mardi 5 novembre 2019

Etre pauvre (Thérèse de Calcutta)

Bulle
Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)
fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
No Greater Love, p. 93

« Dépêche-toi d’aller sur les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres »
Le pauvre n'a pas faim seulement de pain, il a aussi terriblement faim de dignité humaine. Nous avons besoin d'amour et d'exister pour quelqu'un d'autre. C'est là que nous commettons une erreur lorsque nous repoussons les gens sur le bas-côté. Non seulement nous avons refusé aux pauvres un morceau de pain mais, en les considérant comme rien, en les abandonnant à la rue, nous leur refusons cette dignité qui est la leur, de plein droit, en tant qu'enfants de Dieu. Le monde, aujourd'hui, est affamé non seulement de pain, mais d'amour ; il a faim d'être désiré, d'être aimé. Les gens ont faim de sentir la présence du Christ. Dans beaucoup de pays, on dispose de tout en abondance, sauf de cette présence, de cette bienveillance.
En chaque pays il y a des pauvres. Il est des continents où la pauvreté est plus spirituelle que matérielle, une pauvreté faite de solitude, de découragement, d'une absence de sens. Mais j'ai vu aussi, en Europe ou en Amérique, des gens dans le plus grand dénuement dormir sur des cartons, des chiffons, dans les rues. Paris, Londres ou Rome connaissent cette forme de pauvreté. Il est si simple de parler ou de se préoccuper des pauvres qui sont au loin. Il est plus difficile, et peut-être un plus grand défi, de prêter attention et de se soucier du pauvre qui vit à deux pas de chez nous.
Le riz, le pain, que je donne à l'affamé ramassé dans la rue apaiseront sa faim. Mais celui qui vit dans l'exclusion, le manque d'amour et une grande peur, combien il sera difficile de combler cette faim-là. Vous qui habitez en Occident, bien plus que la pauvreté matérielle, vous connaissez la pauvreté spirituelle, et c'est pour cela que vos pauvres sont parmi les plus pauvres. Parmi les riches, il y a souvent des personnes spirituellement très pauvres. Je trouve qu'il est facile de nourrir un affamé ou de fournir un lit à un sans-abri, mais consoler, effacer l'amertume, la colère et l'isolement qui viennent de l'indigence spirituelle, cela demande beaucoup plus de temps.

jeudi 9 mai 2019

tiré de Eric Ambler "The mask of Dimitrios" : situation reconnaissable aujourd'hui

« ‘I have never liked the business. It is impossible to treat human beings as one would treat ordinary inanimate merchandise. There is always trouble. There is always the possibility, too, that in an isolated case the adjective “white” might have a religious instead of a merely racial application. From my experience, I should say that the possibility is remote, but there it is. I may be illogical and sentimental, but I should not care to be associated with anything like that. Besides, the overhead expenses of a trafficker in what is considered a fair way of business are enormous. There are always false birth, marriage and death certificates to be obtained and travelling expenses and bribes to pay, quite apart from the cost of maintaining several identities. You have no idea of the cost of forged documents, Mr Latimer. There used to be three recognized sources of supply: one in Zürich, one in Amsterdam and one in Brussels. All neutrals! Odd, isn’t it? You used to be able to get a false-real Danish passport – that is, a real Danish passport treated chemically to remove the original entries and photograph and then filled in with new ones – for, let me see, about two thousand francs at the present rate of exchange. A real-false – manufactured from start to finish by the agent – would have cost you a little less, say fifteen hundred. Nowadays you would have to pay twice as much. Most of the business is done here in Paris now. It is the refugees, of course. The point is that a trafficker needs plenty of capital. If he is known there are always plenty of people willing to provide it, but they expect fantastic dividends. It is better to have one’s own capital. » (de « The Mask of Dimitrios (Penguin Modern Classics) (English Edition) » par Eric Ambler, Mark Mazower)

mercredi 16 janvier 2019

« Sur le site Article XI, l’auteur d’un article intitulé « le son comme arme » mentionne l’enquête d’un chercheur américain, Jonathan Pieslak, qui, dans son ouvrage Sound Targets : American Soldiers and Music in the Irak War, rapporte les propos de GI qu’il interrogeait sur le rôle de la musique à la guerre, en particulier sur l’utilisation des baladeurs MP3. »
cité par Scott Wilson et Marie Parent

(de « Petit éloge des amoureux du silence (Folio t. 5291) » par Jean-Michel Delacomptée)

Genèse et échec du projet moderne - Rémi Brague

 « En revanche, le divin s’y présente sous un visage qui, pris au sérieux, devrait ôter tout objet à la revendication athée : celui qui possède la nature divine ayant lui-même pris la figure du Serviteur (Philippiens, 2, 7), la représentation d’une rivalité possible entre l’homme et Dieu perd tout sens. »
(de « Le Règne de l'homme. Genèse et échec du projet moderne (L'esprit de la cité) » par Rémi Brague)

jeudi 10 janvier 2019

Musac selon Jacques Réda

" On vous y berce
D’un fond sonore à la fadeur d’orgeat,
Euphorisant et même anesthésique,
Et j’aurais craint qu’il ne me submergeât 
Si c’eût été vraiment de la musique
Et non ce flot de Mozart à goujat
Qui rend un peu métaphysique
La fièvre du grossier consommateur." 

JACQUES RÉDA, Lettre sur l’Univers et autres discours en vers français, « Sur les supermarchés »