lundi 29 juillet 2013

Tatouages (fm Hérodote), pour celles et ceux que cela concerne

Tatouage

La peau qui parle


Felice Beato, Palefrenier tatoué, vers 1880, musée Guimet, ParisVous avez envie de changer de peau ? Adoptez le tatouage qui, comme le rappelle l'écrivain américain Russel Banks, «vous fait penser à votre corps comme à un costume particulier que vous pouvez mettre ou enlever chaque fois que vous en avez envie» !
Admiré ou honni, cet art d'habiller la peau en modifiant son aspect est connu de tous les peuples depuis des millénaires.
En cette saison estivale où les corps laissent apparaître sur la plage des ornementations plus ou moins détaillées, rappelons en couleurs les aléas de cette pratique artistique si troublante.
Isabelle Grégor
Un tatouage, des tatoués…
Cousin des peintures corporelles et des scarifications (incisions superficielles de la peau), le tatouage consiste en l'introduction d'encre sous la peau, entre le derme et l'épiderme.
Effectué à l'origine avec du charbon ou de la suie insérés grâce à un objet pointu, pointe d'os ou aiguille, il est réalisé aujourd'hui avec de l'encre de couleur et un appareil électrique, le dermographe.
Si la technique est réputée longue et douloureuse, le processus inverse ne l'est pas moins. Depuis l'Antiquité, les recettes proposées pour un bon détatouage ne manquent pas : pour les Grecs, rien de tel qu'un mélange caustique de suc de figues et pissenlits. Les Romains ont tenté la fiente de pigeon dissoute dans du vinaigre. D'autres idées ?
Robert Doisneau, Concours de tatouages dans un bar de la rue Mouffetard, 1950, Atelier Robert Doisneau

Un congelé bien pigmenté

La surprise fut grande lorsque, en 1991, on découvrit dans les Alpes le corps glacé d'un chasseur de l'âge du Bronze (3000 av. J.-C.), et elle fut encore plus grande quand les scientifiques repérèrent sur la peau du dénommé «Otzi» pas moins d'une soixantaine de traces de tatouage !
Tatouages sur la peau d'Otzi, image du South Tyrol Museum of ArchaeologyRéalisées avec du charbon de bois, ces marques sont situées à des endroits qui semblent révéler un objectif plus thérapeutique qu'esthétique : lombaires, mollet, creux du genou...
Mais est-ce la seule explication ?
Les talents artistiques des hommes préhistoriques mais aussi les exemplaires de statuettes couvertes de symboles font pencher pour la thèse d'une fonction magico-religieuse.
Il semble que nos lointains ancêtres aient pratiqué des percements et de simples peintures corporelles mais qu'ils aient également enduré la pratique du tatouage. Ils n'eurent sans doute pas de mal à en maîtriser la technique car ils possédaient des poinçons et des aiguilles et ont pu remarquer qu'une blessure salie par un colorant restait teintée.

L'Antiquité en a vu de toutes les couleurs !

Concubine nue en faïence bleue, Égypte, vers 2000 av. J.-C., Paris, musée du LouvreDans l'Antiquité, si l'on sait que les Égyptiens pratiquaient le tatouage religieux, ce sont surtout les peuples dits «barbares» qui se sont distingués par leur goût pour les dessins corporels.
Le voyageur grec Hérodote rapporte par exemple qu'en Thrace (Bulgarie actuelle) on estime inélégant de ne pas avoir de stigmates imprimés.
Mais ce sont surtout les Scythes (de l'Ukraine à l'Altaï) qui ont acquis la réputation d'être de grands adeptes du tatouage, réputation confirmée par la découverte de plusieurs corps couverts de dessins complexes.
Tatouage d'une momie scythe, Pazyryck, RussieLes auteurs anciens restaient dubitatifs face à cette débauche d'imagination au point de baptiser certains peuples en référence à cette coutume.
C'est le cas des inquiétants Pictes (Angleterre), à l'honneur dans La Guerre des Gaules de Jules César : «C'est un usage commun à tous les Bretons de se teindre le corps au pastel de couleur bleue ; cela rend leur aspect particulièrement terrible dans les combats». Peut-être aussi des Pictones (nord de l'Aquitaine), dont le nom viendrait de pictura («peinture») et se retrouve dans celui de leur oppidum : Poitiers.
Grecs et Latins n'hésitaient pas également à marquer ainsi leurs esclaves du nom de leur propriétaire ou, dans le cas des fugitifs romains, d'un Revoca me a domino mio («Ramène-moi à mon maître») sur le front. On dit que cet usage fit naître la mode des franges...
Diversité des tatouages des mercenaires de Salammbô
«On reconnaissait les mercenaires aux tatouages de leurs mains : les vieux soldats d'Antiochus portaient un épervier ; ceux qui avaient servi en Égypte, la tête d'un cynocéphale ; chez les Républiques grecques, le profil d'une citadelle ou le nom d'un archonte ; et on en voyait dont les bras étaient couverts entièrement par ces symboles multipliés, qui se mêlaient à leurs cicatrices et aux blessures nouvelles» (Gustave Flaubert, Salammbô, 1862).

Sous le signe des croyances

Figurine féminine, culture Cucuteni, 4050–3900  av. J.-C., Botosani County Museum, Roumanie«Yahvé mit un signe sur Caïn afin que le premier venu ne le frappât point» : cet extrait de la Genèse rappelle le rôle souvent infamant du tatouage dans l'Antiquité, et explique en partie son interdiction dans le judaïsme puis dans le christianisme à partir de 313 ap. J.-C.
Pour les religions monothéistes, y compris l'islam, il s'agit aussi de ne pas porter atteinte au corps en tant que création divine.
Souvent conséquences de pratiques païennes anciennes, des exceptions sont cependant vite apparues, comme l'habitude de marquer le croyant ayant accompli un pèlerinage. C'est le cas par exemple chez les Coptes qui gardent aujourd'hui encore cette coutume bien vivante.
Pour les chrétiens de Bosnie-Herzégovine, le tatouage a longtemps été une forme d'affirmation de leur foi face à la montée en puissance de l'islam. Ailleurs, on est persuadé que ces quelques signes feront fuir mauvais œil et démons, à la manière de talismans impossible à égarer...
L'Europe du Moyen Âge reste cependant très méfiante et rejette dans la marginalité toute modification volontaire du corps. On ne plaisante pas avec l'apparence.
Comment devenir (presque) invulnérable !
«Un tatouage donne, soi disant, l'invulnérabilité. Le porteur de ce tatouage en est si convaincu qu'il n'hésite pas à le prouver [et] se fait tirer un coup de revolver. Naturellement il succombe et l'affaire est portée devant la Cour d'Assises, où tous les témoins viennent affirmer leur stupéfaction que ça n'ait pas marché. Loin d'être imputé au fait que le tatouage en question ne donne pas l'invulnérabilité, l'accident est considéré comme étant dû à ce que le tatouage était mal fait, à ce que le sujet s'est rendu indigne, ou encore au fait qu'il n'avait pas dit correctement les mots qu'il fallait pendant qu'on le tatouait» (témoignage de C. Niel, conseiller à la Cour Suprême de Siam, 1933).

L'originalité est ailleurs !

Partis chercher de l'or, les grands explorateurs sont revenus avec des images de dessins corporels plein les yeux !
Comment en effet ne pas être frappé par ces guerriers amérindiens qui sont recouverts de motifs représentants les différentes étapes de leur vie ou leurs faits d'armes ? Qu'a pu penser un missionnaire en comptant la soixantaine de personnages représentés sur les jambes d'un chef iroquois, au XVIIe s. ?
Certes, Marco Polo avait rappelé que les peuples d'Asie «usaient habilement de la suie et d'une pierre noire et bleue» (Le Devisement du monde, 1298), mais tout cela restait très lointain. Avec les Grandes Découvertes, témoignages écrits et croquis se multiplient, entre fascination et dégoût.
Si on reste admiratif devant le savoir-faire des tatoueurs, on pousse aussi de hauts cris face aux techniques employées et à la douleur provoquée. Du nord au sud du continent américain, aventuriers et missionnaires ne cesseront d'insister sur cette pratique, non sans arrière-pensées. N'est-elle pas une preuve supplémentaire de la sauvagerie des indigènes ?
Petite leçon pour réaliser un beau tatouage iroquois
John Verelst, Portrait du chef iroquois Sa Ga Yeath Qua Pieth Tow (baptisé Brant), 1710, Ottawa, Archives publiques du Canada«Ce n'est pas seulement l'art de faire ces sortes de peintures caustiques sur les peaux de chevreuil et des autres animaux que les sauvages ont hérité de leurs pères ; ils en ont encore appris celui de se faire de magnifiques broderies sur la chair vive, et de se composer un habit qui leur coûte cher, à la vérité, mais qui a cela de commode, qu'il dure aussi longtemps qu'eux. Le travail en est le même que celui qui se fait sur les cuirs. On crayonne d'abord sur la chair le dessin des figures qu'on veut graver ; on parcourt ensuite toutes ces lignes en piquant avec des aiguilles ou de petits osselets la chair jusqu'au vif, de manière que le sang en sorte. Enfin, on insinue dans la piqûre du minium, du charbon pilé ou telle autre couleur qu'on veut appliquer. L'opération n'en est point extrêmement douloureuse dans le moment qu'on la fait, car, après les premières piqûres, les chairs sont comme endormies ; d'ailleurs les ouvriers de ces sortes de tapisseries travaillent avec tant d'adresse et de promptitude, qu'ils ne donnent presque pas le temps de sentir. Mais, après qu'on a insinué les couleurs les plaies s'irritent, par cette espèce de venin ; les chairs s'enflent, la fièvre survient et dure quelques jours ; il y aurait même peut-être du danger pour la vie si l'on faisait l'ouvrage dans son entier» (Joseph François Lafitau, Mœurs des sauvages américains, 1720).

Une épidémie de piqûres dans la marine

C'est James Cook qui, redécouvrant la pratique du tatouage à Tahiti en 1769, la baptisa «tattow» (du tahitien tatu, «frapper»). Il est vrai que ce mot ne pouvait que venir des îles du Pacifique qui regorgent alors de différentes façons d'ornementer la peau, pour des raisons symboliques ou esthétiques. Cette coutume fut très vite combattue par les missionnaires, outrés par ce qu'ils considéraient comme un vestige de paganisme.
Sydney Parkinson, Portrait d'un homme maori, dans Journal d'un voyage aux mers du Sud, 1769Si certains marins se contentent de reproduire quelques croquis, d'autres préfèrent rapporter un souvenir plus concret : ainsi naquit le commerce macabre des têtes maoris.
Longtemps conservées dans les cabinets de curiosités ou les collections anthropologiques, nombre d'entres elles ont aujourd'hui été restituées à leur pays d'origine à la demande de la Nouvelle-Zélande.
N'oublions pas le cas de ces marins qui, plus téméraires, choisirent d'imiter les indigènes tout en souhaitant souligner leur appartenance au monde des forçats de la mer.
On vit donc des équipages complets de navires revenir «bleus» de leur séjour dans les eaux chaudes ! La mode du tatouage des gens de mer était lancée. Elle atteint son paroxysme sur les pontons anglais, ces bateaux où étaient entassés, après les guerres napoléoniennes, les prisonniers français qui tuaient le temps en imaginant un autre monde sur leur peau.

«À Loulou pour la vie»

Spécimen de tatouage, Légionnaire, éd. Boussuge (Maroc), vers 1900Au XIXe siècle, le phénomène continue à se développer au sein des populations marginales, à la suite des gens de mer.
Ancres de marine, cœurs percés et autres sirènes deviennent les signes de reconnaissance de ces Popeye désireux de se distinguer ou simplement de montrer leur nostalgie pour leur pays ou leur famille.
Alors que les médecins de la marine commencent à s'inquiéter des problèmes d'hygiène, le tatouage finit par sortir des ports pour atteindre prostituées, soldats et malfrats.
La police ne s'y trompe pas et relève avec attention toute image suspecte présente sur les corps pour mieux identifier par la suite leur propriétaire. On lui facilite la tâche ! Elle scrute par exemple à la loupe les visages des Apaches, ces voyous parisiens qui se reconnaissaient au rond visible entre leurs yeux.
Pour eux comme pour de nombreux peuples, le tatouage reste avant tout un symbole de révolte et de courage. C'est pourquoi les malfrats les plus désespérés, convaincus de finir leurs jours aux bagnes, se firent recouvrir une grande partie du visage par de véritables «masques» de couleur, rendant toute réinsertion impossible. Tatoué pour la vie !

Approchez, venez contempler nos spécimens !

Où, dans l'Europe du XVIIIe s., pouvait-on admirer des tatouages ? Dans les cours princières, bien sûr !
C'est là que les explorateurs s'empressèrent d'exhiber les «sauvages» ramenés de gré ou de force de leurs voyages. Le plus célèbre, «le prince Giolo», quitta les Philippines à la fin du XVIIe pour permettre au flibustier Dampier d'exhiber son «pourpoint» coloré dans les cours d'Europe. Succès garanti !
Affiche pour Maud Arizona, 1928Certains marins de retour des îles n'hésitèrent pas à montrer leurs atouts, comme James O'Connel qui tint le rôle de l'homme tatoué dans le cirque Barnum avant qu'un certain «Capitaine Constantine» ne lui vole la vedette avec ses 388 dessins !
La Femme Bleue, Le Gobelin Vivant ou encore L'Homme Zèbre continuèrent à jouer les attractions jusqu'au déclin de cette activité, dans les années 1950.
Autres célébrités, les têtes couronnées eurent elles aussi leurs adeptes, souvent passés par la Marine. Frederic IX du Danemark, George V d'Angleterre, Nicolas II de Russie... la liste est longue !
Le plus maladroit fut sûrement le soldat de la Révolution Bernadotte qui, ne soupçonnant pas qu'il accèderait au trône de Norvège et Suède, se serait fait tatouer un magnifique «Mort aux rois» sur la poitrine !

Vers la banalité ?

Norman Rockwell, The Tattoo Artist, 1944, New York, Brooklyn MuseumPendant tout le début du XXe s., le tatouage reste synonyme d'isolement et de marginalité.
La personne tatouée est mise à part de la société, comme les déportés qui perdent ainsi leur véritable identité.
Si certains, par exemple dans le Milieu, continuent à voir dans les dessins de peau une façon de revendiquer cette exclusion, la recherche esthétique commence à prendre de plus en plus de place, notamment sous l'influence des exemples japonais et mélanésien.
Grâce aux progrès techniques inaugurés par l'invention de la machine électrique en 1891 par Samuel O'Reilly, la pratique devient moins douloureuse et commence à dépasser le cercle des rockers, bickers et autres «vrais durs»...
À la suite des stars de la scène ou du sport, jeunes et moins jeunes font depuis une vingtaine d'année le succès toujours grandissant des salons où exercent parfois de véritables artistes qui ont su mettre en avant la tradition pour trouver leur originalité.
Comme le Modigliani visible sur la peau du dos de Jean Gabin dans Le Tatoué, quelques chefs-d’œuvre éphémères se promènent peut-être parmi nous sur les plages. Regardons mieux.
Robert Doisneau, Youki Desnos montrant la sirène tatouée sur sa cuisse par Foujita vers 1950, Atelier Robert Doisneau

Bibliographie

Jérôme Pierrat et Éric Guillon, Les Hommes illustrés. Le tatouage des origines à nos jours, éd. Larivière, 2000.

dimanche 28 juillet 2013

L'épitaphe de Villon ou "La ballade des pendus"




Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre. 
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre. 
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !



Le pauvre François Villon avait mené une assez lamentable vie qui a failli se terminer au gibet de Montfaucon, dit l'histoire. En fait on ne sait pas grand'chose de la seconde partie de sa vie sinon par ce qu'il en écrit ; les mauvais coups succèdent aux séjours en basse fosse ; comme les truands d'aujourd'hui, il semble être resté dans le monde alternatif de la pègre.
Il nous a fallu l'étudier, ne fût-ce que pour avoir une idée du français de la fin du Moyen-Age, mais Brassens l'a chanté aussi. C'est maintenant que j'en apprécie tout le sel. Et vous ?

https://www.youtube.com/watch?v=_69nDyRaiYs

dimanche 14 juillet 2013

dinner for one

C'est dimanche, relâche et facilité.
Un de mes sketches favoris pour les heures de bourdon

http://www.youtube.com/watch?v=b1v4BYV-YvA

samedi 13 juillet 2013

Une chanson

La Vérité

Le premier qui dit, se trouve toujours sacrifié.
D'abord on le tue, puis on s'habitue.
On lui coupe la langue, on le dit fou à lier.
Après sans problème, parle le deuxième.
Le premier qui dit la vérité,
Il doit être exécuté.
Le premier qui dit la vérité,
Il doit être exécuté.

J'affirme que l'on m'a proposé beaucoup d'argent
Pour vendre mes chances dans le Tour de France.
Le Tour est un spectacle et plaît à beaucoup de gens
Mais dans le spectacle, y'a pas de miracles.
Le coureur a dit la vérité,
Il doit être exécuté.
Le coureur a dit la vérité,
Il doit être exécuté.

À Chicago, un journaliste est mort dans la rue.
Il fera silence sur tout ce qu'il pense.
Pauvre Président, tous les témoins ont disparu.
En choeur ils se taisent, ils sont morts, les treize.
Le témoin a dit la vérité,
Il doit être exécuté.
Le témoin a dit la vérité,
Il doit être exécuté.

Le monde doit s'enivrer de discours, pas de vin,
Rester dans la ligne, suivre les consignes.
À Moscou, un poète, à l'union des écrivains
Souffle dans la soupe où mange le groupe.
Le poète a dit la vérité,
Il doit être exécuté.
Le poète a dit la vérité,
Il doit être exécuté.

Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha.
La foule sans tête était à la fête.
Pilate a raison de n'a pas tirer dans le tas.
C'est plus juste en somme d'abattre un seul homme.
Le jeune homme a dit la vérité,
Il doit être exécuté.
Le jeune homme a dit la vérité,
Il doit être exécuté.

Combien d'hommes disparus, qui, un jour, ont dit non.
Dans la mort propice, leurs corps s'évanouissent.
On ne se souvient ni de leurs yeux, ni de leur nom.
Leurs mots qui demeurent chantent juste à l'heure.
L'inconnu a dit la vérité,
Il doit être exécuté.
L'inconnu a dit la vérité,
Il doit être exécuté.

Ce soir avec vous, j'ai enfreint la règle du jeu.
J'ai enfreint la règle des moineaux, des aigles.
Vous avez très peur de moi car vous savez que je
Risque vos murmures, vos tomates mûres.
Ma chanson a dit la vérité,
Vous allez m'exécuter.
Ma chanson a dit la vérité,
Vous allez m'exécuter.

Paroles de Guy Béart

La chanson sur You tube

Connaissez-vous cet endroit ?

La question tient en un lien sur la toile ; il suffit de regarder et de se souvenir. 
Bien du plaisir !

http://static.panoramio.com.storage.googleapis.com/photos/small/88710996.jpg

PS: pas pour Marie-Claude

mercredi 10 juillet 2013

Pour les grands

Le Renard et les Raisins

Certain Renard Gascon, d'autres disent Normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
Des Raisins mûrs apparemment,
Et couverts d'une peau vermeille.
Le galand en eût fait volontiers un repas ;
Mais comme il n'y pouvait atteindre :
"Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. "
Fit-il pas mieux que de se plaindre ?
Jean de la Fontaine



Goujat :
  • autrefois valet d'armée
  • homme grossier, mal élevé, manquant totalement de savoir-vivre.
Synonymes de goujat
butor, gougnafier, grossier, impoli, indélicat, malappris, maraud, maroufle, mufle, pignouf, rustre, salaud, sauvage.

Pour les ressources de la langue française, et dans ce cas précis en particulier, je vous recommande chaudement le site suivant, de loin le plus documenté: http://www.cnrtl.fr/lexicographie/goujat

L'Italie a été unifiée en 1871, à la suite d'une longue suite de combats, traités, alliances, trahisons...
Certains ont considéré cette unification comme incomplète : il manquait Trieste et tout le Trentin.



Le héros de cette lutte d'indépendance est évidemment Giuseppe Garibaldi, né en 1807 et mort en 1882, rendu célèbre par sa marche sur Rome avec ses chemises rouges.


Pour en connaître davantage sur Garibaldi, voyez le site Hérodote :


Enfin le musicien fétiche de l'époque s'appelle aussi Joseph (Giuseppe) Verdi qui par au moins deux de ses oeuvres ("opera") a incité les Italiens à bouter l'étranger hors du pays.
La première, la plus connue, est Nabucco où il chante la lutte des Hébreux contre les Egyptiens.
La seconde est moins connue; elle s'intitule "La bataglia de Legnano" par laquelle il célèbre la victoire des Italiens contre un prince germanique.


mardi 9 juillet 2013

Pizza & tutti quanti

Italie - Italia - Italy - イタリ= 

La réponse pour la pizza était: pizza margherita.
Elle a été créée par Raffaele Esposito, le pizzaiolo le plus célèbre de son époque, patron de la pizzeria di Pietro e Basta Cosi à Naples, dans la foulée de l'intronisation du roi Umberto 1er et de son épouse la reine Margherita de Savoie; la reine avait beaucoup apprécié les pizzas du chef et lui avait demandé de venir lui en préparer. L'ennui c'est que la pizza était un plat du peuple, "et bon pour les goujats". Qu'à cela ne tienne : il vint à l'idée de ce génie du marketing qu'était aussi Esposito de créer une nouvelle pizza aux couleurs de l'Italie qui venait d'être unifiée (longtemps après la Belgique) : vert (le basilic), blanc (la mozzarella) et rouge (tomate),  qui porte le nom de la nouvelle reine. Ce fait historique date de 1889.
Inutile d'ajouter que le fournisseur de la reine n'est pas mort pauvre.



L'ail est en option moyennant supplément (ceci est une réponse à la suggestion de Marie-Claude), pour le peuple seulement car il ne convient pas à de royaux palais.


La dame - bien garnie comme l'écrit Anne-Marie - était donc la reine Marguerite de Savoie (1851 - 1926). Cette dame, passionnée d'alpinisme et de bienfaisance (exercice obligé de toutes les dames couronnées), avait des idées très conservatrices et religieuses, ce qu'ignoraient les petites gens auprès de qui elle était très populaire.
C'est ainsi qu'elle a approuvé sans réserve la répression de la révolte des petites gens de Milan, révolte pourtant causée par la misère.
Vous avez dit bienfaisance et religion, ou était-ce bienpensance ?
La répression a été le grand oeuvre du général Bava-Beccaris qui a envoyé infanterie, artillerie et cavalerie écraser les manifestants : bilan de 118 à 400 morts et de 450 à 2000 blessés (source: la police ou les manifestants, comme d'habitude).
Soyons juste : il faut dire que le fils du maire de Milan a essayé d'arrêter les soldats, ce qui lui a coûté la vie.

Et aussi que:
- le premier ministre a dû donner sa démission;
- le parti socialiste italien a été fondé dans la foulée des massacres;
- le roi Umberto 1er a été assassiné à Monza pour avoir décoré le général Bava-Beccaris pour ses "bons et loyaux services".

Et pour finir, quelques questions.
L'unification de l'Italie, c'était quand ?
Qui en a été l'artisan le plus célèbre ?
Et le musicien le plus renommé ?
"et bon pour les goujats": qu'est-ce qu'un goujat et d'où est tirée la citation ?




Léopold, tu peux demander à la nona ! Elle connaît sûrement les réponses, sauf pour la dernière question.

lundi 8 juillet 2013

Le personnage mystérieux



Q : Quel est le lien entre ces deux photos ? Car il en a un ! Réfléchissez !


Marengo c kwa


C'est d'abord une bien belle histoire que celle du veau marengo qui est sans doute aussi celle du poulet marengo etc...

Marengo c'est une petite ville en Lombardie, au nord de l'Italie, près de Padova (Padoue, pour ceux qui prient Saint-Antoine), pas très loin de Cremona (Crémone, pour les fous de violon), Verona (Vérone, pour ceux qui aiment Shakespeare et ses amants... de Vérone, pas de Shakespeare), un peu loin de Milano (Milan, pour ceux qui aiment celui dont on ne doit pas prononcer le nom...).

Le 14 juin 1800, Bonaparte, remporta avec panache une bataille sur les Autrichiens près d'un petit village du Piémont Italien, Marengo : 9400 tués autrichiens, et beaucoup moins de français, mais quand même ! Et de ça on n'a pas fait un plat. C'est sans doute à la tomate que le plat doit son nom; à l'époque, pas de ketchup ni d'hémoglobine.

Son cuisinier Dunand chargé de sa table n'avait pas de marché pour la cause. Qu'à celà ne tienne : il a regardé ce qui restait dans le frigo et a fait, comme la maman de Marie-Claude, "à la fortune du pot."

Il lui restait, du poulet, quelques oeufs et des écrevisses dont Bonaparte rafolait. Après avoir fait frire le poulet dans l'huile d'olive avec des tomates et de l'ail,il le servit avec les oeufs frits, les écrevisses troussés et des croûtons de pain dorés. Napoléon apprécia et demanda qu'on lui resserve ce plat. 

Dunand pour le côté pratique, remplaça le poulet par du sauté de veau mais garda la sauce à la tomate à qui il donna le nom de sauce Marengo en souvenir de la grande victoire du Premier Consul.

A l'usure, les écrevisses cédèrent leur place aux champignons, les oeufs frits disparurent et il les remplaça par des oignons glacés et un demi verre de 
vin blanc...Napoléon ne fit pas la différence et continua de demander cette fameuse recette sur sa table...

C'est la version cuisinière du couteau de Pierre dont on remplace le manche puis la lame; est-ce encore le couteau de Pierre ?

"se non è vero, è bene trovato", n'est-ce pas, Alain et Léopold, et  aussi Elodie ?
Autrement dit, c'est une légende (légende signifie "ce qu'il faut raconter", ndt) et toutes les légendes soutiennent quelque chose.

Et si cette aventure napoléonienne vous tente, voici comment vous y prendre.
Au moins ce n'est pas aussi sanglant, sauf pour le veau et le poulet

Recette du veau marengo

Ingrédients

·         500 de veau dans le jarret ou l'épaule.
·         1 gros oignon.
·         100 g de champignons de Paris.
·         3 grosses tomates bien mûres.
·         3 cuillères à soupe d'huile
·         15 g de farine.
·         1 verre de bon vin blanc.
·         2 verres de bouillon de viande.
·         1 gousse d'ail.
·         5 brins de persil.
·         Sel, poivre
  • Peler et nettoyer l'oignon, le débiter en lamelles fines,

Et préparation

·         Laver et peler les tomates, les épépiner et les couper en morceaux,
·         Laver et hacher le persil,
·         Couper la viande en gros dés,
·         Dans une cocotte mettre l'huile à feu modéré et y faire revenir la viande pendant 5' jusqu'à ce qu'elle soit bien dorée, puis y ajouter l'oignon, bien remuer pendant encore 3', puis la tomate,
·         Bien remuer la préparation, la saupoudrer de farine, bien continuer à remuer pendant 1' puis mouiller avec le vin blanc et le bouillon,
·         Rajouter la gousse d'ail, pelée mais entière, saler, poivrer, couvrir et laisser cuire tout doucement 1,30 ou 2 heures selon la tendreté de la viande,
·         Un quart d'heure avant la fin de la cuisson, rajouter les champignons,
·         Mettre la viande et les champignons dans le plat de service chaud, recouvrir de la sauce,
Servir entouré de petits croûtons de pain frits et saupoudrer de persil haché.

mercredi 3 juillet 2013

Parchemin (suite provisoire)

Elodie qui a fait un travail plus documenté que moi me fait savoir que le parchemin n'a pas été inventé à Pergame mais diffusé, développé, perfectionné et "exploité" à Pergame. Because on ne prête qu'aux riches, c'est Pergame qui a donné son nom à la méthode 
(C'est pas juste, hein ?)

Le vélin est fabriqué, d'après ses informations, à partir de peaux d'agneaux mort-nés ou même de foetus d'agneaux, même si l'origine du mot vient de "veel" ("veau" en ancien français qui a donné "veeslin", mot attesté pour la première fois en 1245  qui désigne une "peau de veau mort-né, plus fine que le parchemin ordinaire". Je suppose que celle de l'agneau était plus fine encore mais que le terme est resté. Les faits de langue sont comme la vie : la raison nous en échappe souvent.

En voilà un qui y a échappé


Pas pour longtemps, malheureusement pour lui : Marengo est passé par là !


Au fait Marengo c kwa ?

Break pour les grands. C'est mercredi, le jour des petits.

Une question pour Léopold.

Comment écrit-on le nom de ce grand lapin ?
Ce n'est pas difficile : tu peux le lire dans la bulle du dessin.
Trop difficile quand même ? Demande à maman ou à papa.

Et comment s'appelle le petit ami du grand lapin ?

Comment écrit-on son nom ?

Les grands peuvent aider quand même, ce n'est pas défendu ! (pour le moment...)

mardi 2 juillet 2013

Phylactère toi-même !

Non, ce n'est pas une injure du capitaine Haddock,
bien que à la réflexion, je n'en suis pas si sûr que ça.

(c'est du domaine libre puisque c'est sur la toile, non ?)

Un phylactère c'est donc bien davantage que je ne pensais.

Pour moi c'était d'abord une bulle, ronde ou carrée ou biscornue, dans laquelle les auteurs de BD écrivaient les textes.


ça  c'est SANS phylactère ; c'est fou, non ?

En creusant un peu j'ai découvert que phylactère était le nom qu'on donne dans la religion juive à la petite boîte dans laquelle on mettait un texte de la Torah ou de la bible pour l'attacher par des lanières de cuir à son bras et à son front avant la prière du matin (quand on est un mâle, bien sûr! Qu'allez-vous croire là !).
D'où la petite vignette par laquelle se terminait le précédent blog. Ca s'appelle en hébreux "tefillin". Regardez bien la photos du soldat en prière: voyez-vous les deux tefillins.


Un tefillin peut servir à tout : Steve Reich a composé une mélodie appelée Tehillim en 1981.

Et ce n'était pas tout. L'idée serait venue des romains qui mettaient un petit rouleau dans une boîte en fer pour la mettre autour du cou.

Phylactère vient du mot grec phulatto (φυλαττω : ça en jette, hein ?) qui signifie garder, surveiller, conserver.
On en a tiré le mot phylactère qui signifiait talisman, amulette, grigri, un objet "apotropaïque" (ça, ça en jette encore plus, non ?): en français normal ça veut dire "qui sert à détourner le mauvais sort"..

Chez ce bon vieil Hérodote c'était un poste de garde ; chez un de ses confrères, le bon vieux Platon, c'est devenu un synonyme de gardien et ça a fini en amulette (ça c'est chez Plutarque qui ne rajeunit pas non plus).

On a aussi appelé phylactère le récipient (la boîte, j'explique pour les enfants, ndlr) dans laquelle on mettait les reliques des saints (pour les simples mortels, on appelle les reliques des restes ou de la dépouille) : en français courant, c'est une châsse ou un reliquaire.
La belle châsse que voilà ! C'est celle de Saint Hadelin à Visé.


Dans l'art du Moyen-Age on notait le nom ou les propos d'un personnage sous son portrait dans une bandelette, qu'on appelait aussi phylactère.

en voici une 

et une autre


Et chez nous c'est devenu la bulle des BD.



(Ils sont fous ces gaulois ! ndt)

Voici les portraits de deux hommes qui gagnent beaucoup à être présentés sans phylactère.



Et nous donc !