vendredi 26 septembre 2014

et de trois

"Le démocrate est modeste, car il est celui qui admet qu'un adversaire puisse avoir raison, qui le laisse donc s'exprimer, et qui accepte de réfléchir à ses arguments."
 Un coup de pouce

et un second.


Facile, non ?

Même question mais plus facile

«C'est le projet d'influence qui distingue l'intellectuel du sage (qui cherche à se gouverner lui-même par la raison) et du savant (qui cherche la vérité dans les choses). Le sage a pouvoir sur son esprit par l'idée, le poète a pouvoir sur le réel par les mots et l'intellectuel sur les hommes, par les mots et les idées.»
 Le coup de pouce


D'accord, c'est pas si facile ; remerciez-moi, je vous évite la rouille des circonvolutions et des circuits.

Ceci dit, à force de se disputer pour occuper la chaire de vérité, les intellectuels se sont discrédités définitivement. Au point que plusieurs penseurs leur font un tombeau un peu honteux. Mais que penser des "sages" et des "scientifiques" qui se disputent pour faire coucou dans le poste et nous expliquent à longueur de journée ce qu'il faut penser ?
Heureusement il reste les poètes qui n'auront probablement jamais assez de succès pour faire coucou... Espérons qu'ils s'en réjouissent.

De qui est cette intéressante citation ?

"Chaque jour j'attache moins de prix à l'intelligence."

Un coup de pouce ?
Voilà, voilà !




Pour votre gouverne : Régis Debray l'a placée en exergue de son livre "I.F. suite et fin" (I.F. pour Intellectuel Français). Dois-je ajouter que j'en ferais autant si j'écrivais un livre ?

jeudi 25 septembre 2014

Célestin V

C'est le bonhomme qui est couronné sur la peinture d'hier.
Rappel illustré



L'histoire s'arrête pour lui cinq mois après. C'est le premier pape à s'être retiré, le second étant Benoît XVI, dans des circonstances un peu différentes.

Dans la vie il s'appelait Pietro Angeleri ou Pietro de Morrone. C'était un moine bénédictin, ermite et, pour son entourage presque un saint de surcroît; bref tout ce qu'il fallait pour ne jamais devenir pape. C'est pourtant ce qui lui arriva à 85 ans (en 1294), après qu'il ait fondé l'ordre des Célestins.

C'était un bon administrateur, mais comme théologien il ne faisait pas le poids; son latin n'était pas terrible ; en droit canon il aurait été recalé et dans la curie c'était un agneau parmi les loups. En outre le prince qui le chapeautait était Charles II d'Anjou, roi de Naples qui, parce qu'il avait besoin de l'autorité d'un pape pour mettre la main sur la Sicile, le forçait à rester à l'Aquila et de ce fait l'empêchait de rejoindre Rome.

Après cinq mois de réformes assez révolutionnaires (conclave secret en particulier), le pauvre Célestin jette le gant en prétextant de sa santé, de son incompétence et de son désir de redevenir moine-ermite.

Son successeur Boniface VIII le fait placer sous surveillance sous prétexte de le protéger, mais en réalité parce qu'il craint son influence ; l'autre s'enfuit une fois, deux fois, est rattrapé et enfermé à Anagni puis à Fumione où il meurt dans sa 86ème année.
Philippe le Bel, roi de France, demande l'ouverture d'une enquête sur la vie et les miracles de notre Célestin ; le pape du temps (Clément V) refuse puis - que refuser à un roi aussi puissant ? - accepte et le fait canoniser comme confesseur et non comme martyr, ce qu'aurait voulu le roi.
Dante lui en a beaucoup voulu de sa démission car il haïssait Boniface VIII, mais Pétrarque a beaucoup apprécié son geste.

à ma gauche: Dante Allighieri












à ma droite Pétrarque
















Et au centre le pauvre Célestin V à qui il n'était vraiment pas nécessaire de répéter que "sic transit...". De la "gloria mundi" il n'avait que faire mais le monde ne lui a pas fichu la paix pour autant.



A remarquer : lors de sa visite à L'Aquila, Benoît XVI a déposé le pallium (le manteau de sa charge papale) sur le tombeau de Célestin V. D'une démission l'autre.

mercredi 24 septembre 2014

Sic transit... (suite)

Sacre du pape Célestin V (1215 - 1296) - couvent des Célestins à Marcoussis - auteur inconnu

Depuis le XIIIème siècle et jusqu'à Jean-Paul 1er (pape d'un seul mois) qui a renoncé à la tiare et donc au couronnement, il était d'usage lors de l'intronisation d'un nouveau pape, qu'un moine se présente trois fois aux pieds du nouvel élu et brûle à ses pieds une mèche d'étoupe en accompagnant son geste de la formule

"Sancte Pater, sic transit gloria mundi."

L'histoire semble muette quant à la réception de cet avertissement par les intéressés; en tout cas, ils ne peuvent certainement pas dire qu'ils n'étaient pas dûment prévenus.

Il paraît qu'à Byzance l'empereur se voyait présenter des os humains et des cendres et qu'à Rome, lors d'un triomphe, le héros du jour était accompagné d'un esclave chargé de lui murmurer à l'oreille "Memento mori" (si vous voulez mon avis, l'esclave ne devait pas le répéter très souvent ni très fort, du moins s'il aimait ses aises).

(triomphe de Titus et Vespasien par Giulio Romano)

Que reste-t-il de...

Note préliminaire : les cartes ont été choisies pour leurs couleurs et non pour leur netteté (qui laisse à désirer).
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Superficie:  676 615 km²

A lire sur ce monde-là
  • de Joseph Roth "La marche de Radetski"
  • de Stefan Zweig "Le monde d'hier"

 
Superficie:  83 855 km².

A lire : n'importe quel livre de Elfriede Jelinek ou de Thomas Bernhard (de préférence après trois semaines d'antidépresseurs à dose thérapeutique).
A voir : les films de Michael Hanneke (même préparation, peut-être avec des boules quies en plus).



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Un blog semblable pourrait être consacré à l'empire ottoman (et l'actuelle Turquie) et à l'empire tsariste (et l'actuelle Russie), disloqués également en 1918, mais c'eût été moins impressionnant, ainsi qu'à tous les empires passés, présents et - sans grand risque de se tromper - à venir.

Car
"...sic transit gloria mundi" (voir blog suivant)


mardi 23 septembre 2014

De quel lieu s'agit-il ?

Et où se trouve-t-il ? Et que signifie la sentence qui figure au-dessus de la porte et qui est bien dans l'esprit du temps ? (je veux dire : de ce temps-là).
"Hic locus est ubi mors gaudet succurere vitae."


Réponse demain.

PS Merci à Marie-Claude de m'avoir suggéré ce sujet.

de Colombie



« Si l'on aspire seulement à doter d'un nombre croissant de biens un nombre croissant d'êtres, sans se soucier de la qualité des êtres ni de celle des biens, alors le capitalisme est la solution parfaite. »

From : Escolios a un texto implícito,
Nicolás Gómez Dávila

lundi 22 septembre 2014

dangers de l'alcool et de la religion (catho bien sûr !)

Assommé pour le compte par une épouse furieuse de le voir rentrer éméché, un brave homme raconte

Ma femme a cogné si dur cette fois là
Qu’on a trépassé le soir même et voilà
Qu’on se retrouve au paradis vers minuit
Devant Monsieur saint Pierre
Il y avait quelques élus qui rentraient
Mais sitôt que l’on s’approche du guichet
On est refoulé et saint Pierre se met à râler alors j’ai dit :
On n’est pas là pour se faire engueuler
On est venu essayer l’auréole
On n’est pas là pour se faire renvoyer
On est mort, il est temps qu’on rigole
Si vous jetez les ivrognes à la porte
Y doit pas vous rester beaucoup de monde
Portez-vous bien mais nous on se barre

La morale ? Alcool ou repentir, il faut choisir !

(emprunté en partie à un texte de Luc Rozenzweig consacré au livre de Benoît Duteurtre "L'ordinateur du paradis, paru dans la lettre de Causeur).

La photo

...que je cherche à vous montrer depuis que ce blog existe.

In memoriam : Pierre Ryckmans (portrait par Mathew Lynn en 2010)


Où est-ce ?


C'est en orange en haut, en bleu en bas ; ça s'appelle en langue locale Kurzeme et en français Courlande ; c'est une région de la Lettonie.  On y parlait le couronien mais l'impérialisme des langues voisines l'a totalement avalé.

Pour vous la situer, voici une carte de la Lettonie.


et pour vous donner une idée de la complexité du monde, en voici une autre


Le pays n'est guère connu et la Courlande moins encore, du moins chez nous. Et pourtant il s'y est passé bien des choses.

Marguerite Yourcenar y a situé les protagonistes de son roman "Le coup de grâce".
Jean-Paul Kauffman est tombé amoureux d'une native et a failli y passer sa vie, ce qui lui aurait évité trois ans d'emprisonnement dans des caves du Hamas au Liban, avec la notoriété qu'ils lui ont value (et dont il se serait sans doute bien passé) ; il a consacré un livre au pays.
Autrefois il a même existé un duché de Courlande qui rassemblait Courlande et Sémigalie actuelles.
Le duché est né de la dissolution de la Confédération de Livonie dont la Courlande faisait partie sous forme d'un évêché, pendant 350 ans environ (de 1234 à 1583).
Au fait la confédération en question a été créée comme compromis entre l'Eglise et l'ordre des Chevaliers porte-glaives (le sabre et le goupillon, c'est une fable du XIXème siècle; en réalité, le sabre a toujours tenté de dominer son voisin à poils).

Vous vous demandez pourquoi j'en fais un blog ; moi aussi. Kauffman et Yourcenar sans doute.

mardi 9 septembre 2014

Bêtement utile, pour une fois

Vecteur de la dengue et du chikungunya, le moustique tigre (aedes albopictus) ; ça vient par ici !



C'est pas grand du tout : de 0,5 à 1,5 cm, mais quand même grand pour un moustique.


La dengue : Céphalée (maux de tête), Douleur rétro-orbitaire (derrière les orbites), Myalgie (douleurs musculaires), Arthralgie (douleurs articulaires), Rash cutané (éruption cutanée), Manifestations hémorragiques (hématomes...), Fatigue, Nausées et vomissements
Examen du sang: baisse du taux de plaquettes et de globules blancs.

Traitement: lutter contre fièvre et douleurs SANS ASPIRINE (ni autre anticoagulant).



Le chikungunya : fièvre élevée, douleurs articulaires très vives (sauf chez les enfants), douleurs musculaires, maux de tête, éruption maculo-papuleuse (= soit tache sur la peau, soit petite excroissance).

Traitement: lutter contre la douleur (paracétamol, anti-inflammatoires, cortisone).

lundi 8 septembre 2014

Cécile l'aime beaucoup aussi

Le merveilleux florilège de Simon Leys

Il redonna vie à l’art subtil de la citation

Par Jean-Baptiste Baronian



Le 5 novembre 2005, Simon Leys a été reçu docteur honoris causa de l’Université catholique de Louvain. J’ai eu la grande chance d’assister à la cérémonie d’intronisation ; elle a été simple, très peu solennelle, alors même que les autorités académiques portaient la toge universitaire, ainsi que le veut la bonne vieille coutume de l’alma mater. C’est la première fois de ma vie que je voyais en chair et en os l’homme que j’avais découvert comme tout le monde, je suppose, à la parution de son pamphlet Les Habits neufs du président Mao, en 1971. Et, comme tout le monde, j’ignorais à cette époque qu’il s’appelait en réalité Pierre Ryckmans, qu’il était natif de Bruxelles (en 1935) et que Simon Leys était un nom de plume qu’il avait choisi en référence directe à René Leys, le chef-d’œuvre posthume de Victor Segalen publié en 1922. Dans Le Figaro littéraire en date du 3 février 2005, il allait écrire : « Si j’osai alors emprunter mon patronyme fictif au chef-d’œuvre de Segalen, c’est tout simplement parce que, à ce moment-là, René Leys, complètement épuisé et introuvable depuis plus de vingt ans, n’éveillait plus d’échos que dans la mémoire d’une poignée d’admirateurs fidèles, amoureux de littérature, un peu frottés de Chine, et c’était à ces happy few, mes semblables, mes frères, que j’adressais ainsi un innocent clin d’œil. »
Dans son (bref) discours de Louvain intitulé « Une idée de l’Université » et prononcé sur un ton ferme et vigoureux, Simon Leys n’a pas parlé de Victor Segalen et n’a évoqué la Chine qu’à travers un axiome de Zhuangzi, un penseur taoïste du  iiie siècle av. J.-C. : « Tous les gens comprennent l’utilité de ce qui est utile, mais ils ne peuvent pas comprendre l’utilité de l’inutile. » Je me suis empressé de noter la phrase. À regarder ce discours de près, on s’aperçoit qu’il est émaillé de citations et qu’il débute d’ailleurs par un précepte de Jacques Chardonne parfaitement approprié à la circonstance : « Quand vous entendez le bruit des applaudissements, vous savez qu’il est temps de s’en aller. » Les autres citations sont du cardinal Newman, de Gustave Flaubert (l’extrait d’une lettre à Ivan Tourgueniev), de Clive S. Lewis, d’un « brillant et fringant jeune ministre de l’Éducation » en Angleterre dont Simon Leys n’a pas communiqué l’identité, de ce Zhuangzi donc et, pour finir, d’Érasme, avec un adage qui figure dans toutes les chrestomathies1 : « On ne naît pas homme, on le devient. »
Il existe un art de la citation, un art plus subtil qu’il ne semble de prime abord, que Simon Leys a maîtrisé parfaitement et qu’il a poussé à l’extrême en faisant paraître en 2005 (est-ce un hasard ?) un florilège sous le titre Les Idées des autres. Une sorte de compilation de bons mots qu’il a, dit-il, « idiosyncratiquement » composée et dans la présentation de laquelle il cite, pour justifier le bien-fondé de sa démarche, ces deux orfèvres que sont Oscar Wilde et Alexandre Vialatte. Oscar Wilde : « La plupart des gens sont d’autres gens. Leurs pensées sont les opinions de quelqu’un d’autre ; leur vie est une imitation ; leurs passions, une citation. Il n’y a qu’une façon de réaliser sa propre âme, et c’est de se débarrasser de la culture. » Alexandre Vialatte : « Le plus grand service que nous rendent les grands artistes, ce n’est pas de nous donner leur vérité, mais la nôtre. » Et une compilation qu’il a destinée à « l’amusement des lecteurs oisifs », précaution littéraire en forme de boutade qu’il ne faut surtout pas prendre au pied de la lettre.
On l’aura compris, les « idées des autres », ce sont les idées de Simon Leys lui-même sur les sujets les plus divers tels que l’ambition, le désespoir, la musique, la politique, le sexe, la richesse, le temps, le tabac, le rire, le goût, la foi, le vin, la retraite, la solitude, la littérature, etc. Il s’en tire tantôt avec une seule citation, tantôt avec plusieurs. Il y en a ainsi quinze à la rubrique « Mer », sa grande passion, et douze à la rubrique « Écrivain ». Dont ces quatre-ci : « La plupart des écrivains ne comprennent pas plus la littérature qu’un oiseau ne comprend l’ornithologie » (Marcel Reich-Ranicki). « Je hais un écrivain qui est tout entier écrivain » (Lord Byron). « N’invitez pas plusieurs hommes de lettres à la fois : un bossu préférera toujours la compagnie d’un aveugle à celle d’un autre bossu » (Paul Claudel). « Un écrivain est un homme qui, plus que quiconque, trouve qu’il est difficile d’écrire » (Thomas Mann).
Je me suis amusé à faire l’inventaire des auteurs que Simon Leys a convoqués dans son merveilleux florilège : près de deux cents au total. Les plus cités sont Léon Bloy, Gilbert Keith Chesterton, Ralph Waldo Emerson, Henry David Thoreau et Simone Weil (elle a droit à dix-neuf citations, le record du livre). Au sein de ce gros peloton, j’ai dénombré treize auteurs chinois (dont un anonyme) et cinq auteurs belges : le prince de Ligne, Henri Pirenne, Louis Scutenaire, Marcel Thiry et Raoul Vaneigem avec cet aphorisme si renversant et sans doute très leysien : « Le travail est encore ce que les gens ont inventé de mieux pour ne rien faire de leur vie. »

Est-ce que je me trompe si je dis que Les Idées des autres est, suprême paradoxe, le livre le plus personnel de Simon Leys ?


Etat islamique



Au cas où vous ne sauriez quoi faire cet hiver, il fait chaud là-bas et on engage probablement sans difficulté et des deux côtés.

Source: Diploweb, un site que vous pouvez lire avec la certitude de ne pas devenir idiot ; évidemment ça vous demandera un petit effort : temps de lecture et entraînement aux nuances.

Chaudement recommandé !
https://my.mailinblue.com/users/subscribe/js_id/wge/id/5

dimanche 7 septembre 2014

Pléonasme, un de plus

Après Monsieur U Thant qui se traduit par Monsieur Monsieur Thant, etc (voir un blog précédent)
Voici le pléonasme du jour.
En image




En paroles
Maïdan Nezalejnosti ou "Place de l'indépendance" et place maïdan qui signifierait "place de la place"

mardi 2 septembre 2014

En peu de phrases, une mise au point (de Causeur)

Étymologies

Tout ministre n’est qu’un pion de moindre importance


Il y a le Magister — du latin « plus ». D’abord, Magistrat. Puis le G inter-vocalique tombe, du S ne reste qu’une trace, un accent circonflexe, à l’arrivée, voici le Maître. Aussi bien le maître d’école que le maître de l’art du thé. Voir la nouvelle de Yasushi Inoue.
L’existence d’un mot souvent entraîne l’apparition de son contraire. Il y avait par exemple « heur » (du latin augurium, à distinguer de « heure » qui vient de hora — de sorte que « heur » signifiait à l’origine « de bon augure »), sur lequel on a fabriqué « malheur » — et quand on a oublié le sens originel du radical (« Rodrigue, qui l’eût cru ? Chimène, qui l’eût dit ? Que notre heur fût si proche et si tôt se perdît »), on a recomposé l’antonyme « bonheur », qui n’était au fond qu’un pléonasme, tout comme « aujourd’hui » est le pléonasme d’« hui », qui veut dire « aujourd’hui » (et je ne vous dis pas ce que je pense des imbéciles qui disent « au jour d’aujourd’hui »).
« Magister » a donc généré son contraire. À magis, plus, correspond donc minus, moins. Que l’on a substantivé en « ministre ». Comme dans « ministre des menus plaisirs »… « Je suis ministre, donc, je ne sais rien faire », dit excellemment De Funès dans la Folie des grandeurs. Minus !
Ah, précisons tout de suite : le mot est masculin. Tous ceux qui disent « la » ministre en croyant faire plaisir aux théoriciens du Genre font une faute contre la langue. Ce n’est pas du français, c’est de l’idéologie. Et ce que l’on devrait enseigner aux enfants, c’est le français — parce que la langue donne accès à une culture, alors que les idéologies, souvent, ferment la porte sur la culture.



Pour l'article entier (c'est-à-dire avec quelques réflexions sur la politique française) http://www.causeur.fr/etymologies-28996.html

Hors piste


(il paraît que le monsieur à côté de Gorki serait Joseph Staline)


Les apparences sont trompeuses; ce monsieur bien tranquille a dès 1923 dénoncé les tripotages du monsieur à la casquette de la photo du dessus ; il a été chassé du Komintern et par conséquent du PC français qu'il avait contribué à fonder. Jusqu'en 1964 il a dénoncé les mauvaises manières des dirigeants du Kremlin de Moscou. C'était donc bien un communiste antisoviétique. Son nom: Boris Souvarine. On se demande comment il n'a pas connu le sort de Léon Trotsky.


Autre hors-piste
de 1884 à 1935, né à Braïla en Roumanie, orphelin d'un père contrebandier grec alors qu'il est encore bébé, contracte la phtisie en 1916, alors qu'il vit de tout petits métiers et d'expédients tout en lisant énormément. Devient un ami du précédent et de Victor Serge avec qui il écrit un brûlot anti-soviétique. Ecrit plusieurs autres livres, très connus entre les deux guerres mondiales, dont Kyra Kyralina. Meurt de tuberculose et de misère en Roumanie à 51 ans. Son nom : Panaït Istrati.




Il y a donc eu aussi des communistes très lucides, avant Orwell et bien avant André Gide (qui n'étant pas communiste avait moins de mal à être lucide).


lundi 1 septembre 2014

"Mon mari est un amour...

...il m'a offert une belle cuisine !" (sic)
En remerciement pour cette réflexion peut-être pas si rétro, une chanson !

https://www.google.be/search?q=boris+vian+chansons&oq=boris+vian&aqs=chrome.4.69i57j0l5.5744j0j7&sourceid=chrome&es_sm=122&ie=UTF-8#q=boris+vian+complainte+du+progres&stick=H4sIAAAAAAAAAGOovnz8BQMDQwkHsxCHfq6-QY5JZbwSF4iVUlZiZGqqJZadbKWfW1qcmayfWFSSWVxiVZyfl178iNGRW-Dlj3vCUhaT1py8xmjEhUOhkAQXm2teSWZJpRAfF48U3BINBh6Dv9OucQWvyH6iZrgxafYKdp9ZU-QB60n-9pEAAAA

Complainte du progrès (ou "les arts ménagers")

de Boris Vian



Autrefois pour faire sa cour
On parlait d´amour
Pour mieux prouver son ardeur
On offrait son coeur
Aujourd´hui, c´est plus pareil
Ça change, ça change
Pour séduire le cher ange
On lui glisse à l´oreille
(Ah? Gudule!)

{Refrain 1:}
Viens m´embrasser
Et je te donnerai
Un frigidaire
Un joli scooter
Un atomixer
Et du Dunlopillo
Une cuisinière
Avec un four en verre
Des tas de couverts
Et des pell´ à gâteaux

Une tourniquette
Pour fair´ la vinaigrette
Un bel aérateur
Pour bouffer les odeurs

Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux
Et nous serons heureux

Autrefois s´il arrivait
Que l´on se querelle
L´air lugubre on s´en allait
En laissant la vaisselle
Aujourd´hui, que voulez-vous
La vie est si chère
On dit: rentre chez ta mère
Et l´on se garde tout
(Ah! Gudule)

{Refrain 2:}
Excuse-toi
Ou je reprends tout ça.
Mon frigidaire
Mon armoire à cuillères
Mon évier en fer
Et mon poêl´ à mazout
Mon cire-godasses
Mon repasse-limaces
Mon tabouret à glace
Et mon chasse-filous

La tourniquette
A faire la vinaigrette
Le ratatine-ordures
Et le coupe-friture

Et si la belle
Se montre encore rebelles
On la fiche dehors
Pour confier son sort

{Coda:}
Au frigidaire
À l´efface-poussière
À la cuisinière
Au lit qu´est toujours fait
Au chauffe-savates
Au canon à patates
À l´éventre-tomates
À l´écorche-poulet

Mais très très vite
On reçoit la visite
D´une tendre petite
Qui vous offre son coeur

Alors on cède
Car il faut bien qu´on s´entraide
Et l´on vit comme ça
Jusqu´à la prochaine fois

Litanie

Une sainte vierge
avec de la neige qui tombe dessus
Une tour Eiffel
avec de la neige qui tombe dessus
Un atomium
avec de la neige qui tombe dessus
Un world trade center
avec de la neige qui tombe dessus
Une poupér barbie
avec de la neige qui tombe dessus
Une Madona
avec de la neige qui tombe dessus

Une ville anglaise
avec des bombes qui tombent dessus
Une ville allemande
avec des bombes qui tombent dessus
Une ville japonaise
avec des bombes qui tombent dessus
Une ville irakienne ou syrienne
avec des bombes qui tombent dessus
Une ville israélienne ou palestinienne
avec des bombes qui tombent dessus


Une Italie
avec la vulgarité qui tombe dessus
Une Europe
avec l'égoïsme qui tombe dessus
Une île
avec des réfugiés qui tombent dessus
Une Méditerranée
avec des réfugiés qui tombent dedans
De riches européens
qui équilibrent leur budget
Des Européens pauvres
qui crèvent la faim

Et une saine vierge
avec de la neige qui tombe dessus



Que peut-elle faire d'autre, je vous le demande ?