"Harakiri" est une traduction lamentable du mot japonais "切腹" que les natifs prononcent "seppuku".
Un mot (en réalité, comme toujours, beaucoup de mots) d'explication s'impose.
Certaines langues s'écrivent et se parlent, d'autres se parlent tout simplement et il ne vient à l'idée de personne de les transcrire.
Or tout pouvoir tend se perpétuer et même à s'étendre, d'où la nécessité d'en transmettre les ordres dans l'espace et le temps, ce à quoi l'écrit se prête bien.
En outre, le changement étant sans doute une des choses que nous supportons le moins, sauf cas particulier, l'écrit garantit la permanence.
D'où la tentation pour les cultures orales de tirer parti de l'écriture, dès qu'elles l'ont rencontrée.
La difficulté commence lorsque deux cultures voisines font usage de langues différentes car tout y est autre : longueur des mots, éventail des sons, disposition des mots dans la phrase, utilisation de genres, conjugaison...
C'est la difficulté qu'ont eu à résoudre les japonais lorsqu'ils ont décidé d'adopter l'écriture chinoise. Ils ont recouru à une solution simple mais intellectuellement coûteuse : reprendre les caractères et leur prononciation chinoise dans la langue japonaise et mettre au point un système d'écriture phonétique pour les mots rebelles. Ce qui nous ramène au seppuku.
Le mot est constitué de deux caractères:
Caractère
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Chinois
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Japonais
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Traduction
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切
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SETSU
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Kiru
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Couper
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服
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FUKU
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Hara
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Ventre
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Ce qui donne, en composition: SETSU+FUKU = SEPPUKU, ou aussi, pour les occidentaux : hara+kiru = harakiri.
Mais que penser du fait d'imposer le seppuku à quelqu'un, fût-il son pire ennemi?
Pour éclairer votre lanterne (en réalité pour vous manipuler honteusement) je vous suggère le film homonyme (Seppuku en japonais, Harakiri en occidental) de Kobayashi Masaki (小林正樹), tourné en 1962. Musique de Takemitsu Tôru (武満徹). Vous comprendrez le titre.
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