; quand Louis XIV apparaissait dans la Galerie des Glaces, costumé en dieu et couvert de tant de diamants qu'il fléchissait sous leur poids... il ne s'était pas lavé le matin !
 Au XVIIIe siècle, la propreté n'avait pas plus d'adeptes ; et l'on pense tout de suite à ce que devait être ce merveilleux Versailles où s'entassaient, tant bien que mal, dix mille personnes pour qui le savon et l'éponge étaient accessoires insolites.
Ainsi, ces boiseries si joliment fouillées se patinaient au contact de mains malpropres ; dans ces boudoirs qui semblent faits pour servir de temples aux amours, flottaient des odeurs suspectes ; les hôtes de ces pompeuses chambres, au sortir de leurs lits surmontés de dais à bouquets de plumes blanches, enfilaient tout droit leurs chausses et coiffaient leurs huileuses perruques.
En fait de matériel de toilette, rien : si ce n'est, sur quelque commode pansue, une de ces minuscules cuvettes, grande comme un bol, et un de ces pots à eau pour poupée, tels qu'en représentent certains tableaux de Boilly.
On trouve bien, çà et.là, dans cet inextricable dédale, quelques salles de bains ; Louis XV en possède une, charmante, encore aujourd'hui intacte, et sur laquelle les travaux de Pierre de Nolhac nous ont complètement renseignés ; la Dauphine, Mme du Barry, la comtesse de Provence jouissent du même avantage, évidemment réservé aux raffinés ou du moins aux très gros personnages. Mais les autres?
Et cela n'est encore qu'un des moindres inconvénients. Si les cabinets de bains ou de toilette sont objets de grand luxe, d'autres cabinets, non moins indispensables, sont tout à fait inconnus; et alors... on a de grands parapluies de cuir qu'on ouvre pour traverser les cours et sous lesquels on se met à l'abri de ce qui tombe des fenêtres.

2 commentaires:

  1. Très drôle d'imaginer ces grands personnages crasseux sous leurs belles tenues. Au fait, quand les vêtements eux-mêmes étaient sales, que faisait-on ? On les jetait?

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