L'objet proviendrait d'un saloon du far west. C'était le bon temps où il était permis de cracher, en public comme en privé. Le coiffeur, le saloon, parfois même le tram et le train en étaient pourvus.
Le contenu variait suivant le lieu ; chez les nantis, c'étaient des antiseptiques parfois toxiques; ailleurs du sable, de la sciure ou des cendres.
L'objet a disparu, sauf chez le dentiste et les oenologues ; on pourrait se demander pourquoi, car enfin il s'agit souvent d'une nécessité. Mais même le fait de cracher est considéré comme très vulgaire; il suffit de voir nos mines dégoûtées lorsque, en Chine, au petit matin, entre autres chants d'oiseaux on entend des autochtones se racler bruyamment la gorge et l'arrière-gorge etc...
Illustrations presque contemporaines
Où vent d'est et vent d'ouest se rencontrent (hommage à Pearl Buck), devant un crachoir.
Une raison que je n'ai trouvée nulle part, est la nécessité de rejeter des sécrétions qui pourraient contenir le bacille de Koch, responsable de la tuberculose. Pour mémoire, la tuberculose se transmettait beaucoup plus rapidement que le VIH/HIV et tuait infimiment plus de monde ; par exemple, dans la famille Bronte, cinq personnes sur six en sont mortes.
De ce noble ustensile est née l'expression "tenir le crachoir" qui décrit celle ou celui qui monopolise la parole.
L'expression me paraît tronquée ; "tenir le crachoir à quelqu'un" (qui parle beaucoup) sonne plus juste, du moins à mes oreilles.
Que vous semble ?
Modèle de salon ; joli, non ?
Revenons à notre temps par une transition.
Cracher, c'est passé, mais qu'ont dit les cracheurs quand on leur a ôté la liberté de se débarrasser de ce qui les gênait, qu'on les a stigmatisés ?
Et que diront nos petits-enfants lorsqu'ils apprendront que, à une époque héroïque, il était normal de souffler dans l'air que tous respirent, une fumée chargée de nicotine et de goudrons brûlés ?