vendredi 3 mars 2017

LC Dans l'Indre un professeur soupçonné de prosélytisme

Dans l’Indre, un enseignant est visé par une enquête administrative afin de déterminer s’il a contrevenu aux principes de laïcité.

L’affaire est partie d’une lettre anonyme émanant d’un « collectif de parents ». Ce courrier, adressé fin janvier au directeur académique de l’Indre, dénonce le « prosélytisme » d’un enseignant de l’école publique de Malicornay. Un inspecteur est envoyé sur place. Puis est prononcée une suspension à l’encontre de cet enseignant « confirmé » et présentant « un dossier professionnel sans tache », comme le reconnaît le directeur académique Pierre-François Gachet.
Si cette mesure est prise pour quatre mois maximum, le directeur académique dit vouloir conclure « sous dix jours » l’enquête administrative. Objectif : « déterminer si le professeur a versé dans le prosélytisme ou s’il a manqué simplement de discernement », précise Pierre-François Gachet. « À tout le moins a-t-il montré un goût très prononcé pour l’enseignement du fait religieux », lequel est depuis 2002 inscrit dans les programmes.
Le professeur a fait étudier à ses élèves de CM1-CM2 six pages tirées du livre de l’Exode, ainsi que plusieurs passages d’un ouvrage intitulé Le Christianisme par les textes, des textes que l’inspecteur a jugés « peu accessibles littérairement » et « moralisateurs ». Il s’est servi à trois reprises de ces documents pour des dictées. Il a projeté un film sur la vie de Moïse, ainsi que L’Évangile selon saint Matthieu, de Pier Paolo Pasolini.
Il a par ailleurs fait répéter – pour des raisons d’acoustique – la chorale de l’école au sein de l’église, avec un répertoire non religieux. Il a enfin travaillé sur l’étymologie en regroupant les élèves en « tribus » sur la base des origines – notamment bibliques – de leurs prénoms. Une « accumulation » que déplore l’éducation nationale, d’autant que depuis le début de l’année, l’enseignement de l’histoire, lui, n’a fait l’objet d’« aucune trace écrite ».
Dans l’entourage de la ministre, on réaffirme que « l’enseignement laïque du fait religieux est indispensable ». Mais, poursuit-on, « dans le cas présent, l’enseignant a visiblement manqué de manière répétée aux obligations de neutralité du fonctionnaire ».
« Une grande partie de ses activités tournaient, peut-être maladroitement, autour du fait religieux. Mais il semble qu’à aucun moment ce collègue n’ait manifesté de conviction religieuse », réagit le secrétaire général du SE-Unsa Christian Chevalier, qui juge la mesure « extrêmement lourde et stigmatisante ». « On n’est quand même pas en présence de faits de pédophilie ! »
« Pendant la réunion de début d’année, le professeur nous a indiqué que la classe étudierait tout autant Harry Potter que la Bible, pour découvrir la littérature, la civilisation, l’histoire », raconte de son côté une mère d’élève. « Aucun parent n’a alors émis d’objection », dit-elle. Le directeur académique rencontrera aujourd’hui les parents.
Denis Peiron
 

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