「Nous faisons communément de Voltaire un champion de la tolérance. C'est en vertu d'une célèbre formule inventée en 1906 par un auteur anglo-saxon et faussement attribuée par lui au sage de Ferney : « Je ne partage pas vos idées mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous puissiez les exprimer ».
[NOTE : la citation originale est la suivante : «I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it»; son auteur: Evelyn Beatrice Hall, auteur de "The Friends of Voltaire", paru en 1906 sous le pseudonyme de S.G. Tallentyre, ISBN 1-4102-1020-0].
La vérité est plus nuancée...
Pour des raisons qui lui appartiennent, l'écrivain et homme du monde nourrissait une haine farouche à l'égard des religions et plus particulièrement de l'Église catholique qu'il ne désignait jamais dans ses écrits que sous l'abrégé : « l'Inf. » pour l'Infâme.
Il ne manquait jamais une occasion de dénoncer d'éventuels abus du clergé comme on l'a vu avec l'affaire Calas mais se montrait indifférent à toutes les autres formes d'abus. Ainsi se garda-t-il de défendre son adversaire Fréron lorsque sa revue fut censurée par le pouvoir.
En matière d'humanité, Voltaire eût fait singulièrement tache en notre siècle avec des formules sans équivoque racistes : « Il n'est permis qu'à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Lapons, les Chinois, les Amériques ne soient des races entièrement différentes » (Essai sur les moeurs et l'esprit des nations, 1756) ou méprisantes à l'égard des humbles : « Il me paraît essentiel qu'il y ait des gueux ignorants » (lettre du 1er avril 1766).
[NOTE: Du même tonneau en mars 1766 : «Il est à propos que le peuple soit guidé et non pas qu'il soit instruit». Autre lettre, en 1769, lui suffisent «un joug, un aiguillon et du foin».]
Dans le Dictionnaire philosophique (1764), Voltaire affichait son peu de considération pour les femmes (« Plus faibles, les femmes sont plus douces... ») et son horreur de l'homosexualité (« abomination infâme »). Sur les juifs et les musulmans, il employait des formules assassines qui, à coup sûr, lui vaudraient aujourd'hui les foudres de la loi (« C'est à regret que je parle des juifs : cette nation est à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre »). Son opuscule en vers : Le fanatisme ou Mahomet (1736) dépassait également les bornes de la décence (« Et de tous les tyrans c'est le plus criminel »).
Qu'on ne s'y trompe pas. Ces considérations ne sont pas le reflet de l'époque mais le propre d'un individu. De Rousseau à Condorcet et Turgot, le Siècle de Voltaire connut maints autres esprits véritablement éclairés et à mille lieues de ces pensées obscènes.」
http://www.herodote.net/Voltaire_1694_1778_-synthese-420.php
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