Par Frédéric Mounier
Fort malaise ce lundi, tard dans la
soirée, après « La case de l’oncle Doc » sur France 3, consacré à « L’IVG, 40
ans après ». La succession de témoignages (probablement trop) féminins a
manifesté, en dépit de l’apparente facilité des paroles, l’extrême difficulté à
aborder cette question aujourd’hui. C’est inquiétant. En creux, ce
documentaire, martelant le choix des femmes, a fait apparaître des questions
extrêmement profondes, loin des arguments préformatés, ceux des adversaires
comme ceux des partisans de l’IVG.
Mais il n’est pas certain que ces
questions soient audibles, tant ce dossier est un champ de mines…
Pourquoi l’enfant à venir peut-il faire
si peur ?
Pourquoi n’a-t-il été, dans cette émission, que si rarement question
des hommes ?
La dépénalisation voulue par la loi Veil a-t-elle réellement amené
une banalisation, tant souhaitée par les uns, tant redoutée par les autres, et
finalement si loin de la réalité ?
A-t-on tiré toutes les conséquences du lien
rompu, pour toujours, entre sexualité et conception ?
Comment parler des
cicatrices souvent invisibles laissées par cette intervention, qui concerne
aujourd’hui une Française sur trois au cours de sa vie (1) ?
Les douleurs de
toutes natures, même longtemps après, ne sont-elles dues, comme l’ont dit les
femmes interrogées, qu’à la société, au regard d’autrui, au moralisme, aux
tabous religieux, voire au corps médical ?
Est-il si simple de dire, à l’instar
de plusieurs intervenantes, que « l’embryon n’est pas un enfant » ?
Ou que « la grossesse n’est qu’un échec de la
contraception » ?
Ou
encore que l’IVG est un « acte médical comme un autre » ?
Quelle place la maternité occupe-t-elle désormais dans la vie des
femmes ?
Répond-elle encore, comme ce fut longtemps le cas, et comme le disent
les intervenantes, à une « injonction à faire de la femme la gardienne de l’espèce » ?
Est-elle un choix essentiel ou
ordinaire parmi d’autres ?
« J’ai choisi de ne pas en faire quelque
chose de grave » a
conclu, convaincue à défaut d’être convaincante, l’une des femmes interrogées
sur son avortement.
(1) Selon l’Ined.
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