Paru dans Causeur le 29/12/2014; il paraît que les parents de la gamine n'adressent plus la parole à l'auteur depuis cette brève conversation. C'est fou, non ?
Au printemps dernier, alors que je m’employais à désherber
mes parterres de fleurs, mes voisins qui promenaient leur chien s’arrêtèrent
pour me saluer et bavarder un instant. Au cours de notre conversation, je
demandai à leur fille, âgée de neuf ou dix ans, ce qu’elle avait l’intention de
faire plus tard. Elle me répondit fièrement “Premier ministre !”
Ses parents, tous deux membres du parti travailliste, observaient la scène, je poursuivis donc: “Et si tu étais Premier ministre, que commencerais-tu par faire ?”
“Je donnerais à manger et un toit à tous ceux qui n’en ont pas.”
Les parents se rengorgèrent.
“C’est effectivement une noble cause, mais tu peux t’y atteler dès maintenant !”. Elle sembla interloquée.
“Qu’est-ce que vous voulez dire ?”
“Eh bien, tu pourrais venir quelques fois à la maison, et par exemple tondre le gazon, ratisser les feuilles mortes ou tailler la haie, et je te paierais cinquante livres pour ce travail. Avec cela, tu irais près du centre commercial, où se réunissent les sans-abri, et donnerais à l’un d’eux tes cinquante livres pour qu’il s’achète de quoi manger. Au bout de quelques mois, de quelques années, il pourrait même avoir de quoi s’offrir une maison grâce à toi !”
Elle parut examiner sérieusement ma proposition, puis, fronçant les sourcils: “Pourquoi, au juste, ce type ne viendrait-il pas travailler lui-même ? Et vous lui donneriez directement cet argent…”
“Alors bienvenue au parti conservateur !”
Ses parents, tous deux membres du parti travailliste, observaient la scène, je poursuivis donc: “Et si tu étais Premier ministre, que commencerais-tu par faire ?”
“Je donnerais à manger et un toit à tous ceux qui n’en ont pas.”
Les parents se rengorgèrent.
“C’est effectivement une noble cause, mais tu peux t’y atteler dès maintenant !”. Elle sembla interloquée.
“Qu’est-ce que vous voulez dire ?”
“Eh bien, tu pourrais venir quelques fois à la maison, et par exemple tondre le gazon, ratisser les feuilles mortes ou tailler la haie, et je te paierais cinquante livres pour ce travail. Avec cela, tu irais près du centre commercial, où se réunissent les sans-abri, et donnerais à l’un d’eux tes cinquante livres pour qu’il s’achète de quoi manger. Au bout de quelques mois, de quelques années, il pourrait même avoir de quoi s’offrir une maison grâce à toi !”
Elle parut examiner sérieusement ma proposition, puis, fronçant les sourcils: “Pourquoi, au juste, ce type ne viendrait-il pas travailler lui-même ? Et vous lui donneriez directement cet argent…”
“Alors bienvenue au parti conservateur !”
Marie Céhère
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire