lundi 4 avril 2016

LC Questions silencieuses - Avortement et médias 21/10/2015



Par Frédéric Mounier
Fort malaise ce lundi, tard dans la soirée, après « La case de l’oncle Doc » sur France 3, consacré à « L’IVG, 40 ans après ». La succession de témoignages (probablement trop) féminins a manifesté, en dépit de l’apparente facilité des paroles, l’extrême difficulté à aborder cette question aujourd’hui. C’est inquiétant. En creux, ce documentaire, martelant le choix des femmes, a fait apparaître des questions extrêmement profondes, loin des arguments préformatés, ceux des adversaires comme ceux des partisans de l’IVG.
Mais il n’est pas certain que ces questions soient audibles, tant ce dossier est un champ de mines…
Pourquoi l’enfant à venir peut-il faire si peur ?
Pourquoi n’a-t-il été, dans cette émission, que si rarement question des hommes ?
La dépénalisation voulue par la loi Veil a-t-elle réellement amené une banalisation, tant souhaitée par les uns, tant redoutée par les autres, et finalement si loin de la réalité ?
A-t-on tiré toutes les conséquences du lien rompu, pour toujours, entre sexualité et conception ?
Comment parler des cicatrices souvent invisibles laissées par cette intervention, qui concerne aujourd’hui une Française sur trois au cours de sa vie (1) ?
Les douleurs de toutes natures, même longtemps après, ne sont-elles dues, comme l’ont dit les femmes interrogées, qu’à la société, au regard d’autrui, au moralisme, aux tabous religieux, voire au corps médical ?
Est-il si simple de dire, à l’instar de plusieurs intervenantes, que « l’embryon n’est pas un enfant » ?
Ou que « la grossesse n’est qu’un échec de la contraception » ?
Ou encore que l’IVG est un « acte médical comme un autre » ?
Quelle place la maternité occupe-t-elle désormais dans la vie des femmes ?
Répond-elle encore, comme ce fut longtemps le cas, et comme le disent les intervenantes, à une « injonction à faire de la femme la gardienne de l’espèce » ?
Est-elle un choix essentiel ou ordinaire parmi d’autres ?
« J’ai choisi de ne pas en faire quelque chose de grave » a conclu, convaincue à défaut d’être convaincante, l’une des femmes interrogées sur son avortement.
(1) Selon l’Ined.

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