vendredi 28 avril 2017

LC "Sommes-nous bêtes !" Bruno Frappat

Le Génie de la bêtise
de Denis Grozdanovitch
Grasset, 318 p., 20 €
La citation de Pierre Dac, que l’éditeur a choisi de faire figurer sur le bandeau de couverture du livre annonce le ton et les contours de l’ouvrage d’une manière qui devrait décourager toute critique et tout résumé. Il « colle » tellement au sujet qu’on a plaisir à la livrer d’emblée au lecteur : « Le parfait crétin, disait Pierre Dac, est celui qui se croit plus intelligent que tous ceux qui sont aussi bêtes que lui. » Nous sommes tous des idiots ridicules aux yeux de quelqu’un d’autre. Quand c’est à nos propres yeux (« Mais que je suis bête ! »), c’est pour nous défendre en fait de l’être structurellement et ne nous condamne que de manière conjoncturelle. Notre intelligence est sauve du fait de notre lucidité face à une sottise ponctuelle. La reconnaissance de cette sottise renforce le sentiment d’être doté, en vérité, d’une intelligence supérieure…
Consacrer un gros essai à la bêtise, après tant d’auteurs, à commencer par Flaubert (Bouvard et Pécuchet), qui ont tenté d’en relever les manifestations à travers l’histoire y compris contemporaine, c’est un défi d’une grande ampleur. Le côté éventuellement « rigolo » du thème ne suffirait pas à encourager le commun des mortels à s’y atteler. Ce « commun » est précisément au centre du propos de Denis Grozdanovitch. Si l’on en croit ce brillant essayiste, c’est du côté de la bêtise qu’il faut chercher l’intelligence. Du côté des peuples « primitifs », des « idiots du village », des lents, des méditatifs, des flemmards, même, des petits et des sans-grade, des poètes, de ceux qui ne disposent d’aucun pouvoir et de très peu de savoir. L’ignorant n’est pas idiot !
Malheureusement, la bêtise gouverne le monde. Et se cherche partout de nouveaux territoires, dans la culture (chapitre hilarant sur les ficelles et les supercheries de la peinture d’aujourd’hui), les médias tout occupés à la véhiculer, la politique (avec le populisme défini par l’auteur de manière lumineuse comme « le simplisme appliqué aux problèmes complexes »).
Denis Grozdanovitch est intraitable, avec une ironie exquise, pour la classe des « sachants » et des « savants » qui veulent trancher sur toute chose et qui ont la sottise, après nous avoir promis une croissance infinie de nous annoncer pour bientôt la fin de notre mortalité grâce à ce qu’ils considèrent comme les « avancées » de la recherche biologique. C’est d’abord notre capacité de résistance à toutes les balivernes qu’on nous serine de tous côtés qui offre le plus de perspectives à l’intelligence humaine et à son cœur.
Le mérite de ce livre est, comme tout livre utile, de nous donner le sentiment d’être intelligents à sa lecture, dans le sillage d’un auteur qui ne se pose pas en docteur d’une nouvelle religion critique opposée aux autres mais comme un esprit libre, virevoltant autour des phénomènes dans lesquels nous baignons quotidiennement. Que nous le voulions ou non, nous sommes « embarqués » dans un flot de stupidités, de propositions absurdes, de laideurs et de méchancetés obsédantes. Lui se souvient de la mise en garde de Flaubert, qui a valeur universelle : « La bêtise, c’est de conclure. »
Se libérer de ses chaînes passe par ce que Pascal disait de l’intelligence du cœur, qu’on pourrait appeler l’âme. Le seul vrai reproche qu’on pourrait faire à ce livre dense, iconoclaste, bourré de culture, de citations, de témoignages et de récits autobiographiques très tendres, est d’évacuer toute discussion sur la transcendance et son rapport avec l’innocence du « paradis perdu », de l’intelligence comme accomplissement de la simplicité primordiale d’être. Il établit très agréablement le siège de la bêtise au cœur d’une l’humanité souffrante et bêlante, où une américanisation des esprits a conduit les sociétés et les hommes, faisant triompher la loi du plus bête.
Le plus appréciable est l’effort de l’auteur pour dissiper, sans mépris pour les êtres soumis à l’empire de l’idiotie, dans un maximum de domaines les nuages toxiques de la bêtise épaisse. Celle dont l’observation de l’actualité nous apporte chaque jour le témoignage.

mercredi 5 avril 2017

DS Onzichtbare functies : du voile dit "islamique"


du grand Albert (Einstein) et NON d'Albert le Grand

" Il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé."

La question : pourquoi ? Nous ne sommes pas idiots ni irrationnels, même si nous n'avons pas tous la même rationalité. Si donc nous tenons donc à nos préjugés, c'est donc que nous avons de bonnes raisons de le faire, mais lesquelles ?
Mépriser les préjugés des autres, c'est une façon de préserver les siens propres, c'est-à-dire son opinion, le fruit de ses observations et de ses jugements; bref, son intelligence comprise comme faculté de comprendre. Ce sont peut-être aussi ses craintes, ce qui n'est pas méprisable ; il y a aussi de bonnes raisons de craindre, même si après examen les craintes se révèlent ne reposer sur rien de solide. Ce sont enfin l'héritage d'un milieu, d'une famille, d'une culture; et comment ne pas les reprendre, quitte à en faire l'inventaire à tête reposée ?
Car ce sont les autres qui qualifient mon avis de préjugé. Peu de gens disent n'avoir que des préjugés. Pour moi, ce que les autres appellent préjugé est une opinion, un avis, un jugement qui n'est pas sans fondement. Préjugé, est-ce autre chose qu'une insulte destinée à dénigrer qui ne pense pas comme moi ? Est-ce autre chose qu'une attaque ad hominem ?
Au fait, est-ce que Einstein n'avait aucun préjugé ?

mardi 4 avril 2017

DIOCESE - Prima tetrarchia Diocletianus


Diocèse : vient de "diocesis", lui-même provenant du grec διοικησις qui signifie "administration, gouvernement".
C'est est une circonscription territoriale de l'Empire romain conçue sous Dioclétien, à la fin du IIIe siècle (vers 296-297); d'où l'intérêt de la carte.

La tétrarchie rassemble deux Augusti: Dioclétien qui a la prééminence, Maximien et deux Cesari: Constance et Galère; c'est le "quatuor principes mundi". Chacune des quatre circonscriptions administratives est administrée par un prefectus praetorio (ancien responsable de la garde prétorienne) et chacune des provinces étant gérée par un vicarius.

A NOTER : Dioclétien choisissait ses administrateurs dans l'ordre équestre et non plus chez les sénateurs dans le but de réduire l'influence des grandes familles aristocratiques au profit de ses obligés, les chevaliers.
Cf Louis XIV et sa façon de traiter la noblesse pour la dompter. Concordance des temps !

Imre Kertesz - Liquidation 20170404

Imre Kertesz 09/11/1929 - 31/03/2016
Ecrivain juif hongrois, né dans une famille modeste.
Auschwitz à 15 ans (en 1944) puis Buchenwald.
Prix Nobel de littérature en 2002 "« pour une œuvre qui dresse l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'histoire ».




https://fr.wikipedia.org/wiki/Imre_Kert%C3%A9sz

Passages retenus
Liquidation - Actes Sud - Collection Babel

" El delito mayor del hombre es haber nacido " (p.79 : citation de "La vie est un songe" de Calderon)

" Elle ajouta aussitôt que je ne la comprenais sans doute pas, que je ne pouvais pas la comprendre parce qu'en général les hommes ne comprennent pas qu'il est plus facile de haïr que d'aimer, et que la haine est l'amour des perdants." (p.81)

" Si tu as une idée du monde, si tu n'as pas oublié tout ce qui s'est passé, alors sache que c'est l'écriture qui a créé pour toi le simple fait que tu as un monde et qu'elle continue à le faire, elle est la toile d'araignée invisible qui relie nos vies, le logos." (p. 96-97)

" Et ceux qui y étaient en personne ne connaissent pas non plus Auschwitz. Auschwitz est sur une autre planète et nous, êtres humains, habitants de la terre, nous n'avons pas la clef de l'énigme Auschwitz" (p. 109)